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Évidemment
dans une période où les banquiers sont plus souvent
vilipendés que salués, prôner la liberté bancaire
comme solution idéale semble totalement déplacé.
Pourtant pas autant qu’on pourrait le penser quand on connaît le
fonctionnement d’un système de banques libres. La liberté
bancaire repose la responsabilité ce qui est loin de
caractériser le comportement de nos banquiers actuels. En effet, la
liberté bancaire signifie que les banques sont en mesure
d’offrir leur propre monnaie et pour que les clients aient envie de la
détenir, il faut inspirer confiance. Contrairement à ce que
l’histoire « officielle » vous bien nous faire
croire, la confiance dans la monnaie n’a pas été le seul
apanage des rois. Au contraire, les banquiers de par leur réputation
pouvaient tout à fait l’inspirer. La responsabilité
étendue voire e y contribuait largement.
La
liberté bancaire signifie, en effet, que les banques peuvent
émettre leur propre monnaie ce qui ne signifie pas que toutes les
banques auront envie de se lancer dans cette activité exigeante.
Émettre de la monnaie privée exige de détenir et de
gérer les réserves en monnaie de référence.
Historiquement, les monnaies privées étaient des billets de
banque convertibles en or. Aujourd’hui les monnaies privées
seraient à la fois des billets mais également de la monnaie
électronique. En revanche, leur convertibilité en or est plus
difficilement imaginable. Même si l’or reste aujourd’hui
une valeur refuge – en témoigne la hausse sensible de ces
dernières années -, il n’est plus utilisé dans les
transactions. Peut-être le choix des utilisateurs se porterait sur des
monnaie-papier existantes avec un historique de stabilité comme le
franc suisse.
L’avantage
d’un système de liberté bancaire est que les
modèles de banque seront plus diversifiés. Elles ne feront plus
partie d’un système centralisé comme le système
actuel. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles ne feraient pas
partie de réseaux En effet, si les banques libres émettent des
monnaies différentes, elles