Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Comme vous le savez certainement, depuis le dernier G20 qui
s’est tenu en Russie au moment même où des
astéroïdes bombardaient le pays comme un signe du ciel
adressé à nos grandes éminences, il n’y a pas de
guerre des monnaies. D’ailleurs, le communiqué du G20
précisait bien qu’il fallait tout faire pour éviter une
guerre des monnaies qui n’avait pas lieu et qui n’aura jamais
lieu…
Cela m’avait fait dire à ce moment qu’effectivement
ce n’était pas tant une guerre des monnaies qu’un
effondrement simultané des plus grandes devises mondiales.
C’est donc une information qui nous vient de Chine et qui remet
au centre de la préoccupation ce sujet central dans les relations
géopolitiques entre les grandes nations.
Je vous cite donc intégralement cette dépêche de
l’Agence de Presse Xinhua.
La Chine est
préparée en cas de guerre des monnaies
« BEIJING, 2 mars -- La Chine est tout à fait prête
en cas de guerre des monnaies si une telle chose devait réellement se
produire, bien qu'"évitable", a annoncé vendredi soir
Yi Gang, vice-gouverneur de la banque centrale chinoise.
Yi Gang, vice-gouverneur de la Banque populaire de Chine, a fait cette
remarque face à l'inquiétude généralisée
que les grandes économies mondiales pourraient utiliser des politiques
d'assouplissement monétaire afin de faire baisser leurs monnaies dans
le but de gagner un avantage commercial.
Depuis l'entrée en fonction du Premier ministre japonais Shinzo Abe, le yen a chuté de 20% à la
suite de mesures inflationnistes audacieuses. Le yen a varié entre
92,30 et 94,30 par rapport au dollar américain au cours des deux
dernières semaines, soit son plus bas niveau depuis plus d'un an.
Une guerre des monnaies pourrait être évitable, a
déclaré M. Yi, si les décideurs des grands pays
observaient le consensus, atteint lors du récent G20, selon lequel les
politiques monétaires devaient avant tout servir d'instrument aux
économies domestiques.
Les membres du G20 ont promis qu'ils n'engageraient pas de guerre des
monnaies, mais aucun d'entre eux n'a montré de signe de recul dans
l'assouplissement monétaire qui a injecté un flot de
liquidités sur les marchés mondiaux. Ils craignent en effet que
la suppression du stimulus ne plonge leur économie dans une nouvelle
récession.
"La Chine est tout à fait prête", a
déclaré Yi Gang. "En termes de politiques
monétaires et d'autres mécanismes, la Chine tiendra pleinement
compte des politiques d'assouplissements quantitatifs mis en œuvre par
les banques centrales des pays étrangers." » (Agence de
Presse Xinhua).
La Chine se
lance dans la dissuasion monétaire
Après la dissuasion nucléaire, la Chine invente la
dissuasion monétaire. L’idée est de mettre en garde les
autres pays, ceux qui utilisent l’arme monétaire de la
dévaluation compétitive. Alors certes, pour des raisons
diplomatiques, les chinois préfèrent citer dans leur
dépêche le cas du Japon avec lequel les relations sont ce
qu’elles sont, plutôt que de mettre nommément en cause
certains pays occidentaux (accessoirement grands clients de la Chine) comme
le Royaume-Uni, ou encore au hasard les Etats-Unis !
Dans tous les cas le message n’en est pas moins clair. La Chine
ne sera pas le dindon de la farce monétaire. Une baisse de sa
compétitivité ne lui sera pas imposée. Cela ne peut
être que négocié entre grands partenaires et ce ne peut
être dans l’esprit de nos amis chinois qu’un processus progressif.
En disant cela, je ne suis ni pour, ni contre, je constate simplement
les faits de la politique économique menée par les
autorités de Pékin.
Pendant ce temps, justement au Japon, le nouveau gouverneur
s’installe avec justement comme objectif de favoriser la croissance
japonaise en imprimant autant de billets que nécessaire,
jusqu’à ce que la faiblesse du Yen renforce les exportations
japonaises.
