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Cours Or & Argent

La « Parabole des Tuileries » - une critique

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Extrait des Archives : publié le 20 mars 2012
789 mots - Temps de lecture : 1 - 3 minutes
( 15 votes, 4,5/5 ) , 8 commentaires
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La  « parabole des Tuileries » récemment exposée sur le site du Monde, a connu un grand succès sur l'internet. Et on comprend pourquoi: elle justifie une opinion courante (l'État doit subventionner la culture), et cela d'une manière très accessible, mais apparemment fondée sur des arguments économiques. De ce fait, elle n'est pas seulement  « sachante », mais semble en outre offrir des armes pour prendre les partisans du marché et pourfendeurs de la dépense publique à leur propre piège. Pour séduisante qu'elle soit, elle n'en est pas moins trompeuse.

Avant de la critiquer, rappelons ses trois arguments. D'une part, la culture ferait exception à la loi de la  « valeur marginale décroissante » : plus on  « consomme » de culture, plus on y prend goût, et plus on en redemande. Il suffit que l'État lance le mouvement, et subventionne les premières expériences.


D'autre part, la culture serait source d' « externalités positives, » c'est-à-dire de bienfaits que tout un chacun reçoit gratuitement, mais que personne n'a dès lors de raison de financer - à moins que l'État n'y oblige tout le monde. Enfin, la culture serait à l'origine de retombées économiques importantes, et aurait donc un effet  « multiplicateur » sur les dépenses.


Chacun de ces points vise à montrer que l'économie de la culture a quelque chose d'exceptionnel et d'irréductible aux lois gouvernant la production et l'échange des simples marchandises. D'où la justification de l'intervention publique, face à ce qui serait des exceptions à la loi du marché. Loin d'être scientifique, un tel argumentaire est pourtant fautif, et en fin de compte purement idéologique.

Voyons plutôt. Pour ce qui est de la valeur marginale, on pourrait aussi bien dire, tout comme pour les limonades prises en exemple dans la vidéo, qu'écouter la même sonate de Schubert en boucle me procure de moins en moins de plaisir. Inversement, le fait de posséder un MacBook m’invite  à m'équiper également d'un iPhone, puis d'un iPad... Telle est, finalement, la logique même de la société de consommation. La parabole présuppose simplement que cette dynamique est bonne si l'on parle de culture, mais mauvaise dans les autres cas. Une première émission de télé-réalité m'amènera à en suivre d'autres: qui décide ce qui relève de la   « culture »?


Le cas des externalités positives est différent. Ici, c'est le concept lui-même qui n'a pas de sens. Une telle situation apparaît lorsque quelqu'un reçoit un bénéfice pour lequel il n'a rien déboursé. Seulement, de ce fait, il n'existe aucun acte d'achat prouvant qu'un bénéfice ait été perçu. Qui a donc le droit de juger que je jouis de quelque chose, de telle sorte qu'il faut me taxer pour le financer? Je peux tout aussi bien détester être associé à la ‘french philosophy que m'en satisfaire. Plus généralement, si l'on accepte l'idée d'externalité positive, l'intervention de l'État devient illimitée : je jouis de la beauté des femmes dans la rue sans financer leur garde robe ou leur maquillage; la population jouit de la baisse des prix due à l'investissement des grandes compagnies, etc.


Enfin, la théorie du  « multiplicateur » représente un troisième type d'erreur. Elle en recèle deux, en réalité. Certes, la subvention de la culture entraîne des dépenses qui ne seraient pas faites autrement (prendre un taxi et un café à l'occasion d'une visite de musée, etc.) Mais, de ce fait, elle en empêche aussi bien d'autres (ce que l'on ferait du pouvoir d'achat en question si l'on ne prenant pas ce taxi et ce café.) Au total, rien n'indique qu'elle entraîne plus de dépenses.


Surtout, les dépenses en question ne font qu'augmenter la consommation. Elles ne créent donc pas de richesses, mais en détruisent. Si l'on veut stimuler l'économie, c'est au contraire l'épargne et l'investissement, c'est-à-dire la production, qu'il faut relancer. Soulignons aussi que cesser  de subventionner la culture, c’est mettre fin à des aides qui  ne profitent à peu près qu'aux riches, et cela aux dépens des plus pauvres.


Au total, la parabole des tuileries est pure idéologie: elle suppose qu'une consommation croissante est bonne uniquement dans le cas de la culture, qu'elle laisse aux autorités, et non à chacun, de définir. De même, elle suppose que la culture ainsi subventionnée est une externalité positive, parce qu'elle est un bien en-soi.


