Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
On vous l’avait dit, on s’en doutait, vous l’aviez
deviné… mais maintenant c’est officiel… la « crôassance » américaine bat de
l’aile. Elle bat tellement de l’aile qu’elle est devenue
négative la crôassance…
Allez, pour l’humour et parce que c’est quand même
une excellente blague, je vous reproduis la plus belle phrase de la
dépêche…
USA : baisse
inattendue du PIB au T4, à - 0,1 %
« WASHINGTON, 30 janvier (Reuters) – Le produit
intérieur brut (PIB) américain s'est contracté de 0,1 %,
contre toute attente, au quatrième trimestre 2012, en rythme
annuel… »
Reuters ou l’AFP utilisent toutes les deux le même genre
de vocabulaire. C’est la novlangue des agences de presse. Moi, ce qui
me plaît là-dedans, mais je pense que vous vous en doutez,
c’est l’expression « contre toute attente ».
Mon brave monsieur, ma brave dame, c’est normal c’est
contre toute attente. On pouvait pô
s’en douter… On a bien compris que l’on souhaitait nous
faire croire que tout allait mieux que bien ces derniers temps.
D’ailleurs, depuis la dernière poussée de fièvre
d’inquiétude en raison de la crise en Espagne, tout va mieux que
bien en Europe, mais qu’est-ce qui a réellement changé
depuis.
Rien de
rien, non vraiment rien n’a changé
On l’a déjà dit et répété
maintes fois alors je ne veux pas insister sur ce point dans chaque
édito mais une petite piqûre de rappel est toujours salutaire.
Non, il n’y a pas de croissance autonome et sans dette aux
États-Unis. La preuve en est, grâce à ces mauvais
chiffres, l’or reprend des couleurs et de l’éclat ce soir
et signe l’une de ses plus fortes hausses de ces dernières
semaines. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’or a été
limité dans ses performances par les déclarations de la FED qui
avait indiqué qu’elle arrêterait les quantitative easing à la fin de l’année 2013 car
la croissance était là…
Ce n’était qu’un effet d’annonce. À
l’époque où Jean-Claude Trichet était encore
gouverneur de la BCE, il avait fait le même type de déclaration
où il indiquait qu’il allait remonter les taux pour faire face
au dynamisme économique qui entraînait un risque accru
d’inflation… À l’époque, j’avais fait
un papier pour dire que ce ne serait pas le cas… que
c’était juste de la communication. Mais sur le moment, cela
avait eu de l’effet. L’impact de la communication est
parfaitement maîtrisé par nos élites politiques et
économiques.
Or là, comme la BCE à l’époque qui depuis a
fortement réduit ses taux d’intérêt, la FED ne
pourra pas mettre fin aux politiques d’impression monétaire sauf
en acceptant une récession massive, idée jusqu’à
présent rejetée avec force par les politiques
américains. C’est donc dans ce contexte que l’or
s’adjuge plus de 1 % ce soir et qu’il apparaîtra
progressivement et tout au long de l’année 2013 que sans fausse
monnaie il n’y a pas de croissance, déjà qu’avec
des milliards injectés… il n’y en a pas non plus ou
presque pas.
C’est le Japon qui nous donne l’exemple du piège
des taux bas et de l’impression de monnaie pour lutter contre les
forces déflationnistes en vigueur dans l’Empire du Soleil-Levant
depuis maintenant presque 30 ans.
Tout cet endettement et cette fausse monnaie finiront par poser un
problème insurmontable à l’économie mondiale, bien
que personne ne puisse prédire avec certitude quand ce moment de
« trop-plein » arrivera, mais il surviendra et mieux vaudra pour
chacun d’entre nous y être préparé.
Pendant ce temps, et c’est la deuxième information
importante de la journée, Goldman Sachs pense à nous et se
préoccupe de l’avenir de notre pouvoir d’achat en
conseillant à la France une baisse de 30 % de nos salaires afin de
retrouver de la compétitivité.
Goldman
Sachs conseille à la France de baisser les salaires de 30 %
La banque américaine Goldman Sachs donne des conseils à
François Hollande pour enrailler la crise, notamment baisser tous les
salaires de l'Hexagone de 30 %.
C’est l'économiste en chef de la banque, Huw Pill, qui a fait part de son
analyse (brillante, ce qui est ironique) de la situation française.
Interrogé sur ce que pourrait être la solution miracle à
proposer au président de la République François
Hollande, Huw Pill
explique « qu’il faudrait s’appuyer sur une baisse des
salaires générale, afin de regagner de la
compétitivité. On estime que la France devrait réduire
sa moyenne salariale d’environ un tiers… » Soit 33 % de
moins en moyenne. Mais c'est « politiquement impossible à
imposer », convient-il.
L'expert de Goldman Sachs se veut confiant sur l'avenir de la France
qui « aura entrepris ces changements d’ici trois à cinq
ans. Elle devrait donc prendre la bonne direction, qui rendra la zone euro
plus puissante et plus résistante ».
Ce que je veux bien croire dans la mesure où le gouvernement
Ayrault, qui n’a de socialiste que le nom, le mariage pour tous et
éventuellement le droit de vote pour les étrangers,
opère les réformes de flexibilité les plus fortes jamais
effectuées dans notre pays.
La Grèce où les salaires ont perdu jusqu’à
80 % par rapport aux plus hauts de 2007 nous donne également le chemin
que nous sommes tous en train de suivre.
Le monde entier s’est lancé dans une course à la
dévaluation compétitive, soit par les monnaies – ce qui
est le cas pour les USA, le Royaume-Uni ou le Japon – soit par la
baisse des salaires et la déflation, ce qui est le chemin choisi pour
le moment par l’Europe et en particulier par la zone euro
emmenée par l’Allemagne.
Cette course
à la compétitivité est une absurdité
Encore une fois, cette course à la compétitivité
est une absurdité économique. Pour une simple raison : si nous
baissons les salaires pour se retrouver en ligne avec les salaires chinois
(ce qui est l’objectif clairement inavoué), cela va
entraîner dans nos pays occidentaux une très forte
déflation, puisqu’en baissant les salaires de 30 ou 40 % vous
allez baisser le PIB de votre pays globalement d’autant…
Mais les dettes, elles, restent constantes, voire poursuivent leur
augmentation comme le cas grec l’illustre parfaitement. À
l’arrivée, et malgré la baisse énorme des salaires
grecs, la Grèce de 2013 est plus endettée que celle de
2010… alors qu’entre-temps la dette grecque a été
restructurée.
Appliquée à l’ensemble des pays, cette politique
mènera à la faillite des états occidentaux. Je ne vois
pas ce que les banques y compris Goldman Sachs auraient à y
gagner… à moins que…
Charles SANNAT
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
http://www.leparisien.fr/economie/goldman-sac...013-2525317.php
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