Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Nous souffrons d’une grave maladie dans notre pays. Cette
maladie est une fâcheuse manie à voir notre État
vénéré béni-soit-son nom se mêler de tout.
De l’État omniprésent à l’État
omniscient et omnipotent jusqu’à ce qu’il soit
étouffant.
L’État étouffant, c’était ce que je
vous disais dans mon précédent édito.
Le
"ticket resto" remplacé par une carte à puce :
à qui profite le crime ?
C’est l’excellent titre d’un non moins très
bon article du magazine Challenges.
Tout part du « choc de simplification ». Vous savez, un
truc censé simplifier la vie de tous les Français, de
fluidifier les choses, bref plus facile quoi !
Comme d’habitude, lorsque l’on vous annonce quelque chose,
c’est exactement l’inverse qui se produit. C’est le propre
de la novlangue. Résultat : le choc de simplification est en
réalité un choc de complexification.
Alors on nous vante la modernité, le remplacement de nos tickets
resto par une carte de paiement… qui sera évidemment totalement
bridée, renvoyant le ticket resto à un outil parfaitement
inutile et là, autant de bêtise, d’idéologie mais
également disons-le de méchanceté de la part de
l’État à l’égard de ses citoyens est tout
bonnement hallucinant.
L’intérêt d’un carnet de tickets resto, qui
est sensiblement le même que celui des espèces, est de pouvoir
faire à peu près ce que l’on veut sans que cela ne soit
vraiment « surveillable ».
Évidemment, c’est insupportable pour nos zélites
étatiques qui, si elles le pouvaient, aimeraient bien nous soumettre
à une analyse d’urine approfondie après chaque passage
aux cabinets. (Mais ce serait pour notre bien et en prévention de
maladie. Bref, ce serait « juste » et vous seriez en plus content
de faire pipi dans le bocal. À ce moment-là, on vous dira en
plus ce que vous serez autorisé à manger ou pas. Genre mangez
et bougez point fr mais en un peu plus
poussé.)
Donc je disais que l’intérêt d’un carnet de
tickets resto, c’est justement de payer toute son addition de
restaurant avec, de les économiser, de les gérer, de pouvoir
refiler un ou deux tickets à ses gamins ou à sa femme, de les
refiler à un SDF pour qu’il aille manger, voire même aux
Restos du cœur qui, tous les ans, organisent une collecte de tickets
restaurant qu’ils convertissent en sous sonnants et trébuchants
pour faire bouffer les plus fragiles d’entres-nous.
Mais il est vrai qu’un tel détournement du système
est tout simplement inadmissible. Encore une fois mes braves contrariens, fumez du cabanis
(non ce n’est pas une incitation à la drogue) est mieux vu dans
notre société que de fumer une clope. C’est vrai
ça, fumer tue, alors que fumer du cabanis
c’est tellement cool, tellement moderne, tellement « bobo
»…
Encore une fois mes chers contrariens, faire
quelques « deals » au pied d’une cage d’escalier
n’est pas bien grave, vous comprenez, il faut bien que « jeunesse
se passe » comme nous l’explique doctement notre garde des
sottes. Mais attention à vous (et à moi), car je fais partie de
cette catégorie qui BÉNÉFICIE d’un avantage énôrme. Oui mes chers contrariens,
tous les mois mon patron me donne des tickets resto, dont il paie une bonne
partie, le tout sans charge sociale. Une honte, un scandale, une niche
fiscale que l’on va vous raboter…
Mais vous allez être contents hein, puisque grâce au choc
de simplification vous pourrez consulter via une interface Internet, sur
votre aïe-Phone comme sur votre tablette, le solde qu'il vous reste sur
votre e-carte tickets resto ! Il n’y a
personne pour expliquer à ces abrutis de service qui nous dirigent
qu’on s’en fout ? Que jusqu’à présent, pour
connaître votre solde, il suffit de compter vos tickets comme on compte
ses billets, et franchement de vous à moi c’est très
simple. Il y a même sur chaque ticket une petite mention qui vous dit
« reste x tickets dans votre carnet » !
« La
disparition des petits arrangements »
Voilà ce qu’explique très bien l’article de
Challenges sous ce sous-titre. Je cite :
« Les tickets en papier permettaient une souplesse
d’utilisation très appréciée, mais qui sera plus
difficile dans la pratique. En effet, il va falloir respecter la loi qui
encadre très strictement cet avantage en nature, considéré
comme une partie de la rémunération des salariés et qui
bénéficie d’une fiscalité réduite.