Si elle avait voulu être cohérente, elle aurait dû déduire d'une définition de la culture ses prétendues exceptions aux lois économiques. Elle aurait alors non seulement été incapable de déterminer la première (autrement que de manière circulaire, comme l'ensemble des intérêts particuliers que le Ministère de la Culture juge bon de privilégier), mais aussi découvert que de tels cas particuliers ne peuvent exister, non plus qu'à aucunes lois universelles - ici, celles des actions humaines, dont les échanges indirects.




 

 

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Jérémie Rostan enseigne la philosophie et l'économie à San Francisco. Il est l'auteur, en plus de nombreux articles pour mises.org et le quebecois libre, de guides de lecture aux travaux de Condillac et de Carl Menger, ainsi que d'un ouvrage , Le Capitalisme et sa Philosophie, et de la preface a la reedition de l'ethique de la liberte de Rothbard (Belles Lettres)
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Tres juste , la creation artistique doit rester du domaine du prive , l'Etat n'a pas a prendre le moindre risque en ce domaine. A moins qu'a breve echeance on veuille appliquer aux artistes ce que Staline et Mao ont su si bien faire. Il suffit a l'Etat d'entretenir les sites culturels et les lieux qui ont fait leur preuve au cours des temps.
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Je souscris totalement à votre commentaire.
On pourrait ajouter que si l'Etat voulait vraiment donner aux gens le goût de la culture, il commencerait par reprendre en main les chaînes publiques et leur programmation, dont le but n'est actuellement que de laver plus blanc le cerveau des gens.
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Il n'y a pas beaucoup de domaines sur lesquels nous sommes en accord mais la c'est indiscutable.La culture on ne la recoit ni du ciel ni d'un quelconque gouvernement , on se la donne , c'est parfois peu facile ,c'est un choix personnel ,il est plus aise de regarder un match avec sa pizza et sa bouteille de biere que de s'interesser a l'histoire de son pays ancienne et present meme si pour certains l'un n'empeche pas l'autre.
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Exact. Qui plus est, l'Etat ou les collectivités locales, en favorisant tel ou tel artiste, pratiquent un copinage honteux. Et quel gâchis d'argent ! Notre argent.
Par contre le mécénat privé, ok, ça a toujours existé.
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Si l'état reprend en main les chaînes nous retomberons dans ce que nous critiquons ! Il vaudrait mieux toutes les privatiser sauf une pour l'état majoritaire et une pour l'opposition ; au moins nous saurions où nous mettrions les pieds (ou plutôt les yeux et oreilles !)
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Mais non ! Ces chaînes sont déjà publiques ! Qu'on élève le niveau culturel et intellectuel des gens avec ces chaînes ! Il me semble que c'est le devoir de l'Etat, puisqu'il les possède ! Je vous parle de passer des émissions d'Histoire, des pièces de théâtre, des classiques du cinéma, des débats politiques (des vrais hein, pas du "pour ou contre le halal", ou "pour ou contre le mariage homo") à des heures de grande écoute, au lieu de laver le cerveau des gens avec des émissions de télé-réalité qui ne visent qu'à américaniser les esprits, et qui fonctionnent sur le triptyque sexe-argent-pouvoir. Je vous parle de passer des émissions françaises, au lieu d'avoir les déboires sentimentaux de Dylan et de Jennifer. D'autant plus que cela se fait avec notre argent, via la redevance !
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Cela existait dans les années 60/70 et les débats d'idées ne sont suivis que par un très faible partie des gens , (C à dire sur la 5) puis ils sont usés car ils n'ont rien résolu ; ce qui est intéressant est l'éternel débat qui, à force de tourner en rond, à fini par rendre in-crédible la sphère politique. Ce qui est encore plus remarquable est le succès du tribun excellent orateur comme Mélenchon qui semble entraîner des foules. Cela rappelle des souvenirs...!
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Exact ! Et abuser de la culture revient à mettre des billets sous son matelas au lieu de les mettre dans le circuit économique pour des investissements profitables à tous. Sans compter que les subventions étatiques conduisent souvent à privilégier des créations de qualité artistique plus que douteuses !
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Dernier commentaire publié pour cet article
Mais non ! Ces chaînes sont déjà publiques ! Qu'on élève le niveau culturel et intellectuel des gens avec ces chaînes ! Il me semble que c'est le devoir de l'Etat, puisqu'il les possède ! Je vous parle de passer des émissions d'Histoire, des pièces de th  Lire la suite
boutros - 21/03/2012 à 06:19 GMT
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