L’idée pourrait sans doute surprendre,
voire choquer certains. Pourtant, la compagnie aérienne des îles
Samoa dans l’océan Pacifique, Samoa Air, l’a fait. En
effet, leurs tarifs varient désormais en fonction du poids du passager
et de celui de ses bagages. Un seul prix donc, pas de frais
supplémentaires pour les valises. L’entreprise ne s’en
cache d’ailleurs pas : cette nouvelle « politique »
des prix est affichée sur la page d’accueil du site.
Pas d’atterrissage en douceur.
La raison d’une telle politique de prix repose
sur l’importance du poids dans ce business. En effet, il serait, avec la distance bien
sûr, le facteur déterminant des coûts d’exploitation
– notamment de fuel – d’une compagnie comme Samoa Air qui
dispose d’une flotte de petits avions. Or, avoir quelques
personnes « obèses » ou en « surpoids »
à bord peut alors avoir un impact réel et faire la
différence en matière de profitabilité. Transporter, par
exemple, trois passagers obèses sur huit ou dix, ce serait en fait
comme si la compagnie transportait 2 passagers supplémentaires
à ses propres frais.
Un tel modèle d’affaires semble justifié
d’un point de vue économique puisqu’il permet de faire
payer les passagers en fonction des coûts individuels réels qu’ils
occasionnent. Le business model aurait en fait déjà
été suggéré au sein de la compagnie australienne Quantas,
mais reste sans suite (pour l’instant).
Certes, cela signifie que les personnes obèses
ou en surpoids – ou tout simplement bien « bâti(e) »,
avec des os lourds – doivent payer plus cher leur billet d’avion.
Sauf qu’il est toujours possible de compenser en portant moins de
bagages.
Mais en revanche, pour ceux qui font attention à ce
qu’ils mangent, qui sont légers(es) ou petits(es) de taille, les
tarifs peuvent descendre à seulement 1$ par kilogramme sur les lignes
domestiques les plus courtes (en fonction du poids, les tarifs peuvent monter
jusqu’à 4,16$). Voilà sans doute un autre moyen de faire
du low cost…
Mais il faut aussi noter un point intéressant. Ce
type de politique ne va-t-il pas dans le même sens que le
phénomène assez récent de fiscalité
« nutritionnelle » ? Ce concept trouve des adeptes
de plus en plus nombreux au sein de gouvernements aux abois, à la
recherche de nouvelles recettes ?
De premier abord, cela pourrait être le cas. En
effet, sous prétexte de lutte contre l’obésité, de
nombreux gouvernements multiplient les projets de taxes dites
« nutritionnelles » (taxe sodas, taxe Nutella, fat tax, etc.).
Cependant, une telle fiscalité
« nutritionnelle » est un fardeau supplémentaire
pour les entreprises, pénalise les consommateurs (même
s’ils ont le poids « idéal ») et poussent
les gens à substituer aux aliments surtaxés d’autres
produits dont la surconsommation à long terme, peut
s’avérer tout aussi, voire plus néfaste pour la
santé. L’exemple de la fat tax danoise
– mise en place en 2011, mais abandonnée à peine un an
après – est un bon exemple en la matière
puisqu’elle a été abandonnée du fait de ses trop
nombreux effets pervers.
Or, à la différence des pouvoirs
publics qui ont cette fâcheuse tendance à recourir de
façon assez systématique à la manne fiscale, des initiatives
comme celle de Samoa Air, laissent en revanche le choix et la liberté
au consommateur. Alors que leur objectif n’est évidemment
pas de lutter contre le surpoids mais de parvenir à faire vivre leur
compagnie, leur initiative a cet « effet externe »
positif d’inciter les voyageurs à surveiller leur ligne pour
voyager moins cher.
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