–La
production d’argent a enregistré un déclin très important au Pérou
–La production d’argent du
deuxième plus gros producteur mondial a décliné de 12% sur un an
–Ce déclin est dû à
l’épuisement des réserves au Pérou
–Selon le GFMS, le pic de
l’argent aurait été atteint en 2015
–Le marché global de
l’argent a enregistré un important déficit net en 2016
–L’argent a gagné 13,5% au
premier trimestre de 2017
–La production de métaux de
base est responsable de 56% de la production d’argent globale
–La demande en métaux de
base est menacée par l’économie globale
–Les pièces et barres d’or
et d’argent représentent des assurances financières
Ceux qui investissent sur et
accumulent de l’argent devraient se préparer à un déclin de la production
d’argent tout autour du globe. Le Pérou vient d’enregistré une baisse de 12% sur
un an de sa production d’argent – le pic
de l'argent est arrivé.
SRSrocco Report a abordé hier le
déclin de la production d’argent au Pérou, un déclin qui devrait se propager
tout autour du globe à mesure qu’approchera la crise internationale de la
dette.
Le deuxième plus gros producteur
d’argent du monde, le Pérou, a rapporté un déclin de 12% sur un an de sa
production d’argent au mois de février, qui est tombée jusqu’à 323,1 tonnes.
Comme l’explique SRSrocco
Report, « la production du Pérou a perdu 12% pour atteindre 323,1 tonnes
au mois de février, contre 367,4 tonnes en février de l’année
dernière ».
Selon l’auteur, cela représente
un déclin d’1,5 million d’onces (44 tonnes) en seulement un mois. Le
Ministère péruvien de l’énergie et des exploitations minières explique la
situation ainsi :
Ce déclin s’explique par les
résultats médiocres (-23,53%) du plus gros producteur péruvien, Minera
Yanacocha S.R.L., dont les opérations à Cajamarca ont été affectées par un
épuisement des gisements actuellement exploités.
GoldCore et SRSrocco ont tous
deux porté le problème du pic de l’argent à l’attention du monde, bien que les
inquiétudes au regard du pic de l’argent n’aient pas encore eu d’impact
conséquent sur le marché de l’argent.
En 2016, la hausse de la demande
en argent a été (selon le GFMS) majoritairement liée à la hausse de la
demande en valeurs refuges, mais aussi aux « inquiétudes quant à une
possible réduction de la production minière dans un avenir proche ».
Les récents chiffres publiés par
le Pérou confirment le déclin de l’offre globale en argent. La situation que
traverse le Pérou n’a rien d’unique, et se reproduira certainement dans de
nombreux autres pays producteurs d’argent.
Je n’aborde par ici le sujet de
la production d’argent en raison du prix du métal, mais de son rôle dans
l’économie globale – de l’impact de la production de métaux de base, du
déclin des réserves de combustibles fossiles et de l’endettement de
l’économie sur le secteur.
L’argent est un métal particulier
– il est un instrument de couverture, une monnaie et une marchandise de
grande valeur. La manière dont il est produit est liée à la fois à la
performance de l’économie et à celle des autres marchandises.
56% de l’argent produit
dans le monde est le sous-produit d’autres activités minières
30% de l’argent produit dans le
monde est issu de sources primaires. L’argent produit de par le monde est
majoritairement un sous-produit de l’exploitation de métaux de base. 34% de
la production d’argent (chiffre de 2015) est issue de la production de plomb
et de zinc, et 22% de la production de cuivre.
Selon le World Silver Survey de
2016, la plus importante hausse jamais enregistrée de la production d’argent,
avec 7% sur l’année 2015-16, est survenue en conséquence d’une hausse de la
production de cuivre.
La production d’argent n’est pas
simplement question des mines qui le produisent et de la demande en métal
blanc à un instant T. Elle est également affectée par les marchés globaux et
par la demande en métaux de base. Les prix des métaux de base ont
significativement diminué ces dernières années en raison de la crise
financière, et ont récemment enregistré un déclin alors même que les prix des
métaux précieux remontaient face aux inquiétudes quant à la croissance
économique.
Si la demande en cuivre
déclinait, ce qui se produirait certainement si la bulle sur la dette venait
à exploser, la production d’argent plongerait également.
Un ralentissement économique signifie
un déclin de la demande industrielle en métaux de base, ce qui veut dire que
56% de l’offre d’argent se trouve menacée.
La demande énergétique
de l’argent
Mais l’industrie minière n’est
pas seulement une question de demande en métaux de base et en leurs
sous-produits. D’importantes quantités de combustibles sont nécessaires à la
production de métaux précieux.
Comme
RSRrocco l’explique dans son article du mois de novembre, de très importantes
quantités d’énergie sont nécessaires à la production de métaux de base (et
donc d’argent).
