Depuis que la
crise des subprimes s’est déclenchée en juillet
2007, le CAC 40 s’est littéralement écroulé, il a
perdu environ 54 % de sa valeur.
Au risque d’écroulement du système financier qui a vu la
disparition de nombreuses banques au Etats-Unis (Bears Stern, Wachovia,
…) et surtout la faillite de Lehman Brothers et la quasi faillite de
l’assureur AIG sans l’aide du gouvernement américain,
s’est ajouté une crise économique d’une ampleur
inégalée depuis la crise de 1929 qui affecte l’ensemble
de l’économie mondiale.
La question est donc de savoir jusqu’ou peut tomber le CAC 40,
autrement dit de connaître la valeur à partir de laquelle,
l’indice peut rebondir.
Georges Soros a évoqué l’idée d’une super
bulle qui prendrait ses racines dans l’économie de
l’endettement qui commencerait après la seconde guerre mondiale
et prendrait son envol à partir des années 1980-1990.
Cette hypothèse est partagée d’ailleurs par de grands
économistes : joseph Stiggliz, Paul Krugmann, Michel Aglietta, Patrick
Artus …
On peut matérialiser cette super bulle en ayant recours à
l’analyse technique (bougiste et chartiste). Il faut donc distinguer
dans ce cas entre l’analyse de court terme, moyen terme et très
long terme qui nous donnera les indications les plus pertinentes.
L’évolution du CAC à CT comme à MT nous montre une
tendance baissière très forte, ce qui n’a rien
d’étonnant avec la crise actuelle, même si celle-ci est
plus accentuée à MT.
A CT on voit sur le schéma 1 (3 mois en données
journalières), qu’il y a un canal baissier qui commence le 22
septembre et qui finit le 28 octobre qui correspond aux conséquences
de la faillite de la banque Lehman Brothers et à la prise de
conscience de l’ampleur de la crise financière : le risque
systémique est devenu une réalité.
Par la suite il se forme un triangle tourné vers le bas (schéma
1), dont on est sorti par le bas le 20 février (2750 pts). Le CAC
s’approche de son niveau le plus bas de 2003.
Aujourd’hui le 25 février, le CAC a largement
comblé le gap des 2668 pts du 1er avril 2003, en finissant à
2696 pts, ce qui ne l’a pas empêché d’aligner 8
séances de baisses consécutives, triste record, qui alimente
les spéculations d’un retour sur les 2555 pts (dernier gap
encore béant du 13 mars 2003).
Il est toutefois difficile à partir d’une analyse de CT, voire
impossible, de déterminer le niveau à partir duquel, il
pourrait rebondir.
Schéma 1 : 3 mois en données daily avec volumes.
Source PROREALTIME.
A MLT, schéma 2 ( 2 ans en données hebdomadaires), on observe
un canal baissier qui va de juillet 2007 à octobre 2008 (faillite de
Lehmann Brothers), même si sur l’année 2008, il y un canal
latéral (range de consolidation qui va de 5078 à 4100 pts) de
la semaine 4 de janvier (2008) à la semaine 40 d’octobre (2008).
L’indice sort à la fois de ce canal la semaine 40 d’octobre
(2008), ainsi que de son canal baissier de LT (2007-2008), ce qui se traduit
par un gap et un marubozu baissiers, l‘indice perd 18 % de sa valeur
(il passe sur une semaine de 3875 à 3161 pts) : le krach
d‘octobre; puis se forme un triangle tourné vers le bas dont on
sort à nouveau par le bas la semaine 7 de février (2750 pts).
A MLT, on perçoit mieux l’incapacité des autorités
politiques et financières, à régler une crise qui est
à la fois financière et économique.
En résumé l’analyse technique à CT et MLT, nous
montre un indice en chute libre, dont rien ne semble arrêter la chute.
Il est toutefois difficile de déterminer l’ampleur finale de
celle-ci.
Schéma 2 : 2ans en données weekly avec volumes
Source PROREALTIME.
Bien
évidemment, l’analyse de très long terme nous donnera les
informations les plus pertinentes.
Au préalable, il est nécessaire de revenir sur la notion de
super bulle.
Il faut partir, en premier lieu, de la bulle immobilière
américaine, dont le point de retournement se situe en juillet -
août 2007. Elle repose sur le laxisme de plus en plus fort dans
l’octroi des crédits et sur l’idée fausse que les
garanties n’étaient pas affectées par la propension
à prêter.
Le problème c’est que la bulle immobilière
américaine s’est développée de manière
concomitante avec la super bulle. On peut même dire que la
première est contenue dans la seconde.
Pour revenir à cette dernière, elle repose à mon sens
sur trois tendances :
- La tendance
à long terme à l’expansion illimitée du
crédit.
- Le rythme accéléré de l’innovation, en
matière financière, lié a l’assouplissement
continu de la réglementation.
- La mondialisation des marchés financiers qui est un
phénomène structurellement asymétrique, qui favorise les
Etats-Unis et les autres pays développés, et pénalise
les économies sous-développées qui sont à la
périphérie.
L’idée qui se cache derrière la super bulle, c’est
donc que celle-ci n’a rien à voir avec les crises
précédentes qui affectaient tel ou tel segment du
système financier : crise de 1997 des marchés émergents,
faillite de LTCM en 1998, bulle technologique en 2000. Il s’agit
à la fois d’une crise financière, immobilière et
économique qui affecte le système financier et
économique mondial dans son ensemble.
Première crise de l’économie mondialisé.
On peut visualiser la super bulle en ayant recours à une analyse
technique de très long terme, comme le montre le schéma 3 (30
ans en données mensuelles) :
Schéma 3 : 30 ans, données mensuelles avec volume, RSI
et MACD.
Source PROREALTIME.
