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Cours Or & Argent
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Ambrose Evans-Pritchard tourne autour du pot

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Publié le 20 juin 2013
1263 mots - Temps de lecture : 3 - 5 minutes
( 12 votes, 4,1/5 ) , 3 commentaires
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Rubrique : Or et Argent


Débattre avec Ambrose Evans-Pritchard n’est pas tâche facile. Il sait de quoi il parle, a beaucoup voyagé, écrit très bien et a l’esprit tranchant. Et pourtant, je me dois de vous dire que le raisonnement de son article publié dans The Telegraph le 17 janvier 2013 et intitulé A new Gold Standard is being born est imparfait.

Dans son article, il fait référence aux ‘dynamiques de l’ancien étalon or et de leurs pouvoirs destructeurs, et de la présence continue du risque de rupture’.

Je suppose qu’il fait référence à l’étalon or d’avant la première guerre mondiale et du chaos financier qui a éclaté dans les années 1930 lorsqu’il parle des effets destructeurs de l’étalon or. Ce chaos ne devrait pas être attribué à l’étalon or tel qu’il existait à l’époque, mais à l’expansion de crédit, qui représente en réalité une violation des règles établies par l’étalon or. Les troubles des années 1930 ont été causés par la correction imposée par l’étalon or sur la manipulation financière du crédit à laquelle s’adonnaient les pouvoirs en place. Ce qui était destructeur n’était autre que leur politique d’expansion du crédit au-delà de l’épargne. Si vous mettez votre main dans le feu, ne blâmez pas ses ‘pouvoirs destructeurs’, empêchez-vous simplement de le refaire à l’avenir.

Ambrose écrit ceci : ‘le système global est souple, il se plie sous la pression’.

A dire vrai, il n’existe pas de ‘système global’. Ce qui existe aujourd’hui n’est qu’un processus global.

Par définition, un système a des paramètres. Un système, c’est un peu comme une table de billard sans trous. Les paramètres sont les bords de la table de billard au-delà desquels les boules ne peuvent aller. Les paramètres d’un système assurent sa stabilité et son endurance au travers du temps.

Un processus a quant à lui un début, un milieu et une fin, un peu comme la cuisson d’un steak ou l’allumage d’un pétard. Si vous allumez un pétard, le processus prend fin par son explosion. Un processus ne dure pas indéfiniment.

Depuis Bretton Woods (1944) jusqu’en 1971, le monde a connu un système défectueux et fragile. Un paramètre ne pouvait être violé : les Etats-Unis ont solennellement promis d’échanger les dollars détenus par les banques centrales étrangères contre de l’or à hauteur de 35 dollars par once. Ce système permit de contenir l’expansion de crédit jusqu’en 1971, lorsque Nixon décida de revenir sur cette promesse. Voir le graphique suivant intitulé ‘International Central Banks, excluding gold’ :

 

Depuis 1971, nous n’avons plus eu de système monétaire pour la simple raison qu’il n’existe plus aucun paramètre de l’expansion de crédit.

Ce que nous avons eu depuis 1971 est un processus explosif d’expansion de crédit de par le monde. La dette totale du monde est estimée à 350% du PIB mondial.

Ce processus explosif – comme celui d’un pétard – est entré en phase finale. Il n’y a aucun moyen d’éviter l’effondrement : une dette mondiale de 350% du PIB global n’est pas soutenable. Il n’existe aucun moyen de nous en sortir. Le monde n’a pas seulement mis sa main au feu, il s’est jeté dedans complètement. La peine qu’apportera l’effondrement à venir sera épouvantable.

Il serait intéressant de voir comment ceux qui sont responsables du désastre actuel en expliqueront la cause, qui n’est autre que l’expansion illimitée de crédit.

Ambrose fait l’apologie du système global : ‘le système global est souple, il se plie sous la pression’. C’est vrai, il ‘se plie sous la pression’ – qui n’est rien de plus qu’une autre façon de dire qu’il n’existe aucun paramètre, et que ce que nous avons aujourd’hui n’est autre qu’un processus explosif de création de crédit. Dans un futur proche, nous apprendrons que le processus d’effondrement de crédit est porteur d’un ‘pouvoir destructeur’.

Ambrose imagine l’arrivée d’un nouvel étalon or. Il explique que l’or ‘occupera une place en tant que troisième devise de référence globale’, mais ne sera ‘pas dominant au point de lier notre destinée collective aux hauts et bas de la production minière, qui ne serait autre qu’un retour à une relique barbare’. En d’autres termes, ‘oui mais non, le monde s’en dépatouillera, de quelque manière que ce soit’.

La production minière globale que mentionne Ambrose est un facteur négligeable de la détermination de la valeur de l’or. Si la production minière doublait ou disparaissait complètement, ses effets sur le prix de l’or seraient quasiment imperceptibles. Ambrose ne semble pas savoir que les quantités d’or disponibles ne correspondent pas au métal extrait chaque année par les sociétés minières, mais à environ 170.000 tonnes, parce que l’or qui a été extrait par le passé – s’il n’a pas coulé au fond de la mer lors d’un naufrage ou n’est pas enterré quelque part dans un coffre au trésor – a aujourd’hui un propriétaire et fait partie de l’offre potentielle.

