Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Encore une fois nous avons de quoi largement occuper notre esprit
chagrin aujourd’hui. Un excellent article du Figaro nous apprend que
l’immobilier serait un peu cher en France. Personnellement, je
l’avais déjà constaté, mais le déni se
poursuit. Souvenez-vous, il y a quelques jours nous nous étions
amusés avec les déclarations des professionnels de
l’immobilier qui développaient des analyses transcendantes du
style « plus personne n’achète et les transactions
s’effondrent mais les prix devraient continuer à se maintenir
à des niveaux stratosphériques pour les siècles des
siècles Amen » et la messe était dite. Fin de
l’histoire, continuez à vous endetter pour vos 45 prochaines
années à taux variables de préférence (des fois
qu’ils iraient en dessous de zéro) pour acheter un clapier
à 2h30 de votre lieu de travail.
L'immobilier
français serait le plus surévalué au monde
C’est une étude internationale du magazine The Economist qui montre donc que l‘immobilier
français est l'un des plus surcotés au monde tandis que les
prix en Allemagne sont les plus sous-évalués d'Europe ! Encore
une fois ces satanés germains !!
C’est peut-être le moment de vendre son clapier parisien
pour s’installer à Berlin. Cela dit, c’est vrai que les
prix y sont beaucoup plus faibles que chez nous, dans des proportions qui
surprendraient plus d’un de nos concitoyens. En plus, si l’euro
éclatait ou si la zone euro était reconfigurée, vous
pourriez vous retrouver avec de futurs marks qui vaudraient beaucoup plus que
de l’immobilier français en pleine bérézina libellé
en futurs mauvais francs dévalués.
Mais ne pensez surtout pas à ce genre de chose, cela
n’arrivera jamais puisque François Hollande (notre
président désormais chef de guerre) nous a dit que l’euro
était sauvé.
Selon The Economist, la France est
aujourd'hui numéro un en Europe pour la surévaluation des
loyers par rapport au prix de vente (seuls le Canada, Hong Kong et Singapour
sont devant) et le numéro un mondial pour la surévaluation des
prix par rapport au revenu des ménages (devant le Canada, les Pays-Bas
et l'Australie).
Mais tout le monde a oublié que sur le marché
immobilier, à un moment ou un autre, il faut quand même
intégrer dans l’équation de la solvabilité des
acquéreurs les revenus moyens… et ils ne sont tous simplement
plus en adéquation avec le niveau des prix. Jusqu’à
présent, les choses ont pu être compensées par
l’endettement, la baisse des taux d’emprunt et bien sûr
l’allongement de la durée des crédits… Mais tout
cela a des limites.
Nous y sommes et les prix vont devoir s’ajuster, ce qui veut
dire baisser. Cela ne s’arrangera pas avec la récession
prévue pour 2013 en raison du léger climat
d’austérité qui règne dans notre Hexagone
national.
Selon cette étude, les tarifs français sont
surcotés de 50 % pour les loyers et de 35 % pour les prix.
Il est à noter que cette étude met en avant encore une
fois l'Allemagne comme l’un des très rares pays où les
propriétaires ont de bonnes chances de continuer à enregistrer
des plus-values et que les prix seraient sous-évalués de 17 %
!!
Alors, à votre avis ? Où faut-il investir ? Ce qui est
bien avec l’Europe, c’est que vous avez le droit d’acheter
partout… Vous pouvez même payer vos impôts en Belgique si
vous en avez envie.
"Chérie !! Chééééérieu…
Fais tes valises, on part vivre à Berlin !
- Tu es fou mon amour, Berlin c’est loin de mes copines, il fait
froid et ils parlent allemand… Tu n’y penses pas
sérieusement quand même ?
- Heu... Franchement si, mais grâce à toi j’ai une
excuse pour ne jamais faire de bonnes affaires... Allez, restons dans notre
clapier, on y est tellement bien !" Mais ce n’est pas
l’information la plus importante.
Sinon j’ai aussi beaucoup aimé aujourd’hui la
réaction d’Arnaud Montebourg, notre sinistre du Redressement
productif. On dirait que le métier commence à rentrer.
