En cet hiver tissé de mécontentements,
frêles panacées et mensonges d’arracheurs de dents
semblent de rigueur. Les Etats-Unis ne portent plus
d’intérêt en la réalité. Ils ne sont
désormais rien de plus qu’un gros bonhomme d’une demi-tonne alité dans une chambre fétide,
suppliant pour une cargaison supplémentaire de macarons avant
qu’un tractopelle ne vienne le chercher pour le conduire en cure de
soins intensifs. Tout ce que veulent les Etats-Unis, c’est de
s’entendre conter une dernière fois à quelle point ils
sont un pays merveilleux. Leur âme s’est depuis longtemps perdue
dans la même jungle cosmique qui engloutissait il y a quelques temps
les comptes des clients de MF Global.
Monsieur Obama ne cesse de répéter à
qui veut bien l’entendre que ‘les Etats-Unis ont des
réserves de gaz naturels suffisantes pour durer encore cent
ans’. N’en croyez pas un mot. S’il croit effectivement en
ce qu’il déblatère, alors il y a de fortes chances
qu’il a) reçoive de très mauvais renseignements de la
part de conseillers malhonnêtes, b) ne lise pas les rapports
publiés par sa propre administration, ou c) affabule purement et
simplement. En effet, la même semaine, le Département des
Etats-Unis pour l’Energie diminuait de 66% ses estimations pour le
puits gaz de schiste de Marcellus, alors que les estimations regroupant
l’ensemble des puits des Etats-Unis chutaient de 42%. L’industrie
du gaz de schiste n’est qu’une autre de ces bulles Ponzi se fondant sur la rareté de l’investissement
de capital. Ouvrez l’œil.
Tous ces arguments d’indépendance
énergétique ne sont autres que des boniments, du moins dans le
sens où monsieur Obama l’entend – s’imagine-t-il
réellement que les Etats-Unis puissent faire tourner tout le foutoir
des banlieues américaines et leurs annexes autrement que par
l’utilisation d’énergie fossile ? D’ici
à ce que les électeurs se rendent comptent que ce ne sont
là que des fadaises, il n’aura depuis bien longtemps plus besoin
de leurs votes. En attendant que cela se produise, il ne met rien en
œuvre pour changer les mœurs, et nous dégringolerons
bientôt dans une lutte obscène pour le pouvoir et
l’énergie qui laissera derrière elle de nombreuses vies
gâchées.
La cerise sur le gâteau, à mon humble avis,
est la déclaration culottée du président d’avoir
ordonné au Département de la Justice de former une
‘unité spéciale’ chargée
d’enquêter sur la fraude des emprunts immobiliers et autres irrégularités
létales sur le secteur bancaire. Le fait que le Congrès
n’ait pas éclaté de rire à l’écoute
cette déclaration prouve à quel point il est lâche et
perfide. Note aux lecteurs : Le Département de la Justice a
depuis longtemps établi une division destinée à
enquêter et réprimander toutes les arnaques familières de
notre époque, depuis les prêts NINJA jusqu’aux
robot-signatures de prêts immobiliers, en passant par les ventes de CDO
piégées et – peu importe le nom de ce que Jon Corzine pensait pouvoir faire chez MF Global…
Notez à quel point la réponse des journaux
nationaux et des chaînes d’informations
télévisées à la plaisanterie effrontée de
monsieur Obama a été minable. Aucun d’entre eux, pas
même le New York Times, n’a interrogé le procureur général Eric Holder sur
quoi il a travaillé au cours de ces trois dernières
années. Cela aurait-il été si difficile pour ces
médias à l’incompétence prodigieuse ? Je
suis, comme vous le savez, allergique aux théories de la conspiration,
et la seule explication que j’estime valable est la diminution des
retours technologiques. Parmi la flopée de mensonges que nous avons
collectivement avalés, notons particulièrement
l’idée que l’information véhiculée par
Internet équivaut à un niveau de connaissance et de
compréhension pouvant permettre un jugement raisonné. Il
semblerait qu’elle ait plutôt rendu notre société
plus bête et irresponsable que jamais. Après tout, aucun des
supposés organismes de contrôle médiatiques n’a
demandé au New York Times et au Wall Street Journal d’expliquer
pourquoi ils n’ont pas daigné questionner le procureur
général des Etats-Unis sur la raison pour laquelle aucun
responsable de crimes économiques et financiers n’ont
été mis en prison ou poursuivis par l’administration
Obama.
Ce qui n’a en revanche pas été
mentionné dans le message de l’Etat de l’Union,
c’est la récente signature de l’Acte d’Autorisation
de la Défense Nationale qui autorise le gouvernement des Etats-Unis
à suspendre l’application de la loi et à utiliser la
force militaire en vue d’emprisonner pour une durée
indéterminée tout citoyen Américain jugé
‘suspect’. Il y a un mois de cela, alors que monsieur Obama
signait cette loi, il délivrait un édit de signature
déclarant que son administration ne la mettrait pas en vigueur. Vous
rendez-vous compte que c’est une violation de son devoir
d’exécuter les lois votées par le Congrès
pouvant justifier une
procédure de destitution ? Un président annonçant
qu’il a l’intention de ne pas exécuter une loi votée
par le Congrès ? Si
la constitution américaine avait encore la moindre importance, une
procédure d’impeachment contre Obama devrait déjà
être dans les tuyaux.
J’en ai assez d’Obama, bien que je fasse
partie de ceux qui ont voté pour lui en 2008. Je ne voterai plus pour
cet homme. Mais je ne suis pas non plus convaincu qu’aucun
d’entre nous puisse voter pour qui que ce soit en 2012. Trop de
systèmes desquels nous dépendons deviennent aujourd’hui
hors de contrôle. Je suppose que nous continuerons à nous
nourrir de mensonges et de jolis mots jusqu’à ce que les circonstances
deviennent trop extrêmes pour que le langage lui-même puisse
conserver quelque signification et que l’action devienne la seule
réponse possible. Je pense qu’avec l’arrivée du
tumulte politique de cet été avant les élections, nous nous
approcherons dangereusement d’un moment déclancheur. Le, le leadership des Etats-Unis est
en faillite.
Il faut admettre le fait que les Etats-Unis n’ont
plus aucune légitimité en termes de leadership. Le chaos est
total, et nous ne savons que trop bien ce que Mère Nature pense du
chaos.
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