Désormais il sera impossible d’en utiliser plus de deux par
repas, d’en utiliser pendant ses congés, d’en transmettre
à des proches, d’en offrir à des mendiants, de se faire
rendre la monnaie par les commerçants…
Autant de petites dérives bien connues des salariés
français qui ont fait la grande popularité des tickets
restaurants. La dématérialisation ne sera pas forcément
synonyme de progrès social même s’il s’agira
indéniablement d’un progrès dans l’application de
la loi. »
Et voilà, expliqué en un paragraphe, comment vous allez
subir le choc de simplification. En clair : vous allez l’avoir dans le
baba, mais de vous à moi nous commençons à avoir
l’habitude avec ce gouvernement qui a élevé l’hypocrisie
au rang d’art du « faux culisme »
le plus total.
Dans notre pays, il y a des choses qui marchent et qui fonctionnent
et, disons-le, que les gens, dans leur sagesse populaire, détournent
légèrement et de façon fort peu méchante
d’ailleurs. Mais ces petits arrangements entre amis permettent
justement une flexibilité, de mettre une petite goutte d’huile
dans les rouages et de rendre notre société moins
étouffante.
C’est
la fin des tickets resto !
Et c’est cela l’objectif de notre gouvernement de crétins
qui mangent à l’œil dans les restaurants de la
République aux frais des con-tribuables et
des citoyens mais qui n’hésitent pas à nous supprimer
tout ce qui peut nous rendre la vie un peu plus facile.
Il n’y a pas un seul député qui mange à la
gamelle ou une formule sandwich dans la boulangerie du coin.
Pour eux, la bouffe et le pinard c’est gratos, c’est hors
charges sociales, c’est servi par des maîtres d’hôtel
en queue-de-pie et cuisiné par des chefs étoilés.
Ils ont tous au moins une cantine et ne savent pas ce que c’est
que de devoir payer son repas dans la vraie vie, ni finalement ce que cela
coûte aux français d’aller travailler chaque mois quand on
ne mange pas à moins de 10 euros dans les grandes villes, que le prix
du Pass Navigo explose,
sans même parler du prix de l’essence et des taxes dites de
« sécurité routière »,
c’est-à-dire le budget radar et perte de points !
Alors oui, le petit peuple de salariés disposait d’un
avantage en nature sous forme de tickets resto et en faisait un peu ce
qu’il voulait… mais cela ne peut pas être
toléré par nos zélites de
crétins et d’abrutis.
Pourtant ces tickets resto font vivre les restaurants et leur
personnel.
Pourtant ces tickets resto font vivre bon nombre de boulangeries et
leur personnel.
Pourtant ces tickets resto permettent à des millions de
salariés sans cantine de manger chaque jour.
Pourtant ces tickets resto permettent à des salops de
délinquants, comme moi qui le fait depuis des
années, de préparer ma gamelle tous les jours, de mettre de
côté mon carnet et de payer une fois par semaine le resto
à toute ma petite famille, ce qui est un moment que les enfants
adorent ! Mais je le confesse Madame et Monsieur du gouvernement, mon restaurateur
complaisant accepte que je lui refile 4 ou 5 tickets d’un coup…
Vu qu’il me voit toutes les semaines et que ma marmaille est assez
inoubliable au niveau sonore… Et vous savez quoi ? Cela fonctionne.
Cela marche. Tout simplement.
Le
gouvernement soutient la bataille des taxis
Voici encore un autre article sur le choc de simplification et le choc
de crôassance qui permettra la reprise que
seul notre imbécile de Président au sourire béat et au
comportement de niais du village voit venir.
« Les voitures de tourisme avec chauffeur (VTC) ne peuvent pas
attendre aux aéroports, contrairement aux taxis parisiens (ici
à Roissy Charles-de-Gaulle).
Il est prêt à pénaliser leurs nouveaux concurrents
en leur imposant un délai de 15 minutes, entre le moment de la
réservation et celui de la prise en charge. »
Alors que la région Île-de-France manque cruellement de
chauffeurs de taxi surtout aux heures de pointe, le gouvernement, qui est
pris d’un besoin compulsif de légiférer sur tout et
n’importe quoi sans doute pour mieux mettre en application son principe
du choc de simplification, veut imposer à tous les petits malins qui
achètent des voitures, créent une entreprises (dans la
légalité) et font du transport de personne un délai de
15 minutes entre réservation et prise en charge. Il souhaite aussi (le
gouvernement) interdire à ces entreprises d’aller chercher ses
clients à l’aéroport… C’est vrai ça,
imaginez que ces entreprises créent des emplois et du travail, ce
serait une honte. Encore des enfoirés de patrons qui deviendraient
riches et devraient payer des zimpôts et
peut-être même l’ISF… Non impossible. Les zemplois d’avenir sans futur, c’est tellement
mieux dans l’imaginaire socialiste !
Des zassistés, encore des zassistés, des zassistés
partout, j’en veux, encore plus, allez, une louchée
supplémentaire !
L’idée de laisser simplement faire les gens ne peut pas
leur venir à l’esprit car cela voudrait dire que les gens se
prennent en main, qu’ils sont autonomes, indépendants,
bref… en un mot : libres !
