Bien que l’objet de ce site ne soit pas de parler de politique mais d’économie, parfois les deux sont évidemment intimement liés ! Surtout lorsque l’on parle des conséquences potentielles de l’élection présidentielle actuelle.
Pour tout vous dire, j’ai beaucoup de mal à croire aux sondages actuels, y compris d’ailleurs à celui de Filtéris, que je vous reproduis ici, tant je trouve les 4 principaux candidats forts proches, trop proches même, tout cela étant parfaitement dans la marge d’erreur et donc totalement imprévisible.
Je ne vois que deux dynamiques réelles. Celle favorable à Mélenchon, et une autre favorable à Marine Le Pen.
Les Français étant très fâchés, nous pourrions vraiment assister à un résultat hallucinant pour le second tour.
Charles Gave ne dit rien d’autre finalement de très différent, et semble bien sentir la même chose que moi arriver dimanche prochain !!
Mais l’idée de dire que Fillon et Mélenchon puissent être les deux finalistes est en tous les cas très logique dans la démonstration de Charles GAVE.
Billet de Charles Gave
Je vais partir d’un certain nombre de présupposés qui seront – ou non – confirmés dimanche prochain.
Les voici.
- Le premier est que Marine Le Pen sera au deuxième tour.
- Le deuxième est que la classe politique et journalistique attend cela avec impatience pour nous refaire le coup de la nécessité pour les forces de progrès (?) de s’unir pour empêcher qu’elle ne soit élue au deuxième tour, l’idée bien sûr ayant toujours été que celui qui sera opposé à elle sera automatiquement élu.
- Pour les hommes de Davos et les Oints du Seigneur qui nous gouvernent avec le succès que chacun peut constater depuis des années, la question posée était donc : comment manœuvrer pour être certain que leur candidat sera au deuxième tour ?
- Tout le monde connaît la réponse à cette question qui est vieille comme les élections. Il suffit de susciter des « petites » candidatures chassant sur les mêmes terres que messieurs Fillon et Hamon (soutenus l’un et l’autre du bout des lèvres par les forces politiques représentant les hommes de Davos) qui garantiront que leur « Oint du Seigneur », soigneusement choisi par les représentants de l’État profond français (messieurs Attali et Jouyet) sera présent au second tour puisque les forces de leurs adversaires auront été dispersées.
Et bien entendu, ces « utiles petits candidats », dont nul ne met en doute l’honorabilité, trouvant sans trop de difficultés les 500 signatures qui pour d’autres seraient moins utiles, sont impossibles à rassembler.
Où l’on retrouve le vieux principe de « diviser pour régner » cher à tout énarque de qualité …
Et c’est là que les choses pourraient se compliquer sérieusement pour nos Machiavels de sous-préfecture qui pensent que l’électorat français se manipule comme un congrès du parti socialiste.
En fait, je ne suis pas du tout certain du coté inéluctable de cet enchaînement qui fait fi de l’intelligence de l’électeur de base.
Prenons un électeur de monsieur Fillon.
Que va-t-il se dire ?
Dans un scrutin « normal » j’aurais pu me laisser tenter par un vote au premier tour pour monsieur Dupont-Aignan, le gendre parfait, ou pour monsieur Asselineau, la réincarnation du Général. Si je me laisse aller à cette faiblesse, il est à peu près certain qu’au deuxième tour, je vais me retrouver avec Macron contre Le Pen, ce qui me paraît avoir à choisir entre la peste et le choléra.
Et donc, je vais voter comme un seul homme pour Fillon.
Prenons un électeur de « gauche ».
Que va-t-il se dire ?
Dans un scrutin normal, j’aurais pu me laisser tenter au premier tour et donner ma voix à un Hamon ou à un Poutou. Mais à l’évidence, ils ne seront pas au deuxième tour, et je risque de me retrouver sans aucun candidat pour qui voter au deuxième tour, un peu comme quand nous avions eu Pompidou contre Poher.
Et donc je vais voter comme un seul homme pour monsieur Mélenchon.
Le « diviser pour régner » risque en fait de renforcer les gros candidats tant à gauche qu’a droite, plutôt que de les affaiblir.
Ce qui revient à dire que la présence de monsieur Macron au deuxième tour est loin d’être assurée.
Venons-en aux électeurs de monsieur Macron qui, me dit-on, seraient à la recherche d’un « souffle nouveau » et donc serait soutenu par la jeunesse.
- En fait de souffle nouveau, il n’y a pas un seul vieux cheval de retour de la politique ou de la gens jacassière (ceux qui ont fait leur métier de commenter la vie politique, comme l’appelait Raymond Barre) qui ne manifeste un merveilleux enthousiasme pour le candidat de la disparition de la France. On retrouve bien sûr l’éternel trio de comiques troupiers, BHL, Minc, Attali qui se sont toujours trompés sur tout et sur lesquels il n’est point besoin d’épiloguer. Le fait que ces trois-là soutiennent monsieur Macron rend son élection hautement improbable tout simplement parce qu’ils n’ont jamais rien compris à rien.
