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Cours Or & Argent

Le déficit comme outil politique

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Publié le 01 juillet 2011
792 mots - Temps de lecture : 1 - 3 minutes
( 11 votes, 4,1/5 ) , 3 commentaires
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Rubrique : Editoriaux





Débattu depuis le 3 mai à l'Assemblée nationale, le projet d'interdiction constitutionnelle des déficits publics défendu par le Premier ministre François Fillon a suscité de nombreuses réactions, tant chez l'opposition socialiste, attachée au « modèle » social français, que chez les partisans de la rigueur, sceptiques sur l'efficacité d'une « règle d'or » qui ne concerne que les dépenses dites de fonctionnement.


C'est l'occasion de réfléchir sur ce qu'il faut bien appeler la fonction politique des déséquilibres budgétaires.



Un modèle qui revient cher, même soldé


Les déficits publics sont ordinairement considérés, à raison, comme le symptôme d'une mauvaise gestion de l'argent du contribuable. Les 79% d'opinions favorables à l'interdiction des déficits publics semblent témoigner de l'impopularité croissante d'un fonctionnement ruineux pour l'économie. Si les Français perçoivent le problème différemment selon leur revenus (un allocataire du Revenu de Solidarité Active (RSA) au chômage approuvant davantage un système auquel il ne contribue « que » via la TVA), ils constatent en grande majorité que le bilan de notre « modèle social » est objectivement désastreux.


Et pourtant ce modèle, tout en coûtant excessivement cher aux Français, leur est facturé à un prix anormalement bas. Ce n'est guère rassurant, au contraire : cela signifie que les sommes déjà considérables prélevées sur les revenus et le capital du contribuable ne financent qu'une partie des dépenses de l'État et des collectivités territoriales – l'autre partie étant « prise en charge » par une dette susceptible d'atteindre 100% du PIB en 2016.



Plus qu'un symptôme


Décrire le déficit (148,8 milliards d'euros en 2010, soit plus de 7% du PIB) comme un symptôme n'a pas plus de sens que de voir dans le RSA une conséquence naturelle des bas salaires, ou dans les subventions aux entreprises moribondes la conséquence de leurs difficultés. Dans tous les cas, une volonté politique est requise, qui indique que les déséquilibres budgétaires ne sont pas simplement les conséquences de décisions publiques mais aussi l'outil bien compris du jeu politique.


Le problème, on le voit, n'est pas « que » moral (le sort des générations à venir) ou économique, il ne se limite pas au régime des retraites ou aux 25 000 euros de dette par habitant. Il faut voir plus loin également que les opportunités dont profiteraient les Français sous un gouvernement moins interventionniste. Le problème est aussi politique : quelle peut être la légitimité de gouvernements qui dissimulent aux citoyens le coût réel de leur politique ?


Car creuser le déficit est une forme de dissimulation, la possibilité de s'endetter faisant paraitre notre politique sociale plus abordable, et le gouvernement plus sage, qu'ils ne le sont réellement. Le fait est que les Français n'accepteraient pas de payer autant pour obtenir beaucoup moins, ni de payer davantage pour bénéficier des mêmes prestations. S'il n'était « subventionné » par la dette, le « modèle social » auquel les Français sont si attachés serait perçu avant tout comme un fardeau et appartiendrait probablement déjà au passé.



On ne change pas une équipe qui perd


D'ailleurs, loin de rejeter ce modèle, les Français le défendent. Bien sûr, selon un sondage de l'IFOP, seuls 7% des Français estiment justifié de contenir les déséquilibres budgétaires en augmentant les impôts, afin d'adapter les recettes aux dépenses. Il est vrai que la taxe pour le RSA, sur les assurances et mutuelles, et les franchises médicales (pour ne citer que les trois plus importantes taxes créées par Nicolas Sarkozy depuis son élection) sont venues alourdir une fiscalité déjà écrasante. N'en déduisons pas pour autant que les 93% préférant une baisse des dépenses publiques désapprouvent la politique qui en est l'origine.


En vérité, parmi ces 93%, la plupart voient sans doute la maîtrise des dépenses publiques comme un moyen de sauver le « modèle social français ». C'est ce que montrait un sondage de l'IPSOS réalisé en 2006. Si la majorité (54%) des personnes interrogées trouve que le modèle social français fonctionne mal, une majorité plus importante encore refuse de voir remis en cause les « acquis sociaux » (congés payés, retraites, minima sociaux, etc.). Même les personnes conscientes que les cotisations sociales absorbent plus de la moitié de leur salaire restent malgré tout persuadées que la sécurité sociale et les politiques d'inspiration keynésienne (le plan de relance de 2008 par exemple) ne sont critiquables que dans leurs excès, pas dans leur principe.


Comment expliquer la persistance de cette croyance autrement que par la banalisation de l'endettement public ? Les Français vivent au-dessus de leurs moyens et ne comprennent pas pourquoi l'État devrait renoncer aux emprunts après en avoir si longtemps abusé. En votant l'interdiction constitutionnelle des déficits publics, les parlementaires rompraient la spirale de l'endettement et confronteraient les Français à la nécessité de produire la richesse au lieu de l'emprunter.





Nils Sinkiewicz




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Nils Sinkiewicz est le principal rédacteur du blog catholique et libéral "Marché Gris", qui propose au public analyses et réflexions sur l'actualité socio-économique
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Je cite l'article : "quelle peut être la légitimité de gouvernements qui dissimulent aux citoyens le coût réel de leur politique ? Je suis d'accord avec cette remarque.Par exemple, est-il vrai que les multinationales du CAC40 ne sont imposées qu'a 8% alors que le taux moyen pour les entreprises françaises atteint 18% et 30% pour celles de moins de neuf salariés ?
Merci de bien vouloir me répondre.
Il est vrai que les entreprises du CAC40 parviennent à jongler avec les impôts. Qu'en faut-il conclure selon vous ?
Bonjour, tout d'abord, ne pourriez-vous pas nous permettre de mesurer le niveau et l'importance des mécanismes qui permettent aux sociétés du CAC 40 de jongler, comme vous dite, avec les impôts ?
Si ces sociétés peuvent agir ainsi, c'est que la législation française le permet. Alors changeons cette législation ! On entre ici dans le politique.
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Bonjour, tout d'abord, ne pourriez-vous pas nous permettre de mesurer le niveau et l'importance des mécanismes qui permettent aux sociétés du CAC 40 de jongler, comme vous dite, avec les impôts ? Si ces sociétés peuvent agir ainsi, c'est que la législati  Lire la suite
Lopez Stephan - 02/08/2011 à 10:25 GMT
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