Le ratio quantités disponibles/production est plus faible pour l’or que pour toute autre ressource. La production minière, d’environ 2.400 tonnes par an, représente 1,5% de l’offre totale. Il faudrait 67 ans, au taux de production actuel, pour doubler la quantité d’or disponible. Les quantités disponibles de cuivre ne représentent par exemple que trois mois de consommation. Le prix du cuivre est sujet aux fluctuations de l’offre et de la demande. L’or est le modèle de la stabilité.

Ambrose clôture son article en disant : ‘établissons trois devises mondiales, un trépied à la jambe d’or. Voilà qui serait un système stable’.

Ambrose tergiverse. Il est en faveur d’un étalon or tant qu’il n’interfère pas avec l’expansion de crédit, ce qui signifie que les nations développées peuvent continuer de prétendre être des Etats-providence jusqu’à ce que leurs citoyens descendent dans les rues et que des émeutes éclatent.

Les deux ne peuvent pas coexister. Ambrose ! Le monde aura le choix entre établir un étalon or et des échanges en or, ou de ne pas le faire. Et si le monde ne choisit pas l’étalon or, alors nous pourrons dire au revoir à la civilisation industrielle.

J’ai conscience que tenir des propos aussi dramatiques va à l’encontre de l’esthétique Britannique qui perçoit la clarté comme la preuve d’un manque d’éducation. Mais quand il en vient à parler de l’or, il n’est pas possible de ‘passer par quatre chemins’, comme diraient les Anglais.

Le prix de l’or est si élevé dans le monde réel (celui qui n’est pas peuplé d’économistes Keynésiens, d’oligarques financiers et de politiciens-valets) qu’il ne pourra jamais fonctionner en tant que devise internationale tant que d’autres devises existeront, pour la simple raison que personne n’acceptera de l’utiliser comme moyen de paiement s’il existe un moyen alternatif de payer sa dette ou de conclure une transaction.

L’or ne sera pas utilisé en tant que monnaie jusqu’à ce qu’une puissance nucléaire exportatrice n’exige des paiements en or en échange de ses produits, décision sur laquelle s’aligneront d’autres nations. D’ici à ce que cela se produise, l’or commencera à faire ce qu’il a fait alors que l’Empire Romain entrait en phase de déclin et pendant les années de l’Assignat en France (1790-1797) : il partira se cacher.

Si l’expérience Française après la Révolution peut nous apprendre une chose, c’est que nous n’avons encore rien vécu des spasmes de désespoir des pouvoirs en place : persécutions, confiscations, exécutions, emprisonnement de toute personne détenant de l’or. Lorsque cela sera derrière nous, nous observerons notre monde comme anti-démocratique, comme un monde dirigé par des militaires, au sein duquel les plus éclairés prônaient peut-être d’opter pour l’utilisation de l’or et de l’argent comme monnaies, mais qui a dû se plier à un système ‘souple et adaptable à la pression’.


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Hugo Salinas Price a écrit de nombreux livres et articles sur l'argent et combat pour réintroduire l'argent comme unité monétaire au Mexique en parallele avec la monnaie fiduciaire. Son organisation, la Mexican Civic Association Pro Silver, mène de vigoureuses campagnes de sensibilisation du public et de lobbying au parlement pour instituer l'once d'argent "Libertad" comme la monnaie Mexicaine.
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L'analyse de Price est juste sauf sur un point : AEP n'a jamais été qu'un soldat de la plume à la solde de sa majesté (et de ses sbires les banquiers). Pour s'en convaincre il suffit juste de remonter quelques années en arrière et de parcourir ses éditos en se demandant quel impact ont eu (ou ont cherché à avoir) ses articles. Et tout devient vite limpide.
Le fait que Jova le mette sur un pieds d'estalle m'a fortement incité à prendre mes distances par rapport à jova aussi (depuis 3 bonnes années au moins).
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"Dans son article, il fait référence aux ‘dynamiques de l’ancien étalon or et de leurs pouvoirs destructeurs, et de la présence continue du risque de rupture’."

Il est urgent de relire 'Le Péché monétaire de l'Occident' de Rueff pour comprendre le subtil distinguo entre l'étalon or d'avant la guerre de 14 et l'étalon-or post 14-18.
Cela pour ceux qui ne comprendrait pas la crise de 29, alors que le systeme financier utilisait un type bien particulier d'étalon or :-)

Rueff est LE spécialiste de ces questions, Pritchard reste un simplificateur outrancier, comme beaucoup d'autres.
Lire Rueff, c'est lire 300 pages assez touffues. Pritchard, c'est deux pages : au final, le travail payant toujours, lisez Rueff.
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Je prendrais bien le pot .
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L'analyse de Price est juste sauf sur un point : AEP n'a jamais été qu'un soldat de la plume à la solde de sa majesté (et de ses sbires les banquiers). Pour s'en convaincre il suffit juste de remonter quelques années en arrière et de parcourir ses éditos  Lire la suite
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