Pour boucler l’année et avant de nous présenter des vœux somme toute assez pathétiques, le président Hollande a décidé de continuer sur sa lancée vers le ridicule ultime, seul but qu’il semble s’être fixé dans un quinquennat au cap essentiellement basé sur « le changement, trop souvent » : le voilà qui a gracié Jacqueline Sauvage.
Et au vu des réactions qu’on peut lire dans une presse gentiment extatique devant une si belle action, le président a réussi son coup : faire parler de lui en bien alors que, parallèlement, sa cote de popularité remonte doucement et que les primaires socialistes sont de plus en plus mal enquillées.
Gracier Sauvage, c’est un petit pas guilleret en direction des cœurs de l’armée de pleureuses médiatiques qui avaient décidé que non, décidément, Sauvage ne devait pas faire de prison et puis c’est tout. C’est s’assurer d’une bonne presse et d’opinions politiques dégoulinantes de la droite comme de la gauche. C’est verrouiller une image positive d’humaniste magnanime.
Quant à la mauvaise humeur du corps des magistrats, bafoués par la décision présidentielle, Hollande s’en fout d’autant plus que, par le truchement du livre d’entretiens « Un président ne devrait pas dire ça », il avait déjà passablement fusillé sa relation avec lui, et que, n’étant plus dans la course présidentielle, il n’a plus rien à perdre.
Malheureusement, tout ceci sent le calcul et la petite bricole à laquelle Hollande nous a péniblement habitué depuis plus de quatre ans à présent. En effet, le cas de Sauvage est particulièrement proche du cas de la maintenant célèbre « Léonarda ».
À l’époque condamnée à l’expulsion du territoire après que l’ensemble des institutions avaient suivi scrupuleusement l’ensemble des procédures imposées, Léonarda s’était retrouvée emberlificotée dans la tentative de rattrapage médiatique de François Hollande : faisant preuve de sa clairvoyance habituelle, le président de la République avait tenté de trouver une solution pour un non-problème, pur épiphénomène médiatique monté en épingle par une poignée d’associations lucratives sans but, en proposant à l’expulsée de revenir en France… sans ses parents. Cette solution, extraordinairement crétine, avait permis de démontrer avec brio tout le talent du locataire de l’Élysée pour s’enfoncer dans une mélasse improbable que lui seul avait déversé à ses propres pieds.
Avec Jacqueline Sauvage, on retrouve la même tendance au « n’importe quoi, n’importe comment » si typiquement hollandesque, et qui aura marqué le quinquennat plus sûrement que les actions étrangères au Mali ou ses déclarations pourtant consternantissime sur le chômage ou tout le reste.
Ainsi, pourquoi diable la gracier avant le nouvel an, mais pas avant Noël, fête familiale s’il en est ? Le fardeau de la condamnée est-il subitement devenu plus lourd après le 25 décembre ? Encore une fois, le timing diabolique avec lequel le président arrête sa décision montre une totale impréparation, irréflexion qui disqualifierait n’importe qui à ce poste et ce niveau de responsabilités.
Ainsi, pourquoi choisir de la gracier maintenant alors qu’elle a déjà été graciée partiellement ? Là encore et comme d’habitude, la présidence du changement incessant fait un petit pas indécis dans une direction, puis une autre, dans une petite danse ridicule qui justifierait amplement à elle seule une tempête de facepalms ou de solides paires de claques dans la tête de l’impétrant.
En effet, soit le président inconséquent croit au fait qu’elle ne sera plus un danger pour la société, et il la gracie complètement, soit il estime qu’elle doit faire encore de la prison, purger tout ou partie de sa peine ce qui veut donc dire qu’il respecte la décision de justice ; la grâce partielle apparaît alors dans ce cadre comme un bricolage boiteux destiné surtout à faire taire les couinements des politiciens trop contents de nourrir les médias de leurs opinions éclairées essentiellement destinées à les faire passer pour de Grands Humanistes auprès du peuple qu’on prétend représenter par l’une ou l’autre association, l’une ou l’autre pétition et l’avalanche de reportages ultra-favorables à la condamnée.