La super bulle
prend la forme d’une structure (en terme chartiste) en double top (avec
un second sommet plus bas que le premier), que l’on appelle aussi
structure en M.
De manière classique afin d’analyser la seconde jambe du M, on
pourrait utiliser les vagues d’Elliot, qui décompose tout cycle
boursier (classique), en une tendance haussière composé de 5
vagues (3 haussières et deux baissières) et une tendance
baissière composé de trois vagues (2 baissières et une
haussière).
Même si toute décomposition en 8 vagues est toujours arbitraire,
la seconde jambe du M semble bien correspondre à celle-ci, avec un
résultat théorique intéressant : la vague d’ordre
8 (la huitième vague) doit retracer le point bas de la vague
d’ordre 1 (première vague) qui se situe à 2618 points (en
données mensuelles).
Nous serions proche du rebond puisque l’indice se situe actuellement au
environ des 2700 points.
L’importance de la crise financière actuelle puisque le FMI
évalue les actifs toxiques à 2400 milliards de dollars alors
que les fonds propres des banques ne sont que de 1200 milliards de dollars,
montre que la crise financière est loin d’être
réglée.
Quant à
la crise immobilière et économique, les premières mesures
sérieuses viennent d’être prises, notamment le plan de
relance d’Obama (787 milliards de dollars) ainsi qu’un plan
d’aide en faveur des propriétaires immobiliers d’un
montant de 75 milliards de dollars.
Il faut donc revenir à l’hypothèse de la super bulle que
l’on peut caractériser par la structure en double tops (M), du
schéma 3, si on vent avoir une plus juste estimation de la situation.
Une structure en double tops est une structure de retournement, on analyse
celle-ci par rapport à la ligne de cou, qui est la ligne horizontale
qui passe par le point bas du M, elle est située (en données
donnés mensuelles) à environ 2618 points (schéma 3).
Le franchissement de celle-ci valide la figure, si elle est
accompagnée de volume important.
Théoriquement
il faut donc reporter vers le bas, à partir de la ligne de cou, la
différence existant entre le sommet (6104 pts) de la seconde jambe du
M et la ligne de cou (2618 pts), soit 3486 points.
En
conséquence si l’on prend 2618 points et qu’on retranche
3486 points, on obtient un indice négatif : -868 points. Bien sur, ce
résultat est incohérent (un indice ne peut pas être
négatif), il montre simplement l’ampleur (théorique) de
la super bulle.
Il faut donc réinterpréter ce résultat, en lui donnant
un sens pratique.
Il convient
donc de tenir compte de deux forces contradictoires à
l’œuvre : d’un coté l’ampleur et la force de la
super bulle (qui marque la fin d’une période :
l’économie de l’endettement) et d’un autre
coté les mesures prises (à l’échelle mondiale) afin
de sauvegarder le système bancaire, le marché immobilier ainsi
que les plans de relance (Paul Krugmann pense ainsi que le plan de relance
d’Obama n’est pas suffisant car il n’arrivera pas à
combler « l’output gap » : différence
entre la production effective et la production potentielle).
La seule
hypothèse réaliste est de prendre, sur la période, le
point bas absolu (dernier support connu), 1680 points (septembre 1992) et le
point haut correspondant : 2333 points (janvier/ février 1994) et de
considérer que le rebond de l’indice se fera à
l’intérieur de cet intervalle; au plus tôt, début
2010.
Celui-ci ne sera validé que s’il enfonce la résistance
clé des 3500 points.
Quelque part la crise actuelle est moins grave que celle de 1929, les
autorités financières et politiques n’ont pas commis la
même erreur : elles n’ont pas laissé
s’écrouler le système bancaire.
Elle est plus
grave, d’un autre coté, parce qu’il n’existe pas un
état de droit qui pourrait mettre en place un plan de relance à
l’échelle mondiale avec célérité et
efficacité et régler le problème du système
bancaire mondial de manière cohérente.
Régler
la crise c'est donc cordonner les plans de relance et le traitement des
problèmes du système financier mondial, comme le montre la
crise actuelle des pays de l’est; et à plus long terme mettre en
place une meilleure régulation des marchés financiers (
notamment les produits structurés : CDO et surtout CDS) et une
meilleure coordination des politiques monétaires entre les
différents zones économiques.
Quoiqu’il en soit, si la courbe du CAC 40 franchit les 2618 points (ce
qui valide la structure en double tops) on peut penser que le rebond se fera
dans un intervalle compris entre 1680 et 2333 points (début 2010).
Si donc cette analyse est exacte, on peut en tirer différentes
conclusions, tant que le rebond n’aura pas eu lieu.
La première est que l’on peut vendre à découvert
(vad) les secteurs qui accompagnent à la baisse l’indice :
l’automobile et la sidérurgie.
La seconde est que l’on peut jouer à la baisse l’indice
(future).
Mais surtout
qu’il faut jouer l’or à la hausse, puisque celui-ci
n’est plus corrélé (négativement) avec le $ et le
pétrole (positivement). L’or est devenu une véritable
monnaie de substitution (ce qui va bien au-delà de son statut de
valeur refuge) aussi bien pour les particuliers que pour certaines banques
centrales (la Chine par exemple).
En définitive, on peut dire, qu’il reste corrélé
négativement avec les indices boursiers, puisqu’il
s’inscrit dans un canal haussier de long terme alors que ces derniers
s’inscrivent dans un canal baissier de long terme.
Ajoutons enfin
que la reprise devrait favoriser les matières premières et le
pétrole (très corrélés avec la croissance), mais
aussi l’or à cause d’un environnement très inflationniste
(du à l’utilisation de la planche à billet dans la
période actuelle et au fait qu’il paraît peu probable que
l’on augmente les impôts lorsque la croissance repartira).
Paul Bara
Blog de la Finance et de
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