Les taux d’intérêts sur
les obligations espagnoles à 10 ans ont touché les 6.7% hier
après que la BCE ait torpillé le plan du premier ministre
Espagnol pour recapitaliser les banques du pays.
La situation du système bancaire
espagnol est dans une situation si précaire que Matthey Lynn, de
Strategy Economics, envisage dans son article 'Spexit' Will
Come Before a 'Grexit' que l’Espagne doive quitter
l’Euro avant la Grèce.
Extrait :
« La crise de la dette de
l’Eurozone, comme tout autre évènement
géo-économique spectaculaire, engendre la création
d’un florilège de nouveaux termes spécifiques. Après « Grexit » , l’Exit de la Grèce, voici le Spexit, la sortie de l’Espagne de l’Eurozone.
Il
y a beaucoup plus de chances que les Espagnols quittent l’Euro que les
Grecs, ou que tout autre pays de la périphérie. En effet, la crise en Espagne est
trop importante pour faire
l’objet d’un plan de sauvetage. Par ailleurs, l’Espagne
n’a pas de barrières psychologiques avec le fait de quitter
l’Union Européenne et le peuple Espagnol est las des mesures
d’austérité. Enfin, il leur reste un énorme monde
hispanique vers lequel se retourner.
Une
famille espagnole sur quatre n’a aucun revenu du travail compte tenu du
taux de chomage. Les ventes au détail
s’effondrent de 10% année après année. Et pourtant
les remèdes appliqués
par Bruxelles et Berlin sont les mêmes que ceux qui sont
proposées à tous les autres pays de la zone Euro :
acceptez une profonde récession économique, acceptez de voir le
taux de chômage s’envoler. Acceptez de réduire vos
salaires jusqu’à ce que le pays redevienne compétitif ».
Six raisons pour lesquelles l’Espagne
sera la première à quitter l’Euro
Matthew Lynn donne 6 raisons pour lesquelles l’Espagne sera la
première à quitter l’Euro :
Le
Grexit, pour désigner le fait que la Grèce se décide
enfin à abandonner la monnaie unique, est dans toutes les discussions
depuis quelques semaines. Mais voici
poindre le Spexit.
En
Grèce, les gens ont accepté la dégradation de leur
situation, - jusqu’à maintenant. Tout comme les Irlandais, les
Portugais et les Italiens. Mais les Espagnols ne l’accepteront pas. Et
voici pourquoi.
Premièrement :
l’Espagne est trop grosse pour qu’un plan de sauvetage soit
réalisable,
Secondement :
L’Espagne en a déjà assez de
l’austérité.
Rappelez-vous, les manifestations ont commencé l’an
dernier en Espagne avec les « Indignados ». Ce
mouvement s’est ensuite propagé en Grèce et à
d’autres pays de l’Eurozone.
L’austérité avait à peine commencé,
mais elle provoquait déjà une forte opposition.
Troisièmement :
L’Espagne a une vraie économie :
L’éventualité d’une sortie de l’Eurozone rend
les Grecs anxieux, et pour une bonne raison : ils ne produisent pas
grand-chose. L’Espagne, en
revanche, a une économie
respectable avec une véritable base industrielle : ses
exportations représentent 26% du PIB, un chiffre similaire à
celui de la France, de l’Italie ou du Royaume Uni. La semaine dernière, par
exemple, Nissan y a annoncé un investissement majeur.
Quatrièmement :
la stabilité politique de l’Espagne n’est pas remise en
cause. Pour de nombreux pays,
l’adhésion à l’Union Européenne est plus un
choix politique qu’un choix économique. Les Grecs restent parce qu’ils
s’ancrent ainsi à l’Europe, au lieu de faire partie de la
sphère économique Turque. La Lituanie voulait faire partie de l’Union
plutôt que d’être dominée par la Russie. Les
Irlandais souhaitaient marquer leur différence avec le Royaume Uni.
Les Allemands s’accrochent à l’Euro parce qu’il leur
reste encore à se faire pardonner leur trouble passé.
Cinquièmement :
l’Espagne a la possibilité de regarder vers d’autres
horizons. L’Economie
espagnole est tournée pour partie seulement vers l’Europe, mais
de plus en plus vers les pays hispanophones en pleine croissance
économique de l’Amérique du Sud, sans compter
l’énorme marché hispanique des Etats Unis. Tout comme la Grande Bretagne,
l’économie espagnole est tournée vers le monde entier
plutôt que concentrée sur l’Europe. Pourquoi vous attacher à un
projet en faillite plutôt alors qu’il y a de bien plus belles
opportunités dans le monde ?
Sixièmement :
le débat a déjà commencé en Espagne. Il y a
déjà de sérieuses discussions sur le futur de la
monnaie. De nombreux
économistes avancent que le véritable problème est
l’Euro, et que l’Espagne repartira lorsqu’elle reviendra
à la Peseta. Le tabou a été brisé. Ce n’est pas le cas en
Grèce, où même le parti d’extrême gauche
Syriza s’accroche à l’idée qu’il faut que le
pays reste dans la zone euro.
Quelles
sont les autres options pour l’Espagne si le premier ministre Rajoy
refuse les propositions de plan de sauvetage de la Troika ?
L’Espagne devra elle passer sous les fourches caudines de
l’Europe et se retrouver avec un gouvernement de fantoches technocrates
comme cela a été le cas pour l’Italie et la
Grèce ?
Souhaitons
à l’Espagne de se rendre compte le plus rapidement possible que
c’est l’Euro qui l’étrangle. Elle pourra alors commencer son
redressement.
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