Remarquez, vous savez ce qu’on dit : "C’est en forgeant que
l’on devient forgeron..."
Renault
recherche davantage de flexibilité en France
Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, s’est
félicité de ce qu’il n’y ait "ni
licenciements, ni fermetures d’usines".
Et le voilà content notre Arnaud. Remarquez, c’est son
premier succès. C’est vrai qu’il n’y est pas pour
grand-chose, c’est juste Renault qui a dit que ce serait des
départs naturels… Et youpi tralala…
Bon, du côté de Renault, on se montre
légèrement moins catégorique avec des petites
subtilités linguistiques, mais qui feront toute la différence
plus tard, du genre « une fermeture de site n’est pas
inéluctable » tout en sachant que la Direction de Renault vient
d’ouvrir des discussions avec les syndicats maisons afin
d’obtenir plus de flexibilité et également quelques
baisses de salaires substantielles en laissant planer justement la
délocalisation de la production française vers d’autres
pays comme l’Espagne dont les salariés du Groupe ont
accepté il y a quelques mois une pilule sociale bien amère.
Pour mettre tout le monde à l’aise, la Direction, dans un
document transmis aux syndicats français, explique que le coût
moyen annuel d'un salarié de ses sites d'assemblage français se
situe autour des 50 000 euros par personne, charges sociales comprises,
contre 35 000 pour un employé des sites espagnols et moins de 11 000
euros pour un ouvrier de l'usine roumaine.
Voilà la saine ambiance de progrès social qui
règne chez Renault, il reste donc encore une marge importante avant
que nos ouvriers soient aussi compétitifs que les Roumains. Mais nous
en prenons le chemin. Mais ce n’est pas l’information la plus
importante.
Pendant ce temps, la Banque qui « dirige » le monde,
Goldman Sachs, a gagné beaucoup d’argent en 2012.
Goldman
Sachs : bénéfice plus que doublé en 2012, et meilleur
qu'attendu
La banque d'affaires américaine Goldman Sachs a annoncé
mercredi le doublement de son bénéfice pour l’exercice
2012 à 7,3 milliards de dollars, ce qui fait, vous en conviendrez, un
peu d’argent.
Moi, naïvement, je me suis dit ils sont vraiment très
forts chez Goldman. Ils ont réussi à faire plus de
crédits aux gens et aux entreprises du coup ils ont gagné plus
de sous.
Ils ont réussi à vendre plein d’actions aux
épargnants car les marchés ont monté. Du coup, ils ont
gagné plus de sous.
Bref, en faisant le métier de banquier, ils ont gagné
plein d’argent.
Eh bien pas du tout. Mais alors pas du tout du tout.
Lorsqu’on lit bien, on se rend compte que les commissions et
tarifs sur opérations de marché ainsi que les revenus provenant
des activités de crédit ont reculé de respectivement 16
% et 25 %. Il faut donc comprendre que les activités liées au
« vrai » métier de banquier se sont effondrées en
2012, ce qui est parfaitement logique vu que les États-Unis se
réindustrialisent et que la croissance économique est saine et
forte (c’est ironique bien sûr).
Non, ce qui a rapporté beaucoup d’argent à Goldman
Sachs cette année, ce sont les opérations de marché en
propre et d'autres opérations en compte propre. Ces dernières
ayant été multipliées par quatre en un an !!
Donc en clair, Goldman Sachs a gagné 4 fois plus d’argent
cette année que l’année dernière parce que Goldman
Sachs a spéculé pour son propre compte avec tous les risques
que cela comporte comme le prouvent les difficultés de la JP Morgan,
dont le trader surnommé "la Baleine de Londres" a
entraîné des pertes abyssales.
D’ailleurs, vous savez, mais c’est un secret, sur les
marchés, les gains des uns sont les pertes des autres. Si Goldman rit,
la JP Morgan pleure. Il y a une équipe qui a gagné et
l’autre qui a perdu. C’est à peu près aussi simple
que ça. Mais personne ne vous le dira.
