Les
analystes de marché et insiders sont
désormais nombreux à nous mettre en garde contre les
pénuries d’or à venir. Jamie Sokalsky,
PDG de Barrick, a récemment
déclaré qu’en raison de l’inélasticité
de la production d’or (qui est insensible aux fluctuations de prix), l'augmentation
de l'offre des producteurs d'or demeurera limitée malgré la
hausse du prix du métal. Selon Rick Rule, un
milliardaire et avide investisseur en or, la demande croissante contribuera
bientôt à rendre les réserves d'or disponibles de plus en
plus limitées.
Les
problèmes auxquels sont confrontées les sociétés
minières sont bien connus : épuisement des mines, grades
de moins en moins importants, et découvertes de plus en plus rares.
Elles font également face à des appels de nationalisation,
à des révoltes de mineurs qui demandent une augmentation de
salaire ou de communautés qui demandent de meilleures infrastructures,
et – cela va de soi – à des questions environnementales.
De nombreux porte-paroles de sociétés minières ont
annoncé qu’il leur était de plus en plus difficile non
seulement de découvrir de nouveaux gisements de métal, mais
aussi de les extraire du sol. On estime aujourd’hui le passage de la
découverte d’un gisement à son extraction deux fois plus
long qu’il y a dix ans.
Mais
ces avertissements ne sont pas toujours pris au sérieux, tout
particulièrement pour ceux qui insistent sur le fait que la production
minière n’a encore jamais cessé de grimper. Au premier
abord, il semblerait qu’ils aient raison – mais uniquement sur le
court terme. Le graphique ci-dessous montre bien que la production globale a
augmenté depuis 2008. De 2009 à 2011, elle a augmenté de
3,9% par an en moyenne. Nous savons en revanche qu’une importante part
de cette augmentation provient de la Chine. En laissant de côté
la production Chinoise, nous pouvons clairement voir à quel point elle
altère le tableau.
Ce
qui est important à propos de la production Chinoise est qu’elle
n’intègre jamais le marché global, puisque la Chine
n’exporte pas d’or.
Alors
que certains mettent en avant la hausse de production d’or
enregistrée depuis 2008, notons qu’elle est toujours 12,8%
inférieure à celle de 2000. Et il y a des raisons de croire que
l’écart entre la production globale et la production mondiale
à l’exclusion de la Chine pourrait encore se creuser. Selon MarketWatch, le ministre Chinois de l’Industrie, de
l’Information et de la Technologie aurait déclaré que la
Chine compte voir sa production d'or domestique atteindre 14,5 millions
d'onces d'ici à 2015, soit une augmentation de 25% par rapport
à l’an dernier. Puisque l’or qui est produit dans le pays
reste dans le pays, un élargissement du risque de pénurie sur
le marché global semble quasi-certain.
Puisque
la production globale d’or est bien moins importante sans
l’apport de la Chine, le graphique ci-dessous présente les
réserves d’or disponibles (production minière +
recyclage) à l’exclusion de la production et des importations de
la Chine. Quelles quantités d’or reste-t-il au reste du monde
une fois que la Chine a obtenu ce qu’elle veut ? J’ai
moi-même été surpris par la réponse à cette
question.
Les
réserves d’or disponibles à l’échelle de la
planète n’ont cessé d’augmenter depuis 2006
jusqu’à atteindre un record de 120 millions d’onces en
2011. La consommation de la Chine arrive deuxième après celle
de l’Inde et pourrait bientôt prendre sa place. Les importations
de la Chine par le biais de Hong Kong ont flambé jusqu’à
atteindre 13,5 millions d’onces l’an dernier, et 16,5 millions
d’onces entre janvier et août 2012. Une fois la demande Chinoise
soustraite, les réserves d’or disponibles des autres pays du
monde ont en réalité chuté depuis 2009 !
Et ce n’est pas tout…
Une
autre tendance à prendre en compte est l’intérêt
grandissant de la Chine pour les ressources naturelles –
minéraux de base, énergie et autres. Ce qui est moins connu, en
revanche, est que la Chine achète également des mines
d’or. Voici une liste de ses acquisitions de l’an dernier :
- Novembre
2011 : Baiyin
Nonferrous Group complète
l’acquisition de Gold One International, société
minière d’Afrique du Sud spécialisée dans la
production d’or.
- Décembre
2011 : China
Gold International Resources Corporation
achète une mine d’or en Asie Centrale et prévoit de
faire l’acquisition de mines au Canada et en Mongolie (la
société a acheté la mine Canadienne Jinshan il y a quelques années).
