Mes chères contrariées, mes chers contrariens,
Lorsque l'on n’a plus d'idée, ce qui arrive
fréquemment lorsque la situation économique est
désespérée, on ressort invariablement le sujet de la fraude
fiscale.
C'est donc ce que nous a fait notre ministre Monsieur Cahuzac (qui me semble, soit dit en passant, quelqu'un de
bien, ce qui reste somme toute un jugement de valeur subjectif je vous
l'accorde, non ce que je veux dire en fait, c'est que ce n'est certainement
pas le moins incompétent de nos ministres).
Donc, le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac,
a déclaré lundi à Libération
vouloir améliorer le rendement des services fiscaux, moyennant un
arsenal anti-fraude renforcé en vue de récupérer un
milliard d'euros supplémentaire l'an prochain.
Lutter
contre la fraude fiscale, tout un programme !
Une série de mesures seront présentées mercredi
en Conseil des ministres, destinées à renforcer l'arsenal
législatif contre la fraude et l'optimisation fiscale, dans le cadre
du collectif budgétaire (version corrigée du budget) de fin
d'année afin de conclure l'année 2012.
Le milliard d'euros qui serait engrangé sur les 3 à 5
milliards que rapporte chaque année la lutte contre la fraude est
« loin d'être négligeable », a
déclaré M. Cahuzac au quotidien.
C'est « une estimation basse [qui] permettra d'augmenter
jusqu'à 20 % le rendement des services fiscaux », a-t-il
ajouté.
Bon, ce milliard avait déjà été
quantifié dans les économies budgétaires prévues
par le projet de budget 2013 présenté fin septembre par le
gouvernement, a précisé Bercy à l'AFP, donc de ce
côté-là, il n'y a rien à attendre, et cela ne
viendra pas alléger la note de Dexia par exemple.
La loi visera notamment les particuliers qui refusent de
dévoiler l'origine de sommes non déclarées,
placées à l'étranger, a-t-on appris de même
source, confirmant l'information de Libération.
Elles seront taxées à 60 %, c'est-à-dire au même
taux qu'une transaction hors transmission dans le cercle familial.
La loi renforcera en outre « l'obligation de justifier les
encaissements sur ses comptes », à partir d'un montant de
200 000 euros par an.
« Ces mesures n'ont rien à voir avec une quelconque
inquisition fiscale, il s'agit seulement d'un minimum de transparence de bon
aloi », a déclaré M. Cahuzac
à Libération.
Il vous sera donc impossible d'échapper aux griffes de Bercy,
cependant cela on le savait déjà, et globalement
l'efficacité marginale de ce genre d'action reste bien faible mais
permet à moindre frais de montrer que l'on travaille dur...
Donc, comme dirait notre humoriste Canteloup,
c'était l'information la moins importante du jour bien qu'elle fasse
quelques gros titres.
L'information la plus importante, c'est plutôt l'économie
nipponne qui patine et pédale dans la choucroute, puisqu'elle vient de
retomber en récession, pardon en croissance inversée.
Le Japon en
croissance négative...
Je me souviens encore des économistes grandiloquents nous
expliquant que vraiment le tsunami c'était génial et
extraordinaire – ce n'était pas dit tout à fait comme
ça mais cela signifiait bien la même chose –, parce qu'il
allait falloir reconstruire le Japon. Et ça, franchement,
c'était une super nouvelle pour
l'économie de l'archipel qui allait pouvoir sortir de sa
déflation de 30 ans.
Eh bien rien. Figurez-vous en plus de Fukushima (dont on ne parle pas,
donc il n'y a pas de problème), qui a irradié la moitié
de l'île et dont la situation peut se dégrader à tout
instant, que le produit intérieur brut de l'archipel nippon a
régressé de près d'1 % (0,9 pour être
précis) par rapport aux 3 mois qui précèdent.
C'est une fameuse contraction. En rythme annualisé, cela fait
moins 3,5 %. Alors une récession de 3,5 %, c'est juste énorme.
