La
récente décision a France
d’interdire l’utilisation des services postaux pour transporter
de l’or et des métaux précieux a
déjà été décrite dans ces colonnes,
tout comme ses inquiétantes conséquences.
Comme
dans toute analyse d’une décision prise par un gouvernement, il
faut se méfier de sa première réaction qui est d’y
voir un complot alors que l’explication d’une telle
décision peut parfaitement être expliquée par la sottise.
Ou,
en l’espèce, par le lobbying réussi du principal
intervenant sur le marché qui a réussi du coup à
supprimer l’intégralité de la concurrence, ses transports
transitant par les fourgons blindés alimentant le réseau
bancaire. Le réseau des
changeurs et numismates, lui, s’appuie massivement sur les envois en
valeur déclarée, qui lui sont désormais interdits.
Sans
compter que, de fait, tous les
marchés entre particuliers transitant par la voie postale,
comme Ebay ou Le Bon Coin, sont désormais fermés aux
transactions entre particuliers, sauf à ne pas respecter la loi en
envoyant ses pièces par la poste ou à en prendre possession en
personne. On a connu plus pratique.
Bref,
de jure, le marché de l’or entre particuliers en France a
été rayé d’un coup de plume, en trois lignes
d’un article 3 du Code de la Poste sobrement rédigé
ainsi :
L'article D. 1 est remplacé par les dispositions suivantes :
« Art. D. 1.-L'insertion de billets de banque, de pièces et de
métaux précieux est interdite dans les envois postaux, y
compris dans les envois à valeur déclarée, les envois
recommandés et les envois faisant l'objet de formalités
attestant leur dépôt et leur distribution. »
Décret n°2013-417 du 21 mai 2013
Quelle
qu’en soit la raison, sottise, lobbying ou volonté de supprimer
un marché de l’or entaché, au goût du gouvernement,
d’un manque de traçabilité, le fait est que la
possibilité pour les français de se procurer de l’or
simplement ou discrètement n’existe plus dans le pays des droits de l’homme.
Mis
à part le Vietnam, le second pays en train en train de prendre des mesures
destinées à son marché de l’or est l’Inde.
En l’espèce, le gout prononcé des habitants de ce pays
pour le métal précieux avait déjà provoqué
au début de l’été une supplique
du premier ministre, M° Chidambaram, qui avait supplié son
peuple d’arrêter d’acheter de l’or. En effet, l’Inde, qui ne
dispose pas de mines d’or tout en étant le plus gros consommateur de ce
métal de la planète, est contrainte de l’importer en
quantités importantes, ce qui a pour conséquences de rendre
lourdement déficitaire la balance des paiements du pays. Et donc de fragiliser sa monnaie, la
roupie.
Les
indiens, sourds aux appels de leur gouvernement et malgré les hausses
de taxes répétées (la dernière, a fait passer de
6 à 8% la taxe à l’importation sur l’or en lnde)
continuent d’acheter ce métal en quantité croissante. Au point que les importations
d’or de l’Inde ont atteint 162 tonnes en Mai 2013, soit deux fois
plus que la moyenne mensuelle de 2011, l’année de tous les
records d’importation d’or par l’Inde.
Les
menaces, les taxes et les supplications n’ayant aucun effet, des
mesures bien plus drastiques ont été mises en place, à
savoir que le premier ministre indien a demandé à la banque
centrale de demander aux banques de ne plus vendre d’or aux
particuliers. Voyez ci-joint
l’article de Reuters.
Pour
tirer un parallèle entre ces deux situations, remarquons qu’en
supprimant la possibilité de faire transiter l’or par la voie
postale en France, le marché de l’or a de fait été
livré aux banques.
Sachant
que celles-ci ont supprimé
les espèces de leurs guichets au point d’obliger leurs clients
à prendre leur argent dehors sous la pluie dans des machines, il parait peu probable qu’elle mettent de la bonne volonté à
vendre un produit qui non seulement ne leur rapporte rien, mais surtout
vient en concurrence avec leurs
produits et leur fait courir des risques.
Et
si, comme le gouvernement indien, il venait à l’esprit du
gouvernement français de
demander un jour aux
réseaux bancaires de ne plus
commercialiser de l’or. le français n’aura alors
aucun moyen de se protéger contre la dévalorisation de sa
monnaie.
Situation parfaitement
hypothétique, pourrez-vous dire, à la limite de l’absurde,
parce qu’elle impliquerait que les français perdent massivement
confiance dans la construction européenne et dont le pinacle,
l’apex, la clef de voute est cette magnifique réalisation
qu’est la monnaie unique, tout comme les piliers sont le réseau
bancaire et la fondation indestructible la dette de l’Etat
français.
Impossible. Risible. Ridicule. Impensable.
Inconcevable. Inimaginable.
L’euro
est insubmersible, même sous des avalanches de liquidités.
Et
il n’y a pas le moindre précédent qui puisse laisser
croire que le moindre risque évolue à l’horizon.
Comment
dites-vous ?
Chypre ?
Ah ?
Pardon.
A
propos, vous avez de l’or ?
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