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Cours Or & Argent

UNE POLITIQUE TOUJOURS AUSSI PRÉCAIRE

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Publié le 30 mai 2013
821 mots - Temps de lecture : 2 - 3 minutes
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Sous la pression des faits, une timide inflexion se cherche à Bruxelles. Des décisions et mesures politiques sont en gestation, afin de consolider comme il se peut, afin de le poursuivre, ce que Jorg Asmussen de la BCE qualifie d’« ajustement » pour en rester à des considérations purement techniques. Confirmant, après Jens Weidmann de la Bundesbank, que celui-ci va durer dix ans, car il n’est pas question de changer de stratégie.

Un peu de temps continue d’être octroyé aux uns et aux autres, puisque l’on en dispose désormais, en premier lieu aux pays qui ont été poussés dans le piège de sauvetages qui les enfonce. La Grèce et le Portugal sont désormais des pays à la dérive, le sort de l’Espagne et de l’Irlande n’est pas beaucoup plus enviable. Plus de 60 millions d’Européens vivent dans ces quatre pays à l’avenir totalement bouché, une grande réussite.

Du temps, il en est aussi donné à la France, l’Italie et les Pays-Bas. Hors de question, la BCE ayant réussi à interrompre la série des sauvetages en catastrophe, de la reprendre, car cela se traduirait par un éclatement de la zone euro si l’un de ces pays devait à son tour en bénéficier à force de presser le mouvement. En particulier l’Italie, le prochain sur la liste, qui va sortir de la procédure pour déficit excessif, tout devant être fait pour éviter qu’elle ne bascule. Mais le compte n’y est pas et on tourne autour d’un autre pot : qu’est ce qui entre ou non dans le calcul du déficit ?

L’Espagne a déjà discrètement bénéficié d’un passe-droit, dispensée de comptabiliser dans son déficit l’aide européenne destinée à renflouer les banques versées à son budget. Mariano Rajoy demande maintenant que les investissements en faveur de l’emploi des jeunes le soient également. Le serpent de mer de la comptabilisation des investissements est également ressorti, car cela soulagerait considérablement les additions d’un seul trait de plume.

Mais la Commission, cadrée à chaque pas par le gouvernement allemand – qui craint que diminuer la peine soit une incitation à stopper l’effort – a des idées bien moins ambitieuses. Certaines dépenses à court terme pourraient ne pas être prises en compte dans le calcul du déficit, en particulier celles qui sont cofinancées par les États dans le cadre des programmes structurels. Mais il y est apporté comme restriction que cela ne pourrait concerner que les pays dont le déficit est déjà passé sous la barre des 3%. Seule l’Italie pourrait donc être concernée, ce qui confirme l’attention particulière dont elle est entourée. L’interrogation tourne court.

En grand ordonnateur de la politique des réformes structurelles et de la recherche de la compétitivité, le commissaire Olli Rehn a pour tâche de justifier toutes ces faiblesses coupables – qui sont en réalité inévitables si l’on veut éviter pires mises en cause – en réaffirmant leur absolue nécessité et en établissant pays par pays le menu des réjouissances. La question fait particulièrement débat à propos de la France, l’intervention de Christian Noyer, président de la Banque de France, remarquée pour son appui sans nuance à cette politique. On ne cherchera pas dans les déclarations, ici et là, de référence à la croissance, sa perspective ayant été dans les faits abandonnée. Il ne reste comme consigne absurde que de reproduire le modèle allemand tel qu’il est magnifié. La liste des pays donnés comme modèle s’allonge, parmi les derniers en date figuraient l’Irlande et l’Espagne…

Faute de crédits, il n’est question que de redéploiement de ceux-ci, ou de leur utilisation quand ils dorment. Exception faite pour le projet allemand de soutien à l’emploi des jeunes Espagnols (avant d’être élargi pour la Grèce et le Portugal), qui s’appuie sur des prêts de la banque de développement allemande (KfW) aux banques espagnoles, afin que celle-ci prêtent à taux réduit à leur tour. Lire « Der Spiegel » (en anglais) permet d’évaluer la portée de cette initiative et son caractère d’opération de relations publiques. Couple franco-allemand oblige, le grand plan intitulé « Initiative européenne pour la croissance et pour l’emploi » est doté de six milliards d’euros pour la période 2014-2020, soit un milliard par an ; 20 milliards de jeunes de 15 à 24 ans seraient concernés en Europe. Inutile d’insister.

Les dirigeants européens ne changent pas de cap, ils s’adaptent. Quand ils se penchent sur le dossier des banques, c’est même généralement pour revenir sur les mesures qu’ils avaient précédemment décidées. Ce pourrait bien être le cas pour la taxe sur les transactions financières (TTF), dont l’assiette est toujours l’objet de tractations. Le gouvernement allemand lève actuellement le pied. Des conséquences apocalyptiques sur le coût du crédit (pour une fois, ce n’est pas sur l’emploi) sont prédites par les lobbyistes des banques, ces dernières craignant en réalité l’impact sur leurs activités de casino de taux même très faibles (0,01% sur les produits dérivés, 0,1% sur les titres ordinaires). On fait un petit pari ?

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Paul Jorion, sociologue et anthropologue, a travaillé durant les dix dernières années dans le milieu bancaire américain en tant que spécialiste de la formation des prix. Il a publié récemment L’implosion. La finance contre l’économie (Fayard : 2008 )et Vers la crise du capitalisme américain ? (La Découverte : 2007).
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http://www.youtube.com/watch?v=fsDAH1fKSTo

Une politique précaire pour des précaires ; dans le mur.
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