Une étude de l’OCDE montre que l’endettement moyen des Français dépasse leur revenu disponible net. Néanmoins, leur patrimoine reste parmi les plus élevés de la Zone Euro.
On le sait, les chiffres n’ont de sens que pour ceux qui peuvent les faire parler. Et, malheureusement, on peut tout aussi bien leur faire dire une chose que son contraire. Néanmoins, lorsqu’on se place à la source des données brutes, on peut en tirer des enseignements intéressants.
Un endettement moyen excessif
Ainsi, l’OCDE a récemment publié les chiffres de l’endettement moyen des ménages Européens. Sans grande surprise, on découvre que les ménages Français sont en moyenne endettés à hauteur de 106% de leur revenu disponible net, soit un peu plus de 36 000 euros par an.
Certes, on peut se rassurer en se disant que les Danois sont endettés à hauteur de 308% de leurs revenus, tandis que les Néerlandais obtiennent la première place de la Zone Euro avec plus de 280%. Néanmoins, le chiffre de la France reste préoccupant car, selon la définition de l’OCDE, « la dette des ménages désigne tous les engagements nécessitant un ou plusieurs paiements d’intérêts ou de principal par un ménage à son créancier à une ou plusieurs dates dans le futur », c’est à dire principalement les emprunts, et en particulier les crédits hypothécaires au logement. Ainsi, l’exposition des Français au crédit semble particulièrement risquée puisqu’elle dépasse le niveau des revenus susceptibles d’en assurer le remboursement régulier. Et bien évidemment, en dépit de la méfiance de plus en ouvertement affichée à l’encontre des banques, celles-ci restent pourtant les principales responsables de la dette des ménages. On comprend d’ailleurs combien il est difficile de traduire dans les faits la pseudo liberté de mobilité bancaire, car le destin des Français (à titre individuel, tout au moins) reste bel et bien entre les mains des banquiers.
Un patrimoine confortable
Parallèlement à la publication des chiffres de l’endettement des ménages, l’OCDE révèle également le niveau de « richesse nette » des ménages de la Zone Euro, c’est à dire la valeur totale de leurs actifs financiers et non financiers (ici, uniquement la valeur des logements qui représente 75% du total) diminuée de la valeur totale des engagements en cours (l’endettement vu plus haut). À ce jeu, la France se place plutôt bien et on est même surpris de voir l’Allemagne nettement derrière nous.
Pour bien savoir de quoi on parle, 514% du revenu disponible représente en France un peu plus de 185 000 euros par ménage. Or, il est évident que tout le monde ne dispose pas d’un tel patrimoine. Mais de la même façon, tout le monde n’est pas endetté à hauteur de 3000 euros par mois. Nous sommes dans le domaine de la grosse, très grosse moyenne ! La réalité mérite donc d’être un peu plus nuancée.
Une réalité plus nuancée
Il y a en France environ 28 millions de ménages pour 67 millions d’individus. Selon l’Insee, le nombre de personnes propriétaires de leur logement est d’à peu près 50%. Ainsi, il devient plus compliqué d’établir une répartition homogène du niveau d’endettement, sachant que pour la moitié des ménages Français, il n’y a quasiment pas de crédit hypothécaire pour l’habitat et que c’est donc l’autre moitié qui supporte l’intégralité du poids des prêts immobiliers
Dans le même temps, toujours d’après les chiffres de l’Insee, le revenu moyen par ménage se situe aux alentours de 36 000 euros par an. Or, 14,5% des Français sont en-dessous du seuil de pauvreté (moins de 12 000 euros par an), tandis que le niveau de revenu moyen auquel se situent les propriétaires de leur logement tourne plutôt autour de 50 000 euros par an.
Ainsi, si on s’appuie sur les chiffres de l’OCDE, et qu’on considère que l’endettement global des ménages est de 1100 milliards d’euros pour un patrimoine global non corrigé de 6300 milliards d’euros (d’autres méthodes de calcul parlent plutôt de 10 000 milliards), seuls 14 millions de ménages vont être concernés à la fois par cette dette et cette « richesse » liées à l’immobilier. Ils n’en seront pour autant pas moins liés par les autres engagements classiques (crédits auto, prêts conso, etc.) ou détenteurs d’autres avoirs (comptes courants, livrets, valeurs mobilières, etc.). Par conséquent, il serait plus juste de considérer que les Français sont endettés en fonction de leurs revenus, mais que lorsqu’ils le sont, c’est à environ 150% de leur revenu disponible net… pour un patrimoine moyen évalué entre 9 et 10 fois ce même revenu.