Selon
les dires d’un analyste très célèbre, l’un
des principaux problèmes que pose l’utilisation de l’or en
tant que monnaie serait que les réserves d’or disponibles
pourraient subir de très fortes fluctuations si une importante
découverte minière venait à être faite.
L’ignorance que reflète ce commentaire est à en couper le
souffle. Le reproche que l’on entend souvent au sujet de
l’utilisation de l’or comme monnaie est que les quantités
d’or disponibles n’augmentent pas assez rapidement pour supporter
une bonne croissance économique, comme si produire plus
nécessitait une quantité accrue de moyen
d’échange. Pour comprendre pourquoi l’idée de la
stagnation des réserves d’or disponibles pose problème,
vous devez avoir des connaissances de base en matière de
théorie économique, ce dont la plupart des gens ne disposent
pas. En revanche, pour comprendre pourquoi l’idée de fortes
fluctuations des réserves d’or disponibles pose
problème*, il vous suffit de contempler quelques graphiques. Il
semblerait que les analystes qui ont émis les commentaires ci-dessus
ne se sont même pas donné la peine de jeter un œil sur un
simple graphique avant de répandre de telles idioties.
Les
graphiques qu’ils auraient dû observer sont ceux de
l’évolution de la masse monétaire sous notre
système actuel, c’est-à-dire sous un système qui
permet aux banques centrales de déterminer la base monétaire.
Mais avant de regarder nous-mêmes ces graphiques, penchons-nous un
instant sur les réserves d’or globalement disponibles.
Au
cours de ces 100 dernières années, les réserves d'or
disponibles à la surface de la terre ont augmenté à
hauteur de 1,5 à 2% par an. Si ce taux a pu varier de temps à
autres, ce n’était que d’un très faible
pourcentage. A la fin des années 1800 et au début des
années 1900, la production d’or a augmenté en raison de
très nombreuses découvertes de gisements d’or et de
l’invention du processus de lixiviation au cyanure. Aujourd’hui,
et à l’échelle globale, la tendance est marginalement
à la baisse. Et dans tous les cas, même si nous nous imaginions
qu’une très importante avancée technologique permette un
jour aux sociétés minières de doubler leur niveau de
production annuel, la conséquence n’en serait qu’une inflation
des quantités d’or disponibles de 3% par an contre 1,5%
aujourd’hui.
La
production d’or devrait continuer d’augmenter à hauteur de
1,5% par an. Si l’absurde scénario présenté plus
haut venait à se produire, ce pourcentage passerait à 3%. Ce
taux ne peut décliner, parce que de la même manière que
de l’or ne peut être créé à partir de rien,
il ne peut se dématérialiser. En quoi l’or est-il
différent de notre devise fiduciaire ?
Voici
une série de graphiques qui vous aideront à comprendre ce
point. Le premier est un graphique de Mike Pollaro
qui présente l’évolution d’année en
année de l’évolution de la masse monétaire du
dollar (TMS2 sur le graphique), de l’euro, de la livre sterling et du
yen. Ce graphique montre bien qu’à l’exception du yen, le
taux de croissance annuel de la masse monétaire des devises majeures
depuis 2000 a oscillé entre -3 et 18% pour certaines. Le yen est la
devise la plus fiable, avec une oscillation variant de -1 à 5%.
Pour
ce qui est des autres devises, les graphiques suivants nous montrent bien
que :
1)
Depuis le début de l’an 2000, le taux de croissance annuel de la
masse monétaire du dollar Australien est passé de 15 à
0%, puis de nouveau à 26% avant de retomber à -3% (ce qui
traduit une brève période de déflation monétaire)
et de regrimper jusqu’à 5 voire 10%. Et la banque centrale
Australienne est considérée comme étant l’une des
plus prudentes de toutes !
2)
Le taux de croissance annuel de la devise Brésilienne est passé
de 0-7% à 20-30%.
3)
En Chine, le taux de croissance de la masse monétaire M1 a oscillé
au cours des sept premières années de cette dernière
décennie entre 10 et 20%. A la fin 2008, ce taux est passé
à 8% avant d’atteindre 40% au début de
l’année 2010, puis de retomber à 3% au début de
cette année.
4)
Le taux de croissance annuel de la devise Sud-Africaine n’a fait
qu’osciller dans tous les sens. L’économie Sud-Africaine a
donc jonglé entre déflation et inflation monétaire.
Et
certains ont encore le culot de dire que l’instabilité de la
masse monétaire est un problème posé par
l’étalon or !
Les
importants changements en matière de masse monétaire vont
à l’encontre de la croissance et sont toujours engendrés
par la capacité des banques centrales et des gouvernements à
déterminer la base monétaire.
*Comme
je l'ai expliqué de nombreuses fois, c'est la raison pour laquelle les
fluctuations en termes de production minière peuvent être
ignorées lors de la détermination du comportement futur du prix
de l’or.
|