Le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, a
pu se féliciter en déclarant que « bien que les
conditions économiques soient restées difficiles pendant
presque toute l'année, la solidité de notre modèle
d'activité et l'accent mis sur une gestion rigoureuse ont
généré de bonnes performances pour nos actionnaires
».
Ce que j’aime c’est son concept de gestion rigoureuse, du
genre pas de problème on peut faire 7 milliards de profits en
spéculant sans prendre de risque.
L’essentiel a été préservé, les
actionnaires vont pouvoir se gaver. Rien n’a changé depuis cinq
ans. Nous en sommes au même point mais avec des montants en jeu encore
plus importants qu’au début de la crise en 2007.
Mais toutes ces informations sont secondaires au regard de la petite
bombe qui vient d’exploser grâce, ou à cause, de nos
« zamis » allemands. Car la voici
l’information majeure.
C’est
officiel enfin, l'Allemagne rapatrie ses stocks d'or !
Cela faisait longtemps que la rumeur était devenue de plus en
plus insistante, mais comme vous avez pu le constater je suis toujours
très réticent sur le fait de relayer des informations
officieuses.
Selon le quotidien allemand Handelsblatt, la Bundesbank (ce qui reste
de la Banque centrale allemande) devrait annoncer aujourd'hui officiellement
qu'elle rapatriera la totalité des stocks confiés à la
Banque de France, soit 374 tonnes, et une partie de l'or stocké
auprès de la Réserve fédérale
américaine...
Pour mémoire, l'Allemagne possède les deuxièmes
réserves d'or du monde après les États-Unis, avec 3 396
tonnes, pour une contre-valeur d’environ 185 milliards de dollars.
Nombreux sont ceux à expliquer que l’or est une relique
barbare et qu’il ne sert à rien, qu’il ne rapporte rien.
Néanmoins, à moins d’être sourd et aveugle,
ceux-là même qui vous déconseillent l’or sont actuellement
en train de développer des stratégies très complexes
autours du métal jaune, avec un seul objectif en tête : en
accumuler le maximum sans que cela ne se voit et
sans faire monter les cours.
Les banques centrales qui ont leur or délocalisé chez
d’autres le rapatrient… C’est un mouvement mondial :
Venezuela, Allemagne etc. Mais l’or ne sert à rien.
Les banques centrales qui n’ont pas « assez
»d’or en réserve font tout pour augmenter au plus vite
leurs réserves… C’est un mouvement mondial : Chine, Russie,
Brésil etc. Mais l’or ne sert à rien.
En Europe et aux États-Unis, partout, dans chaque ville de
chaque état, des sociétés de rachat d’or, souvent
basées dans un paradis fiscal qui s’appelle l’île de
Man, se chargent de siphonner les réserves d’or et les
débris d’or des populations. Ces débris achetés
une misère sont refondus sous forme de lingots et viennent remplir les
coffres de la Banque centrale américaine... Mais l’or ne sert
à rien.
Les banque centrales ne se font plus confiance et souhaitent
préserver leurs intérêts stratégiques, ce qui est
le cas de l’Allemagne qui pense que son or stocké ailleurs
pourrait servir à autre chose qu’au peuple allemand.
Sacrée défiance. Mais l’or ne sert à rien.
La cour fédérale des comptes allemande avait ainsi
émis récemment des doutes sur l'authenticité des
données fournies par les banques centrales étrangères,
estimant que l'Allemagne n'était pas en mesure de contrôler
régulièrement leurs déclarations au sujet de ses stocks
d'or... Mais l’or ne se sert à rien.
Effectivement, l’or ne sert à rien, mais vous feriez
mieux d’en avoir quand même un peu… au cas où
finalement il finirait par servir à quelque chose comme semblent le
penser les Allemands.
Les mouvements sur les cours actuels de l’or ne sont que des épiphénomènes
sans aucune importance. L’or peut même baisser encore, que cela
justement masque et cache une toute autre réalité, qui est au
contraire celle de son retour en force.
Alors comme dans Le Petit Prince, n’oubliez pas que
l’"on ne voit bien qu’avec le cœur, l’essentiel
est invisible pour les yeux".
Charles
SANNAT
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
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