- Décembre 2011: Les
Chinois prennent le contrôle de A1 Minerals,
une société d’exploration et de production
d’or, et la renomment Stone Resources Australia.
- Décembre
2011 : Des
investisseurs de Shanghai achètent une part du projet Zara,
appartenant à une société Australienne, en
Erythrée.
- Avril
2012 : Sovereign Gold et Jiangsu Geology
and Engineering paient 4 millions de dollars pour des
intérêts de 30% sur deux projets miniers (situés sur
des terres que leur propriétaire est susceptible
d’explorer). En novembre 2012, les firmes ont accru leur
financement pour accélérer la mise en production du
terrain.
- Août 2012 : Une branche
de Zijin Mining
Group (premier producteur d’or Chinois) achète plus de 50%
de Norton Gold Fields.
- Août 2012 : China
National Gold Corporation annonce une offre de 3,9 milliards de dollars
pour l’acquisition d’African Barrick Gold, plus importante société
minière de Tanzanie. Si son offre venait à être
acceptée, la capacité de production de China National Gold
en serait doublée.
- Septembre
– décembre 2012 : Shandong Gold Group annonce son intention d’acheter 51% de
la société Australienne Focus Minerals,
qui possède quatre mines en activité dans l’Ouest de
l’Australie. Cet achat devrait être complété
d’ici la fin du mois.
- Novembre
2012 : Western
Mining Group, société
minière basée en Chine, achète toutes les actions
disponibles d’Inter-Citic Minerals, une société
d’exploration Canadienne.
Nous
ne pouvons pas fermer les yeux sur les faits. La Chine est à la chasse
aux mines d’or. Tous ses achats ne font qu’ajouter à ses
réserves d’or. Les trois plus récentes acquisitions du
pays (Focus Minerals, Norton Gold Fields et Inter-Citic Minerals) disposent de
ressources s’élevant à 12,5 millions d’onces.
Comme
les Chinois l’ont déjà dit, acheter de très
importantes quantités d’or sur le marché en ferait
certainement flamber le prix et installerait un climat de volatilité.
L’une des manières de contourner cela est d’acheter des
dépôts qui produisent ou sont sur le point de produire du
métal précieux, ce qui permet d’accumuler de l’or
avant qu’il n’atteigne le marché – et à un
prix bien moins élevé que le prix marché. Malgré
les très importantes quantités d’or affluant en Chine par
le biais de Hong Kong, il est tout à fait possible que nous
sous-estimions la demande de la Chine.
Les
inquiétudes quant à la disponibilité future de
métal physique sont donc fondées.
A quoi devons-nous nous
attendre ?
Tout
ceci aura des conséquences pour les investisseurs que nous
sommes :
Diminution des réserves
disponibles : De moins en moins de gisements
sont économiquement viables et politiquement et écologiquement exploitables.
Malgré un record du budget d’exploration des
sociétés minières atteint l’an dernier avec 8
milliards de dollars, et malgré une hausse du prix de l’or de
570% depuis 2001, les découvertes de gisements se font de plus en plus
rares. Il est clair que l’industrie minière est incapable
d’augmenter sa production plus rapidement et ce, malgré une
hausse de ses dépenses et de ses marges.
La production Chinoise
n’atteindra jamais les étagères de votre revendeur
local : La Chine garde tout son or. Lorsque
vous lisez des articles concernant l’augmentation des réserves
d’or disponibles à l’échelle de la planète,
soustrayez la production et les importations Chinoises pour déterminer
ce qu’il reste vraiment de disponible. Alors que l’appétit
de la Chine continue de grandir, cela pourrait bientôt poser un
problème de taille.
La Chine devrait creuser le
déséquilibre : Comme ont pu le prouver mes
recherches, la part de réserves appartenant à la Chine augmente
alors que celle du reste du monde diminue. Nous avons toutes les raisons de
croire que la Chine continuera d’acheter des projets miniers. Selon
moi, prendre position sur des projets cibles pourrait être une attitude
très sage (même si la Chine ne les achète pas).
C’est exactement ce que Doug Casey, Louis James et beaucoup
d’autres membres de Casey Research
considèrent actuellement.
Une prise de conscience soudaine
du public le poussera à se ruer vers les étagères des
revendeurs d’or : Il n’existe rien de tel
qu’une ruée vers l’or, et si une mania venait à se
développer, l’or deviendrait de plus en plus difficile à
dénicher. Pourquoi attendre pour acheter ? Une mania est propice
à la vente !
Mon
conseil est très simple : assurez-vous de disposer assez
d’or en prévision de la crise de l’offre à venir. Et
pour disposer du meilleur effet de levier qui soit, investissez sur les
meilleures actions sur l’or.
|