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Cours Or & Argent

La cacophonie des régulateurs est de mauvais augure !

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Publié le 25 mars 2013
1202 mots - Temps de lecture : 3 - 4 minutes
( 20 votes, 4,1/5 ) , 2 commentaires
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Rubrique : Editoriaux

 

 

 

 

Des décisions européennes incohérentes


Les instances européennes nous ont encore récemment offert un spectacle pitoyable. La décision de taxer les dépôts des banques chypriotes afin de contribuer au financement de la crise bancaire locale procédait sans doute d’une bonne intention. Il s’agissait d’éviter que le coût de la crise bancaire ne repose que sur le contribuable chypriote et en dernier ressort sur le contribuable européen à travers le plan d’aide européen. Le problème est que des règles à géométrie variable ad-hoc pourraient générer cette instabilité que ces instances européennes veulent à tout prix contrecarrer.


Les règles ne valent que si elles sont clairement énoncées et mises en application


Quiconque a dû éduquer des enfants sait pertinemment qu’une règle doit être énoncée clairement pour valoir en tant que règle et principe fondamental s’il en est un. Elle doit s’appliquer systématiquement sinon elle n’est pas respectée. Il semble bien que nos dirigeants européens aient oublié ce principe de base qui caractérise le comportement humain, des petits comme des grands.


Depuis le début de la crise de 2007, les plans de résolutions de crise bancaire au niveau européen se succèdent sans se ressembler. L’État irlandais et ses contribuables ont dû absorber le coût de la crise bancaire alors que l’Espagne a bénéficié du soutien de l’aide européenne. Il s’agissait d’éviter que le cas de l’Espagne ne se transforme en problème grec et de rompre le cercle vicieux entre dette bancaire et dette publique. L’union bancaire européenne a été créée à cet effet et le programme d’achat illimité de la dette des états européens en difficulté par la Banque centrale européenne vient le compléter.


Face à la crise bancaire chypriote, il était donc légitime de s’attendre à ce que ce pays puisse bénéficier de cet outil réglementaire. Et bien, non. Comme les irlandais, les chypriotes ont eu droit à un traitement particulier. Les raisons invoquées tiennent à la spécificité de Chypre, paradis fiscal européen pour Russes en mal de placement en Euros. Il est néanmoins difficile de voir le rapport entre ce constat et la décision de taxer l’ensemble des déposants pour participer au financement de sauvetage des banques.


Taxer les déposants, une décision particulièrement inique


La décision de taxer les déposants est particulièrement inique dans la mesure où les déposants, en particulier les petits déposants sont, à tort ou à raison, considérés comme incapables de juger de la qualité de leur établissement bancaire et à ce titre sont couvert par l’assurance des dépôts qui au niveau Européen s’élève à 100 000 euros, plafond qui s’applique également dans le cas de Chypre.


Cette garantie des dépôts est supposée contribuer à éviter les paniques bancaires dans la mesure où, dans un contexte de crise bancaire et d’incertitude, les déposants pourraient être pris d’un sentiment de panique et « se ruer » sur les banques afin d’y retirer massivement leurs dépôts. Cela entrainerait la faillite certaine des établissements bancaires déjà fragilisés.


Taxer les déposants, c’est les obliger à contribuer au renflouement de leurs banques et le rendre solidaires des décisions prise par leurs banquiers. Or, dans le même temps, les régulateurs estiment qu’ils ne sont pas assez compétents pour juger de l’état de leur établissement bancaire. Cette contradiction évidente ne semble pas sauter aux yeux des régulateurs.  Ou bien on estime que les déposants sont capables de discernement et effectivement il est envisageable de les mettre à contribution en tant que créanciers responsables. Ou bien on estime qu’ils ne sont pas avertis et ils ne peuvent donc pas être mis à contribution puisqu’ils ne sauraient être « responsables » des actions entreprises par leur établissement bancaire.


Fort heureusement les autorités européennes, face à l’impopularité de la mesure,  ont recommandé de ne taxer que les dépôts supérieurs à 100 000 euros. Cependant cela conduit à la vider de sa substance puisque le plafond s’applique au compte et non au titulaire du compte. Or, il est fort à parier que peu de comptes seront concernés étant donné que les titulaires de comptes supérieurs à 100 000 euros détiennent plusieurs comptes pour bénéficier de l’assurance totale de leurs avoirs. C’est sans doute ce qui a conduit le gouvernement chypriote à proposer de taxer les dépôts supérieurs à 20 000 euros même si le 19 Mars le parlement n’approuvait finalement pas le plan de sauvetage. Par ailleurs, la taxation des comptes supérieurs à 100 000 euros aggrave la fuite des capitaux dans un contexte difficile.


