‘Les super-riches font désormais
face à quelque chose de bien pire que la mort : devenir pauvres.
Pensez-vous qu’ils se laisseront glisser lentement vers la
misère sans rien dire ? Je pense qu’ils feront tout ce
qu’ils pourront pour nous vendre leurs actifs sous le prétexte
de ‘sauver le système’’.
David Malone, Debt Generation
Le documentaire Debt Generation a vu le jour en 2007
grâce aux journalistes de la BBC David Malone et Mark Tanner. David
était alors finalement parvenu à persuader la chaîne
télévisée qu’un effondrement financier
était en chemin, situation qu’il avait préalablement
passé quelques années à observer et documenter.
Son documentaire fut finalement
achevé le 12 septembre 2008, le vendredi d’avant
l’effondrement de Lehman Brother. Deux jours
plus tard, il passait sur BBC4.
David Malone écrivait
également un blog financier sous le pseudonyme de Golem XIV.
Certaines personnes, dont moi, ont
toujours tenté de mettre en garde la société contre
toute forme d’effondrement. La bulle du marché de
l’immobilier et la bulle sur le crédit étaient
évidentes aux yeux de tous ceux qui se sont donnés ne serais-ce
qu’un instant pour observer la situation et se libérer
l’esprit de toute forme de conflit d’intérêt.
Je me rappelle qu’après
que l’un de mes discours au sujet de l’effondrement à
venir ait été publié sur un site économique,
quelqu’un avait posé la question suivante : ‘Que peut
bien vouloir cet homme ?’
Cela explique peut-être pourquoi
les choses ont mal tourné. Seul un très petit nombre de
personnes agissaient en fonction de leur conscience et de leurs principes,
alors que d’autres, très nombreuses, se laissaient influencer
par leurs intérêts personnels, leur idéologie, leur
carriérisme, et tous ces modèles supportant l’inaction
face à l’injustice que représente le transfert de
richesses depuis les plus innocents jusqu’aux prédateurs financiers.
Ce qui se profile désormais
à l’horizon s’avèrera très vite bien pire
que tout ce que nous avons pu observer jusqu’alors. Du poison est
aujourd’hui prescrit comme remède contre nos maux
économiques. S’il est un jour utilisé, il contribuera au
suicide de la classe moyenne.
Nous disposons encore de quelques temps pour agir, mais ce temps nous
file rapidement entre les doigts. Il semblerait que nous n’ayons rien
retenu des leçons du passé.
Note de l’auteur :
Devt Generation, par
David Malone.
‘Depuis
le tout début de la crise, ce qui m’a le plus
inquiété a été l’absence totale de
débats. Des décisions ont été prises,
décisions qui nous affecterons pour les générations
à venir, sans que des solutions différentes aient été
abordées. Tout ce que nous avons pu entendre jusqu’à
aujourd’hui n’a été qu’une angoissante
unanimité.
Banquiers,
experts financiers, journalistes et politiciens se sont toujours
répétés les uns les autres avec la même
conviction, la même véhémence. Seul le lancement
d’une série interminable de plans de sauvetage, nous
répètent-ils, pourrait nous sauver du désastre. La
situation a toujours semblé si complexe qu’aucun d’entre
nous n’a jamais osé remettre en question les remèdes y
ayant jusqu’alors été apportés.
Cette
unanimité des discours politiques m’ayant mis la puce à
l’oreille, je me suis mis à lire – et je ne parle pas ici
de livres économiques. Je savais déjà, grâce
à un film que je tournais à l’époque, que les
assomptions utilisées par les économistes à propos du
monde réel étaient pour le mieux stupides. J’ai donc
choisi de lire ce que les traders s’écrivaient les uns aux
autres, de jour en jour, sur les panneaux qu’ils utilisent pour
échanger leurs idées et informations.
Bien
que ce que les traders inscrivent sur ces panneaux ne soit quasiment que
charabia incompréhensible, j’ai pu dénicher certaines
notes contenant des analyses brutales de la situation qui était en
train de se produire. Je n’ai pas eu besoin d’adhérer
à leurs politiques pour comprendre ce qu’ils avaient à
dire. Il existait une autre vision de la crise. Il existait d’autres
solutions. Des solutions radicalement différentes que celles qui
étaient alors employées.
Plus
je lisais, plus je me rendais compte que les médias était
complètement dans le faux. Après trois mois de lectures
incessantes, je me suis mis à écrire. C’était au
début de l’année 2008. Je n’avais alors aucunement
l’intention d’écrire un livre. Je désirais
simplement porter plus haut la voix de l’opposition face aux certitudes
assourdissantes qui fusaient de toutes parts. Ce que j’ai tout
d’abord écrit, sous le nom de Golem XIV, étaient des
commentaires aux articles financiers publiés dans le journal The
Guardian.
Mon
argument principal était que nous ne nous étions pas vu donner
le droit à une discussion honnête quant à la crise et aux
futilités qui avaient été mises en place sous
prétexte de la contenir. Dans le même temps que la crise se
développait, j’étais de plus en plus convaincu que ce qui
était mis en place dans l’objectif de nous venir en aide
finirait en réalité par nous transformer, nous et nos enfants,
en la génération de la dette : la génération
dont le destin commun aura été de rembourser la dette des
autres. Cela m’a mis en colère. En colère contre ceux qui
géraient ces politiques et les justifiaient, en colère contre
ceux qui me disaient qu’il n’existait aucune alternative’.
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