… La Commission chilienne
pour le cuivre a stipulé, dans un rapport publié en 2014, que le Chili a
consommé 535 millions de gallons de combustibles liquides pour produire 5,7
millions de tonnes de cuivre. Ainsi, l’industrie du cuivre a consommé 94
gallons de combustibles liquides pour chaque tonne de cuivre produite.
D’autre part, Pan American
Silver a brûlé 20,5 millions de gallons de combustibles liquides pour
produire ses 26,5 milliards d’onces d’argent en 2015. Ce qui signifie que la
production de chaque once d’argent a nécessité 0,80 gallon de combustibles
liquides. Si nous utilisons la consommation de Pan American comme base, les
269 millions d’onces de métal blanc produites par les producteurs d’argent
primaires en 2016 ont nécessité 215 millions de gallons de combustibles
liquides. En revanche, la consommation moyenne globale est bien inférieure à
celle de Pan American, et se situe certainement autour de 0,50 gallon par
once d’argent. Entre 135 et 150 millions de gallons de combustibles liquides ont
donc dû être consommés pour produire l’argent issu de sources primaires en
2016.
Le
monde a produit un total de 18,4 millions de tonnes de cuivre en 2014. Au vu
de la moyenne chilienne de 94 gallons par tonne de cuivre produit, et en
choisissant une estimation conservative de 75 gallons par tonne à l’échelle
du globe, le monde a consommé environ 1,4 milliard de gallons de combustibles
liquides pour produire ses réserves de cuivre en 2014.
C’est environ dix
fois les quantités de combustibles qui ont été nécessaires pour produire
l’argent issu de la production primaire.
Un effondrement financier
verrait chuter les réserves de pétrole et de combustibles disponibles. La
demande plongerait, ainsi que la production. Compte tenu de ce qui semble
être une hausse des quantités d’énergie utilisées pour extraire des métaux de
base et précieux, il n’est pas exagéré de croire que la production d’argent
continuera de décliner en parallèle aux réserves énergétiques.
Un déficit d’argent physique
d’1,5 milliards d’onces
Le déclin de la production
minière signifie une hausse du déficit des réserves d’argent disponibles,
parce que la demande en argent ne ralentit pas en parallèle aux chiffres de
la production minière.
Nous enregistrons un déficit
annuel d’argent physique depuis 2011 (2012 ayant été une exception, avec un
surplus de 2 millions d’onces). Entre 2014 et 2015, ce déficit est passé à
60%. Depuis 2004, les déficits annuels d’argent ont atteint un total de 1,5
milliard d’onces, à en juger par les World Silver Survey publiés précédemment.
Nous en sommes arrivés au pic de
l’argent. Et les choses n’auront désormais que peu de chances de s’améliorer.
Même les médias conventionnels commencent à l’accepter.
Dans son World Silver Survey du
mois de décembre, le GFMS stipule que :
• Nous estimons que la
production minière d’argent a atteint un pic en 2015, et continuera désormais
de baisser.
• Le déclin de l’offre devrait désormais devenir un facteur clé des déficits
annuels du marché de l’argent.
Conclusion – Conservez
de barres et pièces d’argent en tant qu’assurance
Bien que je qualifie la
situation comme n’ayant que peu de chances de s’améliorer, cela dépend bien
évidemment des quantités d’argent que vous possédez. En réalité, un déclin de
l’offre d’argent est une excellente chose pour ceux qui ont choisi d’investir
sur ce métal, mais aussi pour ceux qui ont investi sur des sociétés minières,
dont le produit sera de plus en plus recherché. Un ralentissement économique
est synonyme d’une hausse de la demande en valeurs refuges telles que les
barres et pièces d’or et d’argent.
Les facteurs qui laissent
supposer un déclin de l’offre d’argent – ralentissement de l’activité
économique, déclin des marchés énergétiques et affaiblissement des marchés
des métaux de base – sont tous une raison supplémentaire d’en posséder. Bien
que le GFMS sépare la demande en valeurs refuges de la demande en argent liée
au déclin de la production minière, elles sont une seule et même chose. Les
investisseurs cherchent à accumuler de l’argent, parce qu’il est une
marchandise utile et rare, et une forme précieuse d’assurance financière.
Les métaux de base ont tendance
à souffrir d’un ralentissement économique. Si l’économie n’en demande plus,
ils n’ont plus aucun rôle à jouer. C’est l’inverse pour la demande en argent.
Quand l’économie n’est plus capable d’acheter, de vendre et de produire des
biens, les gouvernements se retrouvent en difficulté. Mais l’argent continue
de servir de couverture et d’assurance.
L’argent est une valeur de
couverture nécessaire en période de troubles financiers. Comme nous pouvons
le voir aujourd’hui, quand la conjoncture économique est mauvaise, les
gouvernements ont tendance à accroître leur production de monnaie papier et
électronique.
Le métal blanc nous en préserve,
c’est pourquoi nous devrions tous posséder des barres et pièces
d'argent. Un déclin de la production d’argent est un signe bénéfique pour
son prix, mais aussi un indicateur de sa valeur vis-à-vis des autres actifs.