Il
existe deux raisons communément répandues pour lesquelles une monnaie a de la
valeur :
1. Les gens acceptent de l’accepter comme
moyen de paiement (convention sociale)
2. Le gouvernement décrète qu'elle a de
la valeur (décret gouvernemental)
La première raison, d'après laquelle la
monnaie a de la valeur parce que les gens veulent bien l'accepter comme
paiement, n'est rien de plus qu'un argument circulaire. Il insinue que la
monnaie a de la valeur parce qu'elle est acceptée. Pourquoi est-elle acceptée
?... Parce qu’elle a de la valeur !
La deuxième est également fausse. Comme
l'Histoire nous l’a révélé, on ne peut pas faire confiance au gouvernement
pour ce qui concerne la gestion de la monnaie. Pour une liste de devises qui
ont souffert d'hyperinflation ou d'effondrement complet, cliquez ici.
Depuis l’aube de l’humanité, les
gouvernements de tous les pays ont cherché à éroder de manière continue la
valeur de leur devise sur le long terme.
Les deux plus importantes devises, le
dollar US et la livre britannique, ont perdu une majorité de leur valeur
depuis leur entrée en circulation.
En vertu d'une loi américaine de 1792,
le dollar a été fixé à 24,75 g d'or. Il y a 480 grains dans 1 once d’or.
Ainsi, il fallait 19,40 dollars pour acheter 1 once d'or. Le 23 février 2007,
il fallait presque 683 dollars pour acheter cette même once d’or, ce qui
représente une chute de 97 % de la valeur du dollar !
En 1560, la livre britannique
représentait une 1 once d'argent fin. Elizabeth Ière et son conseiller Sir
Thomas Gresham (auteur de la fameuse loi de Gresham) ont instauré la nouvelle
devise afin de remettre de l'ordre après « la grande dévaluation » qui a eu
lieu de 1543 à 1551 alors qu’Henry VIII cherchait à financer ses coûteuses
guerres contre la France et l'Écosse. L'argent fin est composé de 92,5% d'argent
pur. Il y a 12 onces dans 1 livre. Le 23 février 2007, il fallait 81,90
livres sterling pour acheter cette même livre d’argent, ce qui représente une
perte de valeur de 98,8 % !
Lors d'une crise économique ou pendant et après une guerre, la pression en faveur d’un
gonflement de la masse monétaire devient écrasante, parce que toute autre
alternative devient politiquement désastreuse. Même en des temps de relative
stabilité, les gouvernements cherchent à « stimuler » leur économie
en augmentant la « liquidité ». En clair, ils veulent augmenter la masse
monétaire. Sur un plan fonctionnel, cela n'a rien de différent d'un faussaire
qui augmenterait la masse de billets en circulation de 100 dollars dans votre
quartier, si ce n’est que l’échelle soit bien plus importante.
Un gouvernement cherche à émettre des
quantités de plus en plus importantes de monnaie jusqu'à ce que sa devise
s'effondre, et c'est à ce moment-là que toutes sortes d’explications sont
offertes au public : la cupidité des entreprises, les étrangers, la
manipulation du marché, le terrorisme, et ainsi de suite. Ce qu'il y a de
plus ironique dans cette farce, c'est que les banques centrales sont
présentées comme un outil de combat contre l'inflation. C’est un peu comme si
je mettais le feu à votre maison puis revenais plus tard avec les pompiers.
Lorsque la population finit par
réaliser ce que le gouvernement a fait à sa devise, elle perd confiance. Le
gouvernement fait alors généralement passer des lois sur le contrôle des prix
et des salaires, et ceux qui ignorent ces contrôles sont traités à la manière
de criminels. Les actifs autres que le papier peuvent être confisqués dans «
l'intérêt du bien public ». Les entreprises les propriétés personnelles
peuvent être saisies.
En dépit de toutes les mesures
draconiennes imposées par le gouvernement, la population cherche à se
protéger en plaçant son capital sur des actifs non monétaires, en achetant
une devise étrangère, ou en accumulant des métaux monétaires tels que l'or et
l'argent.
