Vous n’en avez peut-être pas encore entendu parler, mais 59
mineurs sud-africains entrent aujourd’hui dans l’Histoire.
Les mineurs et leurs familles intentent en ce moment même un
procès contre les patrons de mines de 32 sociétés minières, dont Anglo
American et Gold Fields. La raison ? Les conditions de travail des
mineurs ont détruit leur santé.
La silicose est une maladie pulmonaire mortelle qui est causée
par l’inhalation de poussière de silice, trouvée dans les mines d’or. Cette
maladie s’aggrave au fil du temps. Les symptômes incluent des difficultés
persistantes à respirer, une faiblesse physique et une fatigue constantes.
Beaucoup de malades ne sont pas capables de se déplacer sur plus d’une courte
distance, ou même de sortir du lit. Des dizaines de milliers d’anciens
mineurs ont contracté la maladie, et beaucoup d’entre eux ont déjà trouvé la
mort. En plus de cela, les conditions de travail précaires des mineurs et la
prévalence du VIH en Afrique du Sud ont donné lieu à la pire épidémie de
tuberculose de l’Histoire humaine.
Pour les familles de ces mineurs et leurs communautés, l’impact
émotionnel, physique et économique du soutien qu’ils ont dû apporter à leurs
êtres chers a été très lourd. D’anciens mineurs sont décédés sans jamais
avoir reçu de compensation. Leurs veuves sont aujourd’hui destituées. La
condition d’autres mineurs est si sévère qu’ils pourraient ne pas survivre
jusqu’au verdict.
Le dossier a été entendu entre les 12 et 23 octobre par la cour
de justice de South Gauteng, à Johannesburg. La date du jugement n’a pas
encore été confirmée. Si l’affaire s’avérait fructueuse pour les mineurs,
elle pourrait bénéficier à près de 200.000 personnes.
Myekelwa Mkenyane, âgé de 59 ans, est l’un des mineurs à avoir
témoigné. Il a travaillé dans quatre mines entre 1975 et 2009.
« Une fois par semaine, mes employeurs me donnaient un
petit masque respiratoire, que je trouvais difficile à porter parce qu’il
réduisait le flux d’air dans mes poumons. Seuls les mineurs qui travaillaient
dans les zones les plus poussiéreuses de la mine avaient accès à des masques,
et ces derniers ne leur étaient fournis que lorsque les conditions étaient
particulièrement mauvaises. »
Pour Myekelwa, le diagnostic est tombé en 2003. Malgré cela, il
a continué de travailler jusqu’en 2009, date à laquelle il a souffert d’un
AVC.
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