Haruhiko Kuroda est nommé à la tête
de la Banque du Japon
C’est un article du Monde, qui détaille ce sujet. «
Décidé à sortir le Japon de la déflation et
à soutenir la croissance par les plans de relance et un
assouplissement monétaire drastique, le premier ministre japonais, Shinzo Abe, a choisi une personnalité partageant
pleinement ses idées pour diriger la Banque du Japon (BoJ).
Désigné par le gouvernement, jeudi 28 février,
l'actuel président de la Banque asiatique de développement
(BAD), Haruhiko Kuroda, devrait, si le Parlement
nippon valide ce choix, succéder, le 19 mars à l'actuel
gouverneur, Masaaki Shirakawa
».
Pour le nouveau gouverneur Kuroda, « il y a de multiples
possibilités d'assouplir la politique monétaire, la BoJ n'a pas pleinement joué son rôle
».
Il considère en effet que la banque centrale japonaise doit
diversifier encore plus ses achats d'actifs, et aller jusqu'à
acquérir des actions !!!
Et là je dois le dire je suis resté assez
médusé par cette dernière information. Vendez votre
maison et votre appartement (puisque ça y est l’immobilier en
France décroche enfin) et investissez tout en bourse. C’est
sûr que si la banque centrale imprime des billets à
volonté pour acheter des actions en bourse, il n’y a plus aucune
raison pour que les cours baissent !!
La banque centrale japonaise vient donc d’inventer
l’interdiction de vendre des actions. Il n’y a plus qu’une
seule position, l’achat !
Nous atteignons donc des sommets dans la création de fausse
monnaie. Les marchés ne peuvent en aucun cas être efficients
dans la mesure où ils sont désormais totalement biaisés.
On le savait pour le marché de la dette souveraine, et puis pour celui
des taux et enfin celui des devises. Ne restait plus que les marchés
boursiers sur lesquels les banques centrales vont se porter officiellement
acquéreuses a priori pour soutenir les cours.
La banque
centrale japonaise va ouvrir la voie aux autres !
On peut raisonnablement penser que ce que s’apprête
à faire la BoJ va ouvrir la voie à de
nouveaux assouplissements quantitatifs aussi bien en Angleterre qu’aux
Etats-Unis et à une échéance assez brève.
Dans ces conditions les politiques monétaires deviennent
à peu près du grand n’importe quoi, tout juste au niveau
de la partie de Monopoly de gamins de 10 ans…
C’est l’ensemble de ces éléments qui a
conduit la Chine à indiquer officiellement qu’elle ne resterait
pas en retrait et protégerait ses intérêts.
Les beaux engagements de papier du dernier G20, sont donc totalement
enterrés, et le Japon n’a jamais eu l’intention de ne pas
jouer avec sa monnaie. En ouvrant la porte à de nouvelles
méthodes encore plus « sauvages » les japonais ouvrent la
boite de pandore.
Pendant ce temps de l’autre côté de
l’atlantique les Etats-Unis sont en train de tomber de la falaise
fiscale dans un silence assourdissant.
La chute de
la falaise fiscale !
Républicains et démocrates ne se sont pas mis
d’accord. Les coupes budgétaires importantes vont commencer sur
une économie américaine chancelante.
Les marchés américains sont au plus haut, les
médias silencieux.
Je pense qu’il ne faut pas s’inquiéter de tout
cela, car la banque centrale américaine la FED rachètera tout
ce qu’il faut et bien plus encore, pour permettre aux marchés
actions de monter jusqu’au ciel, à celui des taux de baisser
jusqu’à zéro, et à celui des dettes souveraines de
trouver toujours un acheteur… c’est-à-dire la FED
elle-même.
Tout va donc très bien, jusqu’au jour où vous
découvrirez avec stupeur et tremblement que les principales monnaies
du monde ne valent guère plus que le prix du papier servant à
les imprimer… d’où vous le comprendrez aisément
l’intérêt majeur d’une monnaie totalement
électronique.
Les autorités monétaires jouent aux apprentis
sorciers… pour notre plus grand malheur, mais rien ne semble pouvoir
les arrêter.
Charles
SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/0...40129_3234.html
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