Une cacophonie révélatrice d’un manque de vision


Il n’empêche que cette situation est révélatrice de la cacophonie qui règne au sein des autorités européennes et des pays membres de l’Euro. Leur incapacité à énoncer des règles communes et claires tient au fait que les pays membres de l’Euro sont en permanence tiraillés entre leur volonté de ne faire qu’un tout et leur souhait de garder leur spécificité dans un ensemble où coexistent de multiples exceptions, à commencer par Chypre.


En effet,  l’île  est à maints égards  un paradis fiscal en zone Euro alors même que les pays européens ont fait de la lutte contre ces paradis un cheval de bataille. Face à la crise bancaire chypriote, l’idée de faire payer les contribuables locaux (et potentiellement les contribuables européens) était difficile à défendre.


Il fallait donc réintroduire un peu de justice. Ainsi, conformément aux règles de l’union bancaire, les créanciers des banques se révélaient les premiers à devoir contribuer à l’effort de renflouement de leur banque, à défaut des actionnaires en vertu de leur responsabilité limitée. Cependant, la structure des créances des banques chypriotes est telle qu’elle ne laisse pas d’autres choix que de ponctionner les déposants. Ils sont, en effet, les principaux créanciers dans la mesure où les banques chypriotes ne possèdent que très peu de dettes obligataires. Ce choix semblait d’autant plus rationnel qu’il permettait de mettre à contribution les déposants Russes qui profitent de la spécificité de l’île pour mettre à l’abri leurs avoirs et qui détiennent principalement des comptes non assurés. Évidemment le risque était de voir à l’avenir ces dépôts fuir vers des places plus accueillantes et plus stables.


Si l’intention était bonne, le résultat est désastreux ! Il est aujourd’hui  impossible de savoir et d’anticiper la règle qui sera appliquée demain. Chaque crise bancaire au sein de l’Euro a conduit à un traitement particulier. C’est à ne plus rien y comprendre et il est à craindre que les déposants européens deviennent nerveux à l’avenir ! Si l’existence de l’assurance des dépôts a sans doute contribuer à expliquer l’absence de mouvement de panique général lors des précédents épisodes de crise bancaire, il est à redouter que ce ne soit plus le cas à l’avenir…


La stabilité et le respect des règles : une condition indispensable à la crédibilité de la zone Euro


La multiplication des déclarations incohérentes au mieux et contradictoires au pire exacerbent les tensions au sein des pays membres de l’Euro et entre les pays membres. Ce climat délétère ne contribue ni à l’apaisement des populations mises à rude épreuve dans certains pays, ni à la stabilité pourtant indispensable à l’envie d’entreprendre et de faire des projets. Il est urgent que les dirigeants européens en prennent la mesure afin de recréer de la cohérence et de la confiance en zone Euro.


 

 

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Nathalie Janson est économiste spécialiste de la théorie de la banque libre et de la régulation bancaire. Elle enseigne depuis 10 ans au sein du groupe Rouen Business School ainsi qu’à Sciences-Po. Elle intervient régulièrement dans les médias et sur le net et publie des articles dans des revues scientifiques sur ces mêmes questions
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Bon article qui montre l'arbitraire des décisions de dirigeants Européens dépassés causé par leur incapacité à remettre en question la monnaie unique et le modèle fédéral qu'ils ont choisi contre les peuples. Mais :
"Ce choix semblait d’autant plus rationnel qu’il permettait de mettre à contribution les déposants Russes qui profitent de la spécificité de l’île pour mettre à l’abri leurs avoirs et qui détiennent principalement des comptes non assurés"
Ces "Russes" n'ont rien fait de mal. Il n'y a aucune raison de les voler, eux et pas les autres.
Qu'est-ce que les français diraient si le gouvernement russe piochait dans leurs comptes en Russie pour sauver des banques russes en difficulté à cause de mauvais investissements ?
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"Qu'est-ce que les français diraient si le gouvernement russe piochait dans leurs comptes en Russie pour sauver des banques russes en difficulté à cause de mauvais investissements ?"
Hum emprunts Russes 2.0 ?
Sauf que ce n'était pas "forcé" c'est vrai, mais juste un investissement soit-disant garanti d’État.
L'obligation replacerai alors le mensonge, ce qui reviendrait au même en fait : Le pillage des gens crédules.
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Dernier commentaire publié pour cet article
"Qu'est-ce que les français diraient si le gouvernement russe piochait dans leurs comptes en Russie pour sauver des banques russes en difficulté à cause de mauvais investissements ?" Hum emprunts Russes 2.0 ? Sauf que ce n'était pas "forcé" c'est vrai,  Lire la suite
Teubass - 25/03/2013 à 17:17 GMT
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