Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Hier Frédéric Oudéa le pédégé de la Société
Générale était à Londres. C’est passionnant
la vie d’un banquier français au Royaume de sa très
« gracieuse » majesté. Alors quand je vois dans le journal
local que l’on parle d’un français, en plus patron de
l’une de nos plus grandes banques, évidemment
j’arrête tout séance tenante pour
m’atteler à une traduction difficile.
Oudéa ne mange pas de cheval…
Je m’attendais donc qu’Oudéa
parle de finance, de salles des marchés, de traders, bigre nous sommes
à Londres tout de même la ville de la City !
Et bien pas du tout. Sachez donc mes braves contrariens
et accessoirement pour certains d’entres vous
clients de la Générale, qu’Oudéa
a parlé cuisine. Enfin, pas de grande cuisine. De lasagnes bolo évidemment puisque c’est beaucoup plus
important que tout le reste.
Donc notre Oudéa national a
été comme le dit la presse anglaise sur « la
défensive pendant le déjeuner », où une meute de Rosbeefs en colère voulait dévorer tout cru
ce représentant des mangeurs de Horse (cheval pour les francophones).
Souhaitant survivre (les banquiers sont très forts pour
survivre à presque tous les types d’environnements
rencontrés), le pédégé
de la Société Générale a donc
déclaré que, je cite : « C’est seulement une petit
minorité de gens qui mange du cheval en France, et personnellement ce
n’est pas mon cas ».
Voilà. C’était sans doute l’information la
moins importante du jour, et je pense que les clients apprécieront le
travail remarquable du patron de la banque française, mais je tenais
à la partager quand même avec vous pour détendre
l’atmosphère.
Oui détendez-vous bien, parce que la suite ça plombe un
peu, le moral comme le portefeuille.
Une mère de 3 enfants s’immole dans une banque espagnole
et l’incendie au passage…
C’est un article d’El Mundo (le
Monde espagnol) qui nous l’apprend, une femme de 47 ans et maman de 3
enfants (cela rajoute à l’aspect dramatique et à
l’émotion cathodique) s’est immolée dans son agence
de la Caixa (la banque) et a mis également
le feu à l’établissement bancaire.
Il faut dire qu’elle venait d’être expulsée
puisqu’elle n’arrivait plus à rembourser le crédit
immobilier et qu’il semble, que revendre son appartement ou sa maison
en Espagne en faisant une plus-value et en soldant son crédit avec les
gains, n’est plus forcément très facile.
Se retrouver SDF avec trois enfants, effectivement c’est
désespérant. Ce genre d’acte ne peut que devenir de plus
en plus courant et nous montre à tous, à la fois la
dureté d’une « grande dépression »
économique, mais également la limite des politiques
d’austérité et des sauvetages répétés
des banques.
L’endettement
va devenir très dangereux
Cela doit donc attirer notre attention sur un point spécifique.
L’endettement.
J’entends très souvent les gens m’expliquer que
s'il y a de l’inflation, c’est une bonne idée de
s’endetter à taux fixes sur une longue période.
C’est un raisonnement hérité des 30 glorieuses,
période lors de laquelle les salaires étaient indexés
sur l’inflation, période de plein emploi et de plein essor
économique. Facile effectivement de s’enrichir à bon
compte.
Le problème c’est qu’aujourd’hui nous sommes
plutôt entrés dans la période des 30 miséreuses.
L’inflation est bien réelle, mais les salaires ne suivent plus.
Automatisation, informatisation, délocalisation et 5 millions de
chômeurs plus tard, il est évident que les salaires ne peuvent
pas progresser en tout cas en « moyenne » (il y aura toujours des
exceptions).
S’endetter aujourd’hui avec un salaire de 1000 euros pour
une mensualité de 33% soit 333€/mois est possible.
Le problème c’est qu’en Grèce le salaire est
passé en moins de 5 ans de 1000€ justement à
480€/mois. Si votre mensualité reste identique à
333€ par mois cela va très vite coincer et votre remboursement
de crédit va représenter 80% de vos revenus. L’histoire
n’est plus du tout la même dans ce cas
là.
Vous ne serez pas le seul dans cette situation. Tout le monde y sera.
C’est ce qu’il se passe avec cette pauvre femme qui vient de
s’immoler. Son bien immobilier n’a plus de valeur puisqu’il
n’y a plus d’acheteur. Résultat des revenus qui
s’effondrent avec le chômage mais des crédits qui
restent… constants. C’est la faillite personnelle assurée.
Des stress
test ménagers !
C’est ma femme qui m’en a donné
l’idée, elle est forte ma femme il faut dire, « dis-moi
mon chéri, plutôt que de gueuler contre les stress tests
bancaires bidons, si on se faisait un stress test à nous, mais un vrai
, un truc où on prend une vraie catastrophe financière dans la
figure ? »
Voilà une idée qu’elle est bonne et que vous
feriez mieux de vous appliquer à vous-même.