En revanche, on semble totalement oublier l’autre peuple, celui par qui et pour qui la justice fut rendue, et qui avait par deux fois décidé qu’elle était bien coupable, et qu’elle devait bien faire de la prison. Quinze jurés populaires et six juges ont retenu, dans le procès d’assises et son appel, que Sauvage était bien coupable de meurtre, et méritait bien la prison pour son acte.
Ce peuple, qui a rendu la justice en indépendance, hors des tempêtes médiatiques, disposait de toutes les pièces du dossier, qui détaillait le nombre de coups de fusil (trois, ce qui, pour un fusil à deux coups, suppose un rechargement et donc une lucidité qui cadre mal avec la légitime défense) le fait que c’était dans le dos de la victime (là encore, la légitime défense semble fragile), que les cartouches avaient été empochées quelques heures avant et tant d’autres faits – et mensonges – de la part de la femme – qui n’ont semble-t-il jamais impressionné suffisamment les médias pour qu’ils soient correctement rappelés et qui auraient amplement mérités la prudence tant dans la façon dont Sauvage a été choisie comme égérie des femmes battues que pour toute décision présidentielle à son sujet.
Eh oui : certains et certaines m’objecteront, avec leurs petits poings fermés et les sourcils tous froncés de rage contenue contre celui qui ose douter, que le crime de Sauvage s’efface obligatoirement devant sa situation de femme battue. Toute considération de culpabilité s’en trouve immédiatement évaporée parce que c’est une femme, et qu’elle était sous l’emprise d’un mari violent. Peu importe que la situation familiale réelle était probablement beaucoup moins asymétrique que ce que la défense de Sauvage (en cour et dans les médias) a essayé de brosser à gros traits caricaturaux (et au prix de quelques mensonges). Peu importe qu’au final, cela ne changeait rien à la situation, à savoir que plaider la légitime défense dans ce cas ne pouvait pas tenir. Au contraire du tribunal populaire et républicain de l’institution officielle, le tribunal associatif puis médiatique a tranché : la pauvre femme était sinon innocente, du moins totalement excusable.
Faisons alors fi des jurés, des juges, du système judiciaire en place. Il l’a bien cherché, il est si pourri. Oh, bien sûr, il y a à redire sur la Justice. En France, c’est plus souvent un pis aller qu’une institution respectable, elle qui peut sans problème condamner lourdement des entrepreneurs, des pères ou des mères de familles dans des situations inextricables, et qui relâche sans sourciller des multirécidivistes pour des vices de procédures ou par pure idéologie gauchistes. Bien sûr.
Mais justement : pourquoi diable faire intervenir dans cette institution déjà passablement décrédibilisée un président de la République qui, constitutionnellement, devrait s’en tenir éloigné, et qui, politiquement, est à lui seul le symbole de l’échec et du n’importe quoi chimiquement pur ? Comment imaginer que, si la Justice française est dans un état à ce point catastrophique, une énième intervention foutraque du pédalomane va pouvoir lui donner du tonus ou redorer son blason ?
Pire encore : lui-candidat s’était engagé, pour lui-président, à ne surtout pas intervenir dans le pouvoir judiciaire. Voilà une nouvelle promesse de campagne soigneusement jetée à la décharge déjà bien remplie de ses échecs patents.
Il est temps que ce quinquennat toxique prenne fin. Si Sarkozy avait amplement prouvé que la droite au pouvoir ne vaut à peu près rien d’autant plus qu’elle est totalement la proie de médias qui lui sont viscéralement hostiles, Hollande a confirmé la trajectoire délétère que le pays a pris depuis 40 ans et a achevé de miner toutes les institutions qu’il a touchées de ses petits doigts boudinés : la fonction présidentielle est devenue une blague, un monument de mauvais goût et d’approximations catastrophiques ; l’école n’est plus que le lieu d’expression d’un dogmatisme puant ; l’intervention présidentielle sur l’institution du mariage a durablement fracturé la société française ; l’ensemble des corps de santé est maintenant parcouru de spasmes inquiétants ; la police fait plus que gronder et maintenant, la justice ressemble à un champ de mines.
Dans ce tableau, la grâce de Jacqueline Sauvage apparaît comme une nouvelle ponctuation d’un bilan catastrophique. Espérons que ce soit le point final.
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