Ce qui explique ce mauvais score, c'est avant tout la chute des
exportations qui ont reculé de 5 % durant les mois de juillet à
septembre. Pourquoi ? Parce que les grands clients de l'industrie japonaise
sont eux-mêmes en mauvaise posture.
Il y a d'abord l'Europe, qui souffre de ses programmes
d'austérité et qui achète beaucoup moins de biens
d'équipements.
Il y a aussi la Chine qui importe moins de voitures et de composants
électroniques, en partie parce qu'elle ralentit elle aussi, mais
surtout parce que le conflit territorial sur les îles Senkaku pousse les Chinois à boycotter les
produits made in Japan, un conflit diplomatique qui
intervient au plus mauvais moment puisque, dans le même temps, la
relance américaine est insuffisante pour compenser le manque de
commandes chez les autres partenaires commerciaux !
Le ralentissement économique est contagieux et la crise
européenne ne passe pas inaperçue
Et c'est bien ce qui fait dire aux autorités internationales
comme le FMI de mettre la pédale douce sur l'austérité.
Car si on met tout le monde au régime, c'est l'économie
mondiale qui maigrit. Et les médecines localisées ne suffisent
plus à soigner le malade. Les autorités japonaises avaient, par
exemple, pris des mesures de relance après le tsunami de l'an dernier,
mais elles ont fait long feu, elles n'ont pas suffi à redynamiser la
consommation intérieure et les investissements des entreprises.
Même le gouvernement japonais est aux abois, puisque désormais
« il n'exclut pas une récession d'ici la fin de
l'année » alors qu'ils sont en plein dedans. J'aime
l'optimisme de nos dirigeants quand il s'agit de notre argent. Et quand on
sait que le Japon est la 3e puissance économique mondiale,
c'est un mauvais signal à ne pas sous-estimer.
Pour mémoire, le Japon est le pays industrialisé et développé
le plus endetté au monde avec 250 % de dettes sur PIB plus tout le
reste...
Voilà, ça c'est une information importante, sans oublier
bien sûr l'Espagne et le Portugal où la colère gronde.
Le pouvoir
n'appartient pas à la rue mais aux peuples
Au Portugal, après le défilé de 5 000 militaires,
c'est un accueil « chaleureux » qui a été
réservé à Angela Merkel par la
population qui voit évidemment en elle le sauveur de l'économie
portugaise. Ha Sainte Merkel vient vanter les
mérites de la rigueur germanique.
Si Angela commence à se déplacer dans tous les pays
où les populations râlent, elle finira par passer plus de temps
en Europe qu'en Allemagne. Je soupçonne ses opposants de l'inciter
à ce genre de déplacements...
En Espagne (le pays juste à côté), un mouvement
populaire très fort est en train de prendre de l'ampleur pour rejeter
les expulsions massives.
Les mauvais payeurs sont de plus en plus nombreux. Des centaines de
milliers de familles frappées par le chômage ne peuvent plus
faire face aux remboursements de crédit bancaire.
Faut-il les expulser quand même ?
Disons que la situation américaine nous a simplement
démontré que lorsque tout le monde est au chômage,
expulser les mauvais payeurs ne fait que mettre des gens à la rue et
baisser le prix des maisons qui ne trouvent tout simplement plus d'acheteur.
À l'arrivée, je trouve le résultat stupide puisque c'est
une stratégie perdante/perdante !! La famille perd son logement, la
banque ne retrouve pas son argent et doit passer des
dépréciations d'actifs qui nécessitent un renforcement
de son capital... par les États !!
Ne me dites pas que l'on ne peut pas faire autrement. Il vaut mieux
soutenir les banques en leur permettant de maintenir les gens sous un toit.
Mais c’est sans doute trop demander à des gouvernements
qui n'ont plus de démocratique que le nom, lorsque l'on voit les
politiques aberrantes qui sont menées.
Un jour, les peuples se réveilleront, et il ne faut pas oublier
que le pouvoir appartient aux peuples. Ils ont juste oublié cela mais
ils sont en train, face aux difficultés, de le réapprendre.
Charles
SANNAT
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
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