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Suite
de l’article précédent
Aussitôt
que la guerre prit fin, les Américains commencèrent à
découvrir les trésors de guerre des Japonais. Le
général MacArthur, en charge de
l’occupation, aurait rapporté la découverte d’un
très important butin d’or, d’argent, de pierres
précieuses, de timbres postes étrangers, de plaques
gravées ainsi que… de devises illégales au Japon. Ses
représentants ont été chargés
d’arrêter Yoshio Kodama,
ayant vendu de l’opium en Chine durant la guerre, et supervisé
les cargaisons de métaux industriels tels que le tungstène, le
titane et le platine en partance pour le Japon. Tout au long du XXe
siècle, le Japon était de loin le plus important producteur
d’opium d’Asie, tout particulièrement du fait de ses
colonies de Corée puis de Manchourie, saisie en 1931. Kodama fournissait de l’héroïne et des
liqueurs à la Chine occupée en échange de pièces
d’or, de bijoux et d’objets d’art, que les Japonais
fondaient ensuite pour en faire des lingots.
Après
la défaite, Kodama rentra au Japon
immensément riche. Avant d’être envoyé en prison,
il offrit une partie de son butin aux hommes politiques conservateurs Ichiro Hatoyama et Ichiro Kono, qui utilisèrent ces recettes pour financer
le jeune parti libéral, précurseur du parti ayant
été à la tête du Japon quasiment sans interruption
depuis 1949. A sa sortie de prison en 1949, Kodama
devint membre de la CIA et devint agent chef au Japon pour la
société Lockheed Aircraft. Il fut
chargé de faire chanter les hommes politiques pour qu’ils
achètent des avions de chasse Lockheed F-104 et des avions F-104.
Grâce aux richesses issues de son pillage, ses contacts avec le milieu
contrebandier et sa position en tant que partisan du militarisme, Kodama devint le parrain de l’élaboration du
parti unique pro-Américain au Japon.
Il
n'était pas le seul à profiter des conséquences de la
guerre. L’une des hypothèses les plus controversées des Seagrave est que le pillage de l’Asie aurait eu
lieu sous la supervision de la maison Impériale, ce qui contredit
l’idée Américaine voulant que l’Empereur ait
été un pacifiste et rien de plus qu’un figurant dans la
guerre. Selon lui, après l’invasion de la Chine par le Japon le
7 juillet 1937, l’Empereur Hirohito aurait nommé l’un de
ses frères, le Prince Chichibu, à la
tête d’une organisation secrète appelée kin no yuri
(‘le Lis d’Or’), et dont l’objectif était de
s’assurer que les activités de contrebande étaient
menées en bonne et due forme et qu’aucune cargaison
n’était détournée par des officiers militaires ou
autres personnes extérieures telles que Kodama.
Placer un Prince à la tête d’une telle organisation
permettait de garantir à ce que tout le monde se plie aux ordres, et
à ce que l’Empereur devienne immensément riche.
L’Empereur
a également employé le Prince Tsuneyoshi
Takeda, l’un de ses cousins, dans l’armée Kwantung en Manchourie, puis en tant qu’officier de
liaison personnel dans les quartiers du général Hisaichi Terauchi à
Saigon, afin qu’il supervise les pillages et s’assure à ce
que le butin soit exporté vers des régions du Japon
contrôlées par Terauchi. Bien
qu’affecté à Saigon, Takeda travailla quasi-exclusivement
aux Philippines en tant qu’adjoint du commandant Chichibu.
Hirohito nomma le Prince Yasuhiko, son oncle, au
poste de commandant adjoint de l’armée d’occupation de la
Chine centrale. C’est lui qui mena l’assaut final à Nanking, alors capitale de la Chine, entre les 2 et 6
décembre 1937, et donna l’ordre ‘d’exécuter
tous les captifs’. Les Japonais pillèrent 6000 tonnes d’or
du trésor de Chiang Kai-shek
ainsi que des domiciles des dirigeants de la Chine Nationaliste. Les trois
Princes étaient diplômés d’université, et
tous trois survécurent à la guerre. Chichibu
mourut en 1953 de tuberculose, mais les deux autres eurent le temps de
devenir très vieux.
Entre
l’hiver 1941 et le printemps 1942, avec la prise par le Japon de
l’ensemble de l’Asie du Sud, dont les Philippines et
l’Indonésie, la mission du Lis d’Or redoubla
d’importance. En plus des actifs monétaires des Hollandais, des
Anglais, des Français et des Américains dans leurs colonies
respectives, le Lis d’Or s’est emparé d’autant de
richesses Chinoises qu’il a pu en trouver, a pillé les temples
Bouddhistes, dérobé les Bouddhas d’or de Birmanie, vendu
de l’opium aux populations locales et volé des pierres
précieuses à tous ceux qui en possédaient. L’or
ainsi récolté était ensuite fondu sous forme de lingots
auprès d’un atelier de fonte dirigé par des Japonais
à Ipoh, en Malaisie, qui étaient ensuite marqués en
fonction de leur poids et pureté. Chichibu
faisait l’inventaire du butin et le faisait transporter par bateaux
maquillés en navires-hôpitaux vers le Japon. Il n’existait
alors aucune route terrestre entre la Corée et le Japon, à
l’exception d’une très courte période à la
fin de l’année 1944.
Beaucoup
d’or et de pierres précieuses furent perdus lors de conflits
sous-marins avec les Etats-Unis. Dès le début 1943, il
n’était plus possible pour le Japon de traverser le blocage des
Alliés autrement que par voie sous-marine. Chichibu
transféra donc ses quartiers depuis Singapour jusqu’à
Manille, et demanda à ce que les cargaisons soient désormais
envoyées vers les ports des Philippines. Lui et son personnel
s’attendaient à ce que la guerre prenne fin sur simple signature
de contrat, et s’imaginaient que les Etats-Unis rattacheraient les
Philippines au Japon en récompense pour avoir mis fin à la
guerre. A partir de 1942, Chichibu supervisa la
construction de 175 sites de stockage ‘impériaux’
destinés à dissimuler le butin du Japon jusqu’à ce
que la guerre prenne fin. Les travailleurs forcés et prisonniers de
guerre creusèrent des tunnels, et s’y retrouvèrent
souvent enterrés vivants aux côtés de quelques officiers
et soldats Japonais lorsque les sites étaient rebouchés afin de
garder leur localisation secrète. Chacune de ces cachettes
était piégée, et les cartes du Lis d’or furent
soigneusement codées pour dissimuler toute information relative
à leur localisation et leur profondeur. A Manille, le Lis d’Or
construit même des cavernes au trésor dans le donjon de
l’ancien fort Espagnol de Santiago, au sein des anciens quartiers
généraux Américains (Fort McKinley, aujourd’hui
Fort Bonifacio), sous la cathédrale de la ville, ainsi
qu’à tous les autres endroits que les Américains ne
penseraient jamais à bombarder. Vers la fin de la guerre, Chichibu et Takeda fuirent vers le Japon en sous-marin.
A suivre…
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