Les
débats sur les prix des panneaux solaires produits en Chine sont plus
complexes qu’il n’apparaît. L’Union Européenne,
n’étant plus disposée à aider les producteurs
européens de panneaux photovoltaïques, cherche un moyen de les
protéger de la concurrence chinoise. La production des panneaux
solaires chinois est à son tour encouragée par une demande
européenne maintenue artificiellement à un très haut
niveau par les tarifs de rachat majorés
(feed-in-tariffs)
de l’électricité générée à
partir des panneaux solaires. Ce sont précisément ces
« marchés garantis » qui encouragent le
gouvernement chinois à subventionner des prix si faibles pour la
production de panneaux solaires en mesure de défier toute concurrence
occidentale.
C’est
précisément ce système de double subvention qui relie
intrinsèquement les intérêts du gouvernement du chinois
et de la Commission européenne. Si les gouvernements européens
n’insistaient pas pour subventionner l’achat de
l’énergie photovoltaïque à des tarifs
préférentiels, le gouvernement chinois aurait bien moins
d’intérêt à subventionner l’exportation de
panneaux solaires en Europe.
Comme on le comprend
aisément, lorsqu’un gouvernement subventionne un produit pour le
vendre moins cher à l’étranger, ce sont les acheteurs
étrangers qui en bénéficient en premier. Ceci est
précisément le cas de la vente de l’énergie
éolienne du Danemark vers la Norvège et la Suède. Un rapport CEPOS
publié en 2009 montre que lorsque le parc éolien danois
fonctionne à plein régime, l’excédent
énergétique ne pouvant pas être stocké est revendu
automatiquement, notamment en Norvège et Suède. Ces pays se
contentent d’acheter de l’énergie éolienne pas
chère, car elle est déjà largement subventionnée
par les contribuables danois, qui payent les factures
d’électricité les plus chères d’Europe. En
Norvège ou en Suède, personne ne se plaint du prix faible de
l’énergie éolienne qui vient du Danemark et les
consommateurs dans ces pays profitent du système des subventions
danoises.
En l’état, personne dans
l’Union européenne ne devrait se plaindre du faible prix des panneaux
solaires, d’autant plus s’ils sont largement subventionnés
par le gouvernement chinois. Deux éléments rendent toutefois la
question des panneaux solaires en Europe différente de celle de l’énergie
éolienne dans les pays scandinaves.
D’une
part, le lobby puissant des producteurs de panneaux solaires européens
s’est montré dans les derniers temps particulièrement
actif. Il a été en mesure de faire pression sur la Commission européenne
pour demander aux producteurs chinois des panneaux solaires plus chers.
D’autre
part, la plupart des gouvernements européens se trouvent contraints
par leurs propres mesures en faveur de l’achat d’énergie
solaire de limiter l’expansion des panneaux photovoltaïques car
la facture pour le contribuable augmente. En
Allemagne par exemple, les subventions par les consommateurs
étaient estimées en début d’année
« de 5,3 centimes par
kilowattheure, contre 3,6 centimes en 2012, soit une facture
supplémentaire de 185 euros par an (contre 125 euros en 2012) pour un
ménage ». Ces tarifs d’achat majorés
sont en outre garantis sur 20 ans (la durée de vie moyenne d’un
panneau solaire), ce qui explique entre autres l’engouement allemand pour
installer des panneaux solaires avant que ces tarifs ne soient plus
disponibles.
En clair, le
véritable problème n’est donc pas que le gouvernement
chinois subventionne sa propre industrie pour produire à bon
marché (évidement, si l’on laisse de côté
les producteurs de panneaux solaires évincés par la
concurrence). Il vient surtout de ce que les gouvernements européens
ne souhaitent pas mettre fin à leurs subventions à l’achat
de l’énergie photovoltaïque sous forme de tarifs
préférentiels. Pour sortir de ce cercle infernal de la
subvention, la balle est dans le camp des pays européens qui, au lieu
de céder aux pressions des producteurs de panneaux solaires et
négocier des prix plus élevés, devraient simplement
arrêter le robinet des subventions pour l’achat de
l’énergie photovoltaïque.
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