Cette liberté est insupportable aux socialistes. Elle l'est
également pour bon nombre de dirigeants de la drôate
puisque l’idée d’un État omnipotent et d’un
peuple dont il faut se méfier par-dessus tout dépasse tous les
clivages gôche-drôate, avec tout de
même une mention spéciale pour nos forces du prôgrès
de gôche.
Les
auto-entrepreneurs ont également été simplifiés !
Oui, eux-aussi se sont fait simplifiés. Ils étaient
dangereux. Vous imaginez, des gens qui se débrouillent tout seuls et
préfèrent la dignité de la difficulté à
créer une activité à la facilité de l'assistanat
? Insupportable en socialie. En plus, ce
régime qui marchait très bien avait été
créé par le méchant gouvernement Sarkozy. Un truc bien
fait par le camp d’en face doit être supprimé !
Et ce fut fait.
Des zassistés, encore des zassistés, des zassistés
partout, j’en veux, encore plus, allez, une louchée
supplémentaire !
La
définition du choc de simplification. De la novlangue à
l’ancilangue :
Novlangue : choc de
simplification : technique gouvernementale visant le Prôgrès
et le Môdernisme sôcialiste
afin de permettre à la population une gestion en temps réel
grâce à la mise en place d’outils Internet dans le cadre
de procédures normalisées et standardisées par des
groupes de travail ad-hoc réunis au sein de commissions
ministérielles qui permettront de lutter efficacement contre toute
tentative de détournement de l’esprit des lois par une
population indécrottable et à la créativité
malsaine infinie.
Ancilangue ou langue contrarienne : le choc
de simplification se transforme invariablement en choc de complexification.
L’objectif est de contrôler de façon encore plus
étroite la façon de vivre et de se comporter de la population.
Évidemment, le site Internet tickets resto sera en panne un jour sur
deux (mais il n’a jamais été conçu pour
fonctionner mais pour vous empêcher de vous servir de vos tickets
resto). Évidemment, les cartes auront des problèmes, le
déploiement prendra du temps, ce sera infernal et vous finirez par
demander vous-même de ne plus avoir de tickets resto à votre
employeur puisque tout cela finira par ne plus vous servir à rien
alors que vous en payez tout de même une grosse partie.
En d’autres termes, un choc de simplification sert à
supprimer quelque chose qui fonctionnait très bien auparavant.
Alors oui mes chers amis, je trouve que notre pays devient
étouffant et j’hésite entre devenir dealer de cabanis, puisque après tout on ne risque pas
grand-chose, ou à quitter ce pays pour aller voguer vers
d’autres cieux. Je pourrai toujours venir en vacances sur le bassin
d’Arcachon une fois par an.
Le problème c’est que je suis encore trop
viscéralement attaché à mon pays et à ses
terroirs… mais même cet attachement aura ses limites.
Poursuivons ces politiques d’abrutis et nous finirons par avoir
un pays de trafiquants d’un côté, d’assistés
de l’autre, et dans lequel le seul machin qui marchera encore plus ou
moins sera le tourisme dans la mesure où nous avons un beau
patrimoine.
Mais à ce rythme de crétinerie, nous finirons bien par
casser nos cathédrales et transformer le Mont Saint-Michel en colonne
de Buren géante…
Aujourd’hui, vous l’aurez compris, je suis très,
très en colère car on vient de toucher à ma gamelle,
c’est-à-dire à mes tickets resto ! Mais comme dirait
l’ex-femme de François, c’est une « saine
colère ».
Nos dirigeants sont vraiment des cons. Des gros connards repus qui se
goinfrent sur le dos d’un peuple qu’ils méprisent et
qu’ils tondent sans vergogne et sans remords. « Ils viennent
jusque dans nos bras égorger nos tickets restaurant… »
Alors mon petit père du peuple François Normal 1er, tu
t’étonnes d’être sifflé au 14 juillet ? Eh
bien je vais te révéler un grand secret, ce n’est que le
début car tu viens de me dévaliser mon carnet de tickets resto.
François, tu n’es qu’un imbécile, tu ne te rends
même pas compte que tu touches aux gamelles !
François, je ne te le dirai qu’une seule fois… Ne
touche pas à mes tickets resto ! Je ne te le pardonnerai pas.
Charles
SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
PS à toute la communauté contrarienne : Diffusez, twittez,
facebookez, reprennez
cette Tribune si vous aussi vous voulez sauver vos tickets resto ! Vous
pouvez également l’adresser directement sur le site web de la
Présidence de la République ou du Premier ministre.
N’oubliez pas également vos députés !
PS2 : Vous pouvez rejoindre la page facebook "TouchezPasAmonticketresto"...
me demandez pas ou la trouver... déjà que j'ai réussi
à la créer...
http://www.challenges.fr/entreprise/20130717....288381481237582
http://www.lefigaro.fr/societes/2013/07/22...e-des-taxis.php
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