Que se passe-t-il si vous perdez 50% des revenus du ménage
à savoir un salaire entier. Saurez-vous faire face, ou plutôt
pourrez-vous faire face ? Si la réponse est non
désendettez-vous tant que vous le pouvez. Mais je ne vais quand
même pas revendre mon appartement et me retrouver locataire. Quelle
déchéance tout de même. De nos jours être
propriétaire c’est aussi un statut social. Celui qui a «
réussi dans la vie » est propriétaire. Les autres ? Des
nuls, des loosers…
Soit, mais si vous êtes endettés à 50% sur 30 ans
pour un clapier en banlieue vous feriez mieux de vous poser la question avant
que le clapier en question ne trouve même plus preneur, parce que si en
plus vous perdez votre job…
Oui mais il y a les ASSEDIC, enfin Paul emploi. Certes, mais Didier le
Nigaud le grand mamamouchi de la Cour des Comptes est en train de vous
expliquer que les ASSEDIC vu que chez Paul Emploi on va être vraiment
très nombreux, il va falloir les… réduire.
Et si votre retraite baissait de 50% ? Vous faites quoi ? Impossible,
nous les retraités on est intouchables blablabla… pouvoir
électoral blablabla, trop nombreux… ben justement. Les
retraités sont trop nombreux. Et quand le gâteau est le
même mais qu’il y a plus de convives soit il y en a qui ne
mangent pas, soit on diminue les portions… c’est ce que vous
explique Didier qui n’est pas si nigaud qu'il en a l’air. Alors
les pensions il va falloir les réduire.
Désendettez-vous
!
L’une de mes plus grandes convictions c’est que le
piège de la dette va se refermer sur nous tous. Les états
certes, mais aussi les ménages.
Si vous avez de l’épargne qui ne rapporte rien, et de la
dette soi-disant pas chère mais qui vous coûte tout de
même plus cher que ce que vos placements vous rapportent, il faut se
poser la question.
Epargnez !
Si vous avez une capacité d’épargne profitez-en !
Si vous n’en avez pas ou peu, passez toutes vos dépenses
à la paille de fer. Si, si, sauf sur les tous petits salaires, en
général pour les autres on peut trouver des marges de
manœuvre.
Epargnez, et mon meilleur conseil sera en pièce d’or,
surtout quand les cours sont à la baisse. Si vous avez de
l’épargne financière assurez-là par cet or. A vous
de voir où vous placez le curseur dans la répartition.
Mais l’idée principale, c’est qu’en
période de déflation la dette stable devient insupportable
quand les revenus baissent, et ils baissent les revenus ! Nous y sommes.
C’est à cela qu’il faut vous préparer et
vite.
Pendant ce temps-là le gouvernement planche sur sa nouvelle
prévision de « crôassance
» économique.
Alors la
croissance 2013 sera de…. ??
Et là franchement j’ai du mal à garder mon calme
et à ne pas hurler devant mon écran pour le malheur auditif de
mon épouse.
Mais bon sang, qu’il me demande à moi le taux de « crôassance » de notre pays pour 2013 !!!
Entre -0.8 et -1%... si tout se passe bien, parce que sinon on peut faire
nettement pire, et sans effort !
C’est un article de l’Expansion qui revient
aujourd’hui sur ce sujet, en essayant d’expliquer pourquoi…
on ne peut pas trop faire de prévision pour le moment.
Ce n’est pas que l’on ne sache pas en faire des
prévisions. Il y a plein de têtes bien faites et de forts en
maths dans notre pays pour faire quelques calculs. Non, le problème
c’est que si on annonce trop tôt que l’on doit
réviser nos prévisions fortement à la baisse, et bien
cela veut dire que l’on ne tiendra pas les 3% de déficit (du PIB
je précise).
Oui je précise du PIB car un de nos camarades contrariens me disait qu’il ne fallait pas
confondre 3% de déficit sur le PIB (c’est-à-dire 3% de
2000 milliards d’euros = 60 milliards) avec 3% de déficit sur
notre budget qui ne représente (notre budget) « que » 380
milliards d’euros. Vous l’aurez compris 60 milliards
c’est-à dire 3% de déficit sur PIB font 20% de
déficit sur le budget…. Ce n’est pas pareil.
Donc, le problème sera nos dettes, que l’on
n’arrivera évidemment pas à maîtriser… et
là la Commission Européenne ne sera pas du tout contente. Et nos « zamis
» allemands vont voir tout rouge, et quand les « zallemands » se fâchent… Bref, il faut
donc se hâter doucement dans nos nouvelles prévisions en
espérant que tous les autres élèves de la classe
européenne vont faire la même chose et idéalement avant
nous.
La seule grande idée du gouvernement socialiste actuel (et rien
ne dit que la droite s’y serait prise fondamentalement de façon
différente) c’est d’attendre que les autres
élèves annoncent les premiers leurs mauvaises notes pour
pouvoir relativiser la nôtre.
Ce n’est pas de la grande politique.
Charles
SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
http://www.elmundo.es/elmundo/2013/02/18/cast...1361191837.html
http://lexpansion.lexpress.fr/economie/pou...nce_373200.html
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