Il est donc erroné de déclarer qu’une
monnaie a de la valeur simplement parce que le gouvernement le décrète.
Mais alors pourquoi une monnaie
a-t-elle de la valeur ?
D'après ce qu'a écrit un économiste
autrichien, Ludwig von Mises, le pouvoir d'achat
d'une monnaie hier en détermine la demande aujourd'hui. C'est une idée simple
et compréhensible.
Si hier soir le prix d'une canette de
soda était d'un dollar, en supposant qu'aucun événement externe ne fasse
disparaître le fabricant de soda au cours de la nuit, pourquoi le prix de la
même canette de soda ce matin ne serait-il plus d'un dollar ?
Le prix du soda fluctue en fonction de
l'offre et de la demande du soda et de la monnaie. Si un autre fabricant de
soda commence à inonder le marché avec un produit similaire, le prix peut
baisser jusqu’à 0,90 dollar. En revanche, si les acheteurs potentiels
reçoivent pour une raison ou une autre une quantité exceptionnelle d’argent,
le prix du soda peut augmenter jusqu’à 1,10 dollars par canette.
Mais qu’est-ce qui déterminait hier la
valeur de la monnaie ? La valeur de la veille… et ainsi de suite.
Mais toutes les choses ont un début.
Qu'est-ce
que la monnaie ?
À l'origine, la monnaie était une
marchandise. La monnaie en tant que tel n'existait pas, il n'y avait que des
marchandises que les gens échangeaient en fonction de leurs besoins.
La monnaie doit remplir trois fonctions
:
1.
Elle doit être un moyen d'échange
2.
Elle doit être un refuge de valeur
3.
Elle doit être une unité de compte
Partout dans le monde, des marchandises
diverses servi de moyen d’échange au fil de l’Histoire. On pense généralement
à l'or et à l'argent, mais il y en a eu d'autres. Sur le petit groupe d'îles
de Yap, dans le Pacifique sud, de grosses pierres étaient utilisées. En
Amérique, Asie, Afrique et Australie, des coquilles de cauri étaient
utilisées. En 1637, les perles de wampum commencèrent à avoir cours légal au
Massachusetts, notamment pour le commerce avec les Indiens. En Virginie,
c'était le tabac qui était utilisé. Dans les sociétés européennes, avant
l'apparition des pièces de monnaie, on utilisait le sel (le mot salaire vient
d’ailleurs du mot latin salarium, qui signifie
sel).
Qu'avaient en commun ces marchandises
particulières ? Tout d'abord, elles étaient relativement rares dans les
régions où elles étaient utilisées. En observant l’Histoire, nous voyons que
les peuples qui ont utilisé des matières premières abondantes comme monnaie
étaient facilement exploités. La monnaie de pierre des îles Yap en est une
très bonne illustration.
Ces pierres monétaires étaient faites à
partir d'une pierre calcaire très rare. Afin d'acquérir de nouvelles pierres,
le chef de l’île organisa plusieurs expéditions, et sélectionna un groupe
d'hommes courageux et aptes. La source principale de ces pierres était l'île
de Palaos, quelque 400 km au sud-ouest. L'obtention de nouvelles pierres
était donc très périlleuse, voire mortelle, et leur valeur en était d'autant
plus importante.
Ce système monétaire unique fut
bouleversé à tout jamais lorsque l’américaino-irlandais
David O’Keefe s’échoua sur l’île de Yap au XIXe
siècle. Il revint plus tard avec un bateau et des outils d'extraction
moderne. Voyant là une occasion potentiellement rentable, il échangea des pierres
contre des concombres de mer et du copra (chair de noix de coco). Avec le
temps, les pierres devinrent si nombreuses sur l’île qu'elles cessèrent
d'avoir de la valeur en tant que monnaie et servent aujourd'hui de curiosité
monétaire pour les touristes.
Grâce au commerce, les gens
échangeaient des produits, et ceux qui étaient abondants dans certaines
régions étaient transportés dans les régions où ils étaient rares et avaient
plus la valeur. Par ce mécanisme, seules les marchandises qui étaient rares
au niveau mondial purent perdurer comme forme de monnaie.
Une autre caractéristique de la monnaie
est qu'elle possède une forte utilité marginale, c'est-à-dire que sa demande n'est
pas facile à satisfaire. C'est pour cette raison que des biens tels que les
diamants et l'or ont autant de valeur. Non seulement ils sont rares, mais
quelqu'un qui en possède déjà continue d’en désirer davantage.
Prenons l'exemple de l'eau. Si j'ai
soif, naturellement, je vais en demander. Je serai même prêt à me séparer
d'un dollar durement gagné pour une bouteille. Après avoir bu cette
bouteille, j'aurai moins envie d'une deuxième et ne serait prêt à me séparer
que de 0,50 dollar. Et après avoir acheté cette deuxième bouteille, je n'en
voudrai plus d'autre. L'eau a une utilité marginale très faible.
L'or, comme l’Histoire nous l’a montré,
a une utilité marginale très élevée. La majorité des 155.000 tonnes qui ont
été produites depuis que l'humanité a commencé à l'extraire du sol existe
encore. Cela n'empêche pas les sociétés minières de continuer à dépenser plus
d'argent dans des projets d’exploration aurifères que pour la recherche de
n'importe quel autre métal. Aucune autre marchandise n'est thésaurisée autant
que l'or.
Quant à l'argent, tout comme l'or, il
est depuis longtemps un métal monétaire. Cependant, ce dernier s'est avéré
utile dans des applications industrielles, par exemple la photographie et
l’électronique. Il semble donc que la valeur que nous accordons à l'argent
est inférieure à la valeur que nous accordons aux photographies de Médor, le
toutou de la famille.
La rareté n'est pas le seul facteur qui
détermine si une marchandise possède une utilité marginale assez importante
pour en faire une monnaie. Prenons le platine, dont le prix est bien plus
élevé que celui de l'or. Il est loin d'être thésaurisé autant que l'or, et il
est consommé de manière irréversible par l'industrie, principalement dans les
pots catalytiques des voitures.
Jusqu'à maintenant, nous n'avons trouvé
aucune utilité suffisante à l’or pour justifier une telle consommation. En
raison de sa haute utilité marginale, l'or a fait office de meilleure valeur
de réserve face à toutes les autres marchandises.
Enfin, l'or est plus dense que la
plupart des autres métaux, il est inaltérable et ne s'oxyde pas. Ces facteurs
permettent à quiconque de tester et vérifier rapidement si ce que l'on a
entre les mains est bien de l'or. Soumis à un tel test, n'importe quel métal
de base perdrait de sa densité ou réagirait à des produits tels que l'acide
nitrique, mais l’or n'y réagit pas. L'or est le métal le plus malléable et
ductile connu de l’Homme. En tant que tel, il est facilement divisible et a
été utilisé au cours de l'Histoire pour frapper des pièces impossibles à
contrefaire. Ces qualités font de l'or un candidat idéal pour remplir la
fonction de monnaie et d’unité de compte fiable.
Ces arguments montrent pourquoi l'or a
été le premier à être choisi comme monnaie par l'humanité.
Le
papier comme monnaie
La monnaie papier a été utilisée pour
la première fois en Chine au début du IXe siècle. Après de nombreuses
réformes dues à une émission excessive de papier, les Chinois l'abandonnèrent
complètement en 1455.
L'empire mongol, qui en 1236 comprenait
certaines parties de la Chine, commença à son tour à émettre de la monnaie.
La cité perse de Tabriz expérimenta le papier monnaie en 1294, avec des
effets désastreux décrits dans l'Histoire du Monde de Rashid Al Din. Au début du XIVe siècle, l'Inde et le Japon
expérimentèrent brièvement avec des imitations de la monnaie chinoise.
La preuve la plus ancienne de
l'utilisation du papier en Europe est un billet d'orfèvre de 1633. Ces
billets d'orfèvre faisaient office non seulement de reçus pour réclamer des
dépôts mais aussi de preuves de capacité à payer.
Aux alentours des années 1660, les
billets d'orfèvre étaient répandus en tant que preuves de capacité à payer.
Ils étaient « aussi bons que l’or ». Ils représentaient une
alternative bien plus pratique que le transport de pièces et de lingots.
Cette prise de conscience de la population marqua le début de l'utilisation
de billets de banque comme monnaie.
Au cours des siècles suivants, c'était principalement
l'or qui servait de garantie contre les devises papier. La Chine était une
exception dans le sens où elle utilisait l'argent. D'autres pays tels que
ceux d'Amérique latine, la France et les États-Unis ont périodiquement
utilisé des étalons bimétalliques, c'est-à-dire à la fois l'argent et l'or.
Les nations abandonnèrent les étalons
métalliques afin de pouvoir gonfler la masse monétaire et financer de
nouvelles guerres. Les conséquences en ont toujours été désastreuses, à cause
notamment de l'inflation des prix qui en découle. A la fin de la seconde
guerre mondiale, les nations se sont de nouveau tournées vers un étalon
métallique une fois la paix rétablie.
Après la seconde guerre mondiale, les
États-Unis avaient la plus grosse économie du monde. En 1945, ils
produisaient la moitié du charbon mondial, plus de la moitié de
l'électricité, ils détenaient une majorité des capitaux d'investissement, des
manufactures et sociétés d’exportations, plus de 65 % des réserves mondiales
d'or, et étaient le seul pays à posséder la bombe atomique.
Avant la fin de la guerre, les délégués
des 44 nations alliées se réunirent à l'hôtel du Mont Washington à Bretton Woods, dans le New Hampshire et établirent les
accords de Bretton Woods au cours des trois premières
semaines de juillet 1944.
Entre autres choses, la conférence de Bretton Woods mit en place une nouvelle relation entre
l'or et la monnaie papier. En tant que plus grande puissance mondiale, la
devise des États-Unis devint la monnaie de réserve du monde, échangeable
contre de l’or pour un montant arbitraire de 35 dollars par once. Les
marchandises essentielles telles que le pétrole s'échangeraient désormais en
dollars.
Alors que se développait l’Etat
providence et guerrier des Etats-Unis, le besoin de monnaie supplémentaire
était satisfait par la création monétaire. Par conséquent, les nations
étrangères ont commencé à accorder plus de valeur à l'or qu'au dollar, en
raison des lois fondamentales de l'offre et de la demande. Plutôt que des
dollars, ces nations demandaient de l'or, et les réserves américaines ont
commencé à diminuer.
Un point critique fut atteint en 1971,
lorsqu'il fut remarqué que si cette tendance se poursuivait, les États-Unis
se retrouveraient bientôt à court d'or. Le 15 août 1971, le président Nixon
prit la décision unilatérale de mettre fin à la conversion du dollar en or,
sauf sur le marché libre. Cela mit efficacement fin à ce qui restait de la
garantie des monnaies par l’or.
C’est là que nous en sommes
aujourd’hui.
En utilisant le modèle développé par
Mises, connu également sous le nom de théorème de la régression, nous pouvons
déduire que la monnaie n'est pas apparue suite à un décret gouvernemental ou
une convention sociale. Ce théorème montre que la monnaie est tout d’abord
apparue sous forme de marchandise, et que cette marchandise était
principalement de l’or.
Aujourd'hui, notre monnaie n'est
couverte par rien d'autre que des promesses gouvernementales et les
affirmations insistantes selon lesquelles elle vaut bel et bien quelque
chose. Sa valeur d'aujourd'hui repose sur sa valeur d'hier et est sujette aux
événements quotidiens. L'un de ces événements est l'émission continuelle de
monnaie. Vous souvenez-vous de ce qui est arrivé au peuple des Îles
Yap ?
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