« On
voit bien que quand il y a des dogmes, et pas de volonté de sauver
l'emploi on va dans le mur ». Ainsi s’exprime Laurent
Berger, secrétaire général de la CFDT. C’est une
sorte d’épitaphe sur la pierre tombale de l’usine
d’Amiens de Goodyear.
Les
dogmes : ce sont ceux de la CGT. Réorganisation, plan de
départ volontaire, solution de reprise, rien n’y a fait. Les
responsables CGT ont rejoué un mauvais remake de Germinal, oubliant
que nous étions au 21ème siècle. La centrale
de Montreuil a affiché un entêtement qui a couté la
suppression de 2 000 emplois.
Pas de
volonté de sauver l’emploi : c’est la triste
vérité et Goodyear vient ajouter son nom à la
désolante liste des entreprises coulées ou affaiblies par
ceux-là qui auraient dû les aider à conserver leurs
activités dans l’intérêt des travailleurs.
Qui se
souvient de la disparition de l’horloger Lip
en 1973 et de Manufrance en 1985 à cause de
militants CGT qui ont refusé toute discussion. Quant à la
Société nationale maritime Corse Méditerranée,
elle a perdu un total de 23 millions d’euros à cause des grèves de la
CGT sans compter la réputation détestable qu’a acquis le
port de Marseille. Ce sont encore
des militants CGT, les « Fabris »
à Chatellerault, ceux de Nortel dans les
Yvelines, ceux de JLG dans le Lot-et-Garonne, qui, en 2009, ont menacé
de tout faire sauter sans réaliser que la destruction de l’outil
de travail n’est en aucun cas une marque de respect pour le travailleur. La liste
ne s’arrête pas là. Fralib,
Florange, Sanofi, Technicolor, la SNCF, Air France, et bien d’autres
sont passées par les fourches caudines des piquets de grèves
cégétistes et en sont ressorties fragilisés, certaines
plus que d’autres.
Les faits sont incontournables :
la CGT dénature le droit de grève.
Historiquement,
le droit de grève est pourtant un des droits essentiels de notre
économie, défendu par ceux-là même qui
prônaient le libre-échange. Ainsi Frédéric Bastiat
avait pris la parole à l’Assemblée nationale en 1849 pour
défendre ce droit et Gustave de Molinari a
rapporté que «
dans les discussions relatives aux coalitions, Bastiat soutint, contre les
légistes de la majorité, le droit que possédaient les
ouvriers de refuser leur travail, soit isolément, soit en concert, et
il démontra qu'en les empêchant d'utiliser ce droit on
intervenait contre eux dans le débat des salaires. »
Mais en
aucun cas, le droit de grève ne doit porter atteinte à la
liberté de travail. Jamais le droit de grève ne doit aboutir
à l’affaiblissement de l’entreprise ou la destruction de
l’outil de travail. C’est pourtant dans ces deux extrêmes
qu’est tombé la CGT.
La CGT a
transformé la grève en stratégie de l’enlisement. Dans
le cas de Goodyear, pendant sept années la CGT a refusé toutes
les solutions proposées. Les responsables syndicaux ont confondu force
de conviction et entêtement et les ouvriers de Goodyear en paient le
prix fort puisque l’usine ferme aujourd’hui. Car quand le conflit
a commencé, la France n’était pas dans la crise
économique qu’elle connaît à présent. La
crise aidant, il est devenu de plus en plus difficile de trouver des solutions
pour conserver les emplois ou restructurer l’entreprise. Il y a sept
ans le monde était bien différent, mais pour la CGT il reste
toujours le même : celui de la lutte des classes.
Alors, en face
de l’échec de Goodyear et de tous les autres d’ailleurs,
on est en droit de se demander quel est le véritable objectif de cette
centrale syndicale ? S’il s’agit de déstabiliser le tissu
économique français, il est devenu clair que la CGT apporte
bien plus qu’une pierre à l’édifice.
|