- Quant à la jeunesse, je n’accorde aucun crédit particulier à la jeunesse, en partant du principe cher à Jacques Brel qu’un jeune con a tendance à devenir un vieux con et que d’ailleurs, le candidat le plus soutenu par la « jeunesse » est MLP, ce qui semble avoir échappé à la gens jacassière citée plus haut.
- On le voit être soutenu par un ancien ministre de l’Éducation nationale, monsieur Bayrou, qui, quand il a été en fonction, s’est toujours couché avec la plus grande célérité devant les syndicats qui ont détruit l’Éducation nationale. Nous devons aussi à ce fin politique l’élection de monsieur Hollande et donc cinq ans de dégringolade ininterrompue.
Voir monsieur Bayrou embrasser monsieur Macron laisse une impression détestable, sans que je sache très bien pourquoi. Je songe à la formule de Napoléon voyant Fouché donnant le bras à Talleyrand et disant « Tiens, voici le vice appuyé sur le crime » que l’on pourrait paraphraser comme : « Tiens, voici le vide appuyé sur la veulerie. »
- Et enfin notre Macroniste doit savoir aujourd’hui que son candidat est soutenu par la quasi-totalité des groupes de presse appartenant pour certains d’entre eux à des hommes pour qui monsieur Macron a eu des bontés quand il était ministre. Ce qui peut laisser chez les âmes sensibles comme un léger sentiment de dégoût.
Bref, j’ai beaucoup de mal à penser que les Macronistes vont se lever en masse dimanche prochain en chantant « youkahidi, youkahida » avant d’aller voter pour celui qui apparaît de plus en plus et comme un faux nez du parti socialiste et comme le digne successeur de monsieur Hollande, lequel après tout plafonnait il y a quelques mois à 10 % d’opinions favorables. Je ne vois donc pas très bien pourquoi ce représentant du vide sidéral de la pensée et de l’absence de courage devrait atteindre 20 %.
Qu’un Français sur cinq se laisse embobiner par une manœuvre aussi grossière me paraît déjà beaucoup. Plus, cela confirmerait les craintes que certains peuvent avoir sur le niveau intellectuel des Français en chute libre depuis 1981, mais il y a des limites.
Je ne suis payé ni par les instituts de sondage ni par les journaux, ni par leurs propriétaires (qui sont souvent les mêmes), ce qui enlève bien entendu toute légitimité à mes propos. Cependant, je confirme et je signe : je ne suis pas du tout certain que monsieur Macron sera au deuxième tour. Imaginons cependant que je me trompe… (Ce qui ne m’est jamais arrivé bien entendu mais il faut un début à tout.)
La question que chacun devra se poser alors est : mais où sont donc les troupes de réserve de monsieur Macron ?
Chez les électeurs de Fillon ?
Vous plaisantez sans doute.
Ils ne vont pas voter pour celui qui a été certainement complice de la tentative de déstabilisation de leur candidat, qui était dans le palais de l’Élysée ou au gouvernement quand on leur a imposé le mariage pour tous après qu’on ait augmenté leurs impôts de façon monstrueuse. Qui plus est ce candidat a l’intention de taxer l’immobilier, seul actif qui leur a permis de ne pas encore sombrer.
Plutôt crever.
Chez les électeurs de Mélenchon ?
Vous les voyez voter pour un ancien de la banque Rothschild qui a fait disparaître une partie importante de son patrimoine sans que l’on sache très bien pourquoi ni comment ?
Vous les voyez voter pour le candidat de la mondialisation heureuse, pour celui qui veut que la France devienne une société multiculturelle et qui traite les femmes qui travaillent en usine d’abruties illettrées ?
Et donc, dans ce cas de figure, je m’attendrais à une abstention prodigieuse et à l’élection de Madame Le Pen.
Passons au second cas de figure, Le Pen/Mélenchon.
Même question : où sont les troupes de réserve de monsieur Mélenchon ?
En dehors de monsieur Bayrou, et des trois pelés et deux tondus qui auront voté Hamon, je ne vois pas de troupes fraîches apparaître.
Et donc, dans ce cas de figure, madame Le Pen est élue haut la main.
Venons-en à monsieur Fillon et posons la question fatidique : où sont ses troupes de réserve ?
Très facile de répondre à cette question : tous les gens qui auront voté pour monsieur Macron, étant à la fois pusillanimes, sans conviction et crédules, se précipiteront pour voter pour monsieur Fillon, qui sera élu triomphalement et pourra de plus dégager une majorité de gouvernement considérable au Parlement.
J’en arrive à la conclusion de ce papier.
Les gros malins qui ont essayé de dézinguer monsieur Fillon pour faire élire leur Golem ont, de par leurs actions, rendu infiniment plus probable l’élection de madame Le Pen. Je pense au proverbe Grec : « Ceux que les Dieux veulent perdre, ils les rendent fous. »
Quand on voit monsieur Hollande se promener en déclamant que sa dernière mission est d’empêcher madame Le Pen d’être élue, on ne peut s’empêcher de sourire en repensant que ses missions antérieures étaient de relancer la croissance, de retrouver l’équilibre budgétaire et de faire baisser le chômage. À l’aune de ses résultats passés, l’élection de MLP apparaît une certitude.
Quoi qu’il en soit, la parole est maintenant au souverain – enfin -, c’est-à-dire au peuple.
À lundi prochain et bon vote !