Les billets précédents ont
mis en question le plan d’investissements de la Mairie de Paris. ils ont notamment
indiqué le risque majeur de déséquilibre budgétaire qu’il entraîne, dans la
mesure où les dépenses proposées sont essentiellement planifiées sur la base
de rentrées fiscales futures et surtout d’un grand emprunt de plusieurs
milliards d’euros. Plus récemment, la Maire de Paris est revenue dans l’actualité avec son envie
d’engager la candidature de la ville de Paris pour les Jeux Olympiques de
2024. Alors que cet engagement sera soumis au vote du Conseil de la ville de
Paris durant la semaine du 13 avril, on peut raisonnablement estimer que la
majorité socialiste ne fera pas défaut.
Parmi
les nombreuses déclarations diffusées dans la presse, le souci majeur de la
Maire de Paris, Anne Hidalgo, semble être l’effet psychologique
qu’entraînerait un troisième échec de la candidature de la ville pour
l’organisation des JO. Pourtant, plus que cet effet psychologique, le plus
important semble être la conséquence financière d’un succès. Il n’est
pas du tout certain que les portefeuilles des contribuables parisiens
pourront supporter les dépenses qui seront exigées pendant les dix prochaines
années, en cas de succès de cette candidature.
Les projections financières
avancées par la Maire de Paris semblent particulièrement naïves : le rapport qui résume l’étude
d’opportunité présentée par le Comité français du sport international évalue
des dépenses s’élevant à 60 millions d’euros, alors que les dépenses moyennes
des candidatures passées (surtout celles qui ont gagné l’attribution)
tournent plutôt aux alentours des 100
millions d’euros. N’y aurait-il pas des
dépenses plus utiles pour une telle somme d’argent qu’une candidature aux
JO ? Concernant l’organisation des jeux eux-mêmes, selon le même
rapport, il faudrait s’attendre à dépenser environ 6 milliards d’euros. Sans
être un expert en organisation d’évènements sportifs internationaux, il
suffit pourtant d’une simple lecture des informations publiques disponibles
sur internet concernant les éditions passées pour comprendre que ce budget
est largement sous-estimé : Athènes (2008) 11 milliards, Pékin (2008) 32
milliards, Londres (2012) 12 milliards.
Tous
ces efforts paraîtront d’autant plus démesurés et inutiles qu’il s’agira de construire
à Paris une importante infrastructure sportive car, contrairement à ce que
l’on pourrait penser à première vue, le Stade de France et Bercy ne suffiront
pas pour accueillir toutes les compétitions. Il faudrait construire un
Village olympique pour accueillir les participants, avec des terrains
d’entraînement et toute une myriade d’autres terrains pour des sports aussi
variés (et pour certains peu pratiqués en Ile de France) que le beach-volley,
la natation, le kayak ou encore le softball. La démesure est d’autant plus
importante que le foncier à bâtir à Paris est de plus en plus rare et cher et
surtout que l’affluence actuelle des participants et des spectateurs
parisiens dans la plupart des sports olympiques ne justifierait pas la
construction d’autant d’infrastructures sportives.
Alors
que les parisiens ont du mal à se loger convenablement et à trouver des
installations sportives adaptées aux besoins des amateurs, est-il raisonnable
d’investir autant dans de coûteuses infrastructures professionnelles, qui
resteront sans doute sous-utilisées ?
Pour mieux cerner les
dangers qui accompagnent l’idée d’organiser des JO dans une période de grande
difficulté économique, l’on devrait se pencher sur les suites des JO
organisés en 2004 à Athènes, une ville dont les dirigeants avaient également
insisté à plusieurs reprises pour les accueillir coûte que coûte. La folie
des grandeurs des organisateurs a laissé derrière elle des dettes colossales et une infrastructure en ruine, qui ne
serait plus utilisable pour rien si ce n’est un éventuel remake du film
Stalker de Tarkovsky.
|