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(Cet article a été originellement publié sur Forbes le 8 mars 2013)
http://www.forbes.com/sites/nathanlewis/2013/...lf-destruction/
Je me suis
récemment fait un plaisir de lire le livre target="_blank" Fiat Money Inflation
in France, écrit par Andrew Dickson White. White y fait référence aux
vagues d’impressions monétaires qui ont eu lieu en France à partir de 1789.
Son livre a été publié en 1896.
Je me
contenterai de vous en communiquer quelques extraits qui, de mon humble avis,
parlent pour eux-mêmes.
‘Un nouveau fait troublant semble apparaître. Bien que la
quantité de monnaie ait augmenté, la prospérité a décliné à un rythme
soutenu. Malgré l’impression de nouveaux billets, l’activité commerciale se
trouve être de plus en plus spasmodique. Les entreprises sont paralysées et
le commerce stagne. Mirabeau, lors de son discours qui annonçait l’arrivée de
la deuxième grande vague d’impression monétaire, a insisté sur le fait que,
malgré les souffrances que pourraient endurer les banquiers, cette nouvelle
monnaie serait utile aux manufacturiers et restaurerait leur prospérité ainsi
que celle de leurs employés. Ces derniers se sont laissés rêver quelques
temps, avant d’être ramenés sur Terre par la dure réalité’.
‘Pire encore, nous avons également pu observer le
développement de la spéculation et des jeux d’argent. Avec la pléthore de
monnaie papier imprimée en 1791, apparut la première preuve qu’une maladie
cancéreuse vient toujours frapper à l’issue de l’impression de trop de
monnaie non-échangeable – une maladie qui porte plus atteinte à une nation
qu’une guerre ou une famine. Dans toutes les métropoles se sont développés
des centres du jeu qui, tels des tumeurs pernicieuses, ont absorbé la force
de la nation et étendu leurs fibres cancéreuses jusqu’aux hameaux les plus
retirés… A mesure que ceux qui fréquentaient les centres villes ont vu leur
richesse s’accumuler, la classe productrice du pays s’est… amincie’.
‘Les problèmes nés de plus anciennes vagues d’impressions
monétaires se sont désormais aggravés, mais la chose la plus étrange qui ait
émergé de tout ce chaos est un système d’économie politique. Dans les
discours, les journaux et les pamphlets de l’époque, nous pouvons souvent
lire qu’une devise dépréciée est une bénédiction, que l’or et l’argent ne
sont pas des standards satisfaisants en matière de détermination de valeurs,
que c’est une bonne chose d’avoir une devise nationale qui sépare la France
des autres nations et qu’ainsi, les manufacturiers sont privilégiés parce que
le commerce avec l’étranger est un fléau. Il était souvent dit que les lois
de politique économique applicables aux périodes antérieures ne l’étaient
plus au cours de cette période parce que, même si elles fonctionnaient encore
dans d’autres pays, les lois ordinaires de politique économique au service du
despotisme n’étaient plus adaptées au peuple Français éclairé de la fin du
XVIIe siècle. Toutes ces idées, et bien d’autres, ont fait surface lors de
débats’.
La situation
est-elle différente aujourd’hui ?
La France a fini
par se tourner à nouveau vers l’or – en grande partie parce qu’en 1797, la
monnaie papier n’était quasiment plus utilisée, et que les pièces de métal
étaient redevenues des standards commerciaux. Les gouvernements successifs
ont tenté d’imprimer plus de monnaie sans aucun résultat si ce n’est la
croissance de leur impopularité.
La scène était
donc prête pour l’arrivée de Napoléon. Napoléon a formalisé le retour de la
France à un étalon or en établissant la Banque de France en 1803. Il a
également refusé d’engager toute dépense déficitaire et a diminué les taxes.
La target="_blank" Formule
Magique était entrée en action en France. Voici un nouvel extrait de
White :
‘Mais cette histoire serait incomplète sans une brève
conclusion. Voyons donc comment le génie qu’était Napoléon a su profiter de
cette expérience. Lorsque Bonaparte entra au Consulat, les affaires fiscales
étaient dans une condition déplorable. Le gouvernement était en faillite, une
immense dette demeurait impayée. Il semblait impossible de continuer de lever
des taxes, et les bilans avaient des airs de confusion désespérée. La guerre
faisait rage à l’Est, sur le Rhin, et en Italie, et une guerre civile venait
d’éclater en Vendée. Les armées n’avaient pas reçu de salaire depuis
longtemps, et l’emprunt qui pouvait être effectué n’aurait alors pas suffit à
supporter les besoins du gouvernement une journée durant. Lors de la première
réunion du cabinet, Bonaparte se vit demander ce qu’il comptait faire. Il a
réarrangé les bilans, financé la dette et effectué des paiements en liquide.
A partir de cette date – lors des campagnes de Marengo, Austerlitz, Iena, Eylau, Friedland jusqu’à la paix de Tilsit en 1807
– seul un paiement en espèce a été suspendu et ce, seulement pour une durée de
quelques jours. Lorsque la première grande coalition Européenne se souleva
contre l’Empire, Napoléon rencontra des soucis financiers, et un retour au
papier monnaie fut suggéré. Dans une lettre à son ministre, Napoléon écrivit
‘Je n’aurai de mon vivant jamais recours à une monnaie papier’. Il a tenu
parole’.
L’autodestruction actuelle des Keynésiens nous mènera vers
l’établissement d’un nouvel étalon or, comme ce fut le cas par le passé. Mais
les Keynésiens devront d’abord s’immoler publiquement, comme c’était le cas
en France au XVIIIe siècle, sous les applaudissements du public.
Voilà qui devrait être intéressant. Commencez à préparer
le popcorn !
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