Dans son livre
« Démocratie, le dieu qui a failli » (Democracy : The
God that Failed), Hans Hermann Hoppe souligne que le processus de
civilisation stagne lorsque le gouvernement viole les droits de
propriété.
Le processus
naturel de civilisation naît du fait que nous repoussons notre
consommation dans le temps, que nous épargnons et que nous accumulons
du capital. L’inverse conduit à une préférence
temporelle plus forte.
Selon Hoppe,
une catastrophe naturelle ou une violence quelconque n’ont que des
conséquences « temporaires et non systématiques »
sur la préférence temporelle.
Les victimes
d’une agression possèdent le droit naturel et légitime de
se défendre. Ainsi, nous nous protégeons contre des agressions
ou vols potentiels de la même façon que nous accumulons des
provisions afin de faire face à de futures catastrophes naturelles.
Cependant, si
le gouvernement se trouve être l’agresseur, la victime
n’est « plus légitimement habilitée à se
défendre ». La démocratie légitimise toute
agression gouvernementale.
Ce processus
de dé-civilisation décrit par Hoppe se poursuit à un
rythme régulier. Les gens peu éduqués continuent de
vivre dans un pays de cocagne, persuadés que chaque nouveau dirigeant
leur apportera quelque changement, et que leurs vies peuvent être
déposées en toute sécurité entre les mains de ce
gouvernement qu’ils pensent bon et attentionné. Mais la
maladresse actuelle des gouvernements – à travers leurs
sauvetages d’entreprise, leurs violations permanentes des droits
naturels et notamment du droit de propriété et
l’émission continue de monnaie fiduciaire – a
poussé un grand nombre d’individus à se défendre
et se préparer au pire.
La monnaie
officielle (à cours forcé) du gouvernement américain
– le dollar – est désormais remise en question. Alors que
le moteur monétaire du système bancaire à
réserves fractionnaires est surchargé de défauts de
crédits et de faillites, la Réserve Fédérale a vu
son bilan s’allonger plus que jamais auparavant. L’homme de
l’année, Ben Bernanke, reste terrifié devant la
déflation, et John Maynard Keynes redevient un héros. Le
gâteau de l'inflation est au four, mais il n’a pas fini de cuire.
De plus, le
gouvernement actuel ne semble pas très enclin à nous donner le
droit de défendre nous-mêmes nos droits de
propriété. Le président est persuadé que seuls
les officiers de police devraient être en droit de posséder des
armes à feu.
Alors que les
gens ayant une préférence temporelle élevée,
comme Shannan DeCesare, s’extasient d’avoir vendu pour 610
dollars de bijoux en or lors d’un rachat à domicile ; les gens
ayant une préférence temporelle plus faible s’en vont
acheter de l’or, de l’argent, du plomb et des fusils.
DeCesare a
pris part à un rachat à domicile, ou « Gold Party
», ce que Wall Street Journal décrit comme un exemple de
nouvelle vente à domicile type Tupperware. Ces réunions
privées plaisent à une foule de gens désireux de
recevoir du liquide en échange de leurs objets de valeur afin de
maintenir leur train de vie. Ces personnes en quête de
liquidités se retrouvent, selon le WSJ, avec 65 à 75% de ce que
vaut leur or auprès d’une raffinerie.
Les ventes
à domicile offrent une atmosphère agréable à la
vente du métal jaune. « Entrer dans une bijouterie muni
d’un petit sac d’or peut être quelque chose de vraiment
difficile pour un grand nombre de personnes » affirme Lisa Rosenthal,
propriétaire de Party Gold, lors d’un entretien avec WSJ. La
société de madame Rosenthal emploie des spécialistes
chargés d’organiser plus de 1000 ventes par mois. Mais pourquoi
les gens vendent-ils leur or pour 65 à 75% de sa valeur ?
Dans son livre
More
Than You Know: Finding Financial Wisdom in Unconventional Places (Plus
que vous n’en savez : Trouver des sagesses financières en des
lieux insolites), J. Mauboussin écrit « Tout le savoir dont j'ai
besoin, je l’ai acquis lors d’une vente Tupperware ». Les
gens achètent des Tupperwares parce qu’ils se sentent
obligés de rendre la pareille à l’hôte(sse) qui
reçoit afin de lui permettre de recevoir les cadeaux gratuits
préalablement prévus par ce genre de vente. Comme Mauboussin
l’explique, l’ingrédient le plus important d’une
bonne formule Tupperware, c’est la tendance à dire oui aux
personnes que l’on aime.
Pour ce qui
est des rachats d’or, les participants ne font pas uniquement le
déplacement : ils boivent du vin, mangent des petits fours, et
finissent par s’intéresser aux prix bas offerts pour leurs
bijoux ou pour ceux de leur grand-mère décédée,
et ce particulièrement si ceux qui reçoivent sont des amis du
voisinage. Et ils échangent joyeusement un métal qui a su faire
ses preuves durant des milliers d’années contre de la monnaie
imprimée par le gouvernement et en constante
dépréciation.
Mais alors que
les vendeurs d’or sont trop timides pour se rendre à la
bijouterie, les acheteurs d’or se dirigent vers là où il
y a de l’or à vendre. La demande en armes est telle que le salon
des armes de Las Vegas a fait instaurer un droit d’entrée de 14
dollars par personne en plus d’une place de parking facturée 3
dollars. Malgré cela, le parking était plein et les ventes
incroyables.
La demande de
places sur le stand de tir de Salt Lake City au lendemain de Noël
était telle qu’il fallait attendre 15 à 20 minutes pour
accéder à un stand. L’un des stands contactés
était uniquement disponible après réservation et complet
pour la journée.
La ruée
vers les munitions, l’argent et l’or a ensuite
débouché sur des pénuries et conduit à une hausse
des prix dans les trois domaines en 2009. « Les munitions numéro
380 font désormais défaut depuis quatre mois, et je pense
qu’il en est de même pour les 0,38 spéciales »,
rapportait Richard Taylor, directeur d’une armurerie à Denver,
lors d’un entretien avec CNN tenu plus tôt cette année.
« C’est tout simplement que la demande est énorme et que
l’offre n’arrive plus à suivre ».
En novembre
dernier, Bloomberg reportait la suspension des ventes de la majorité
des pièces American Eagle, pièces de métaux
précieux, ainsi que d’or ou d’argent. Les ventes ayant
augmenté de 88% les dix premiers mois, il a été
décrété que les ventes ne reprendraient qu’une
fois l’offre suffisante pour pouvoir répondre à la
demande.
Ainsi,
certains Américains se débarrassent de leurs trésors
familiaux tout en acclamant les sauvetages d’entreprises menés
par l’Etat, l’émission de monnaie et le contrôle des
armes ; alors que d’autres amassent des métaux précieux,
des armes, et tout ce qui est nécessaire à leur protection,
qu'il s’agisse de leur protection personnelle ou de celle de leur
épargne.
Il est
extrêmement aisé de distinguer lequel, parmi ces deux groupes,
est le plus civilisé.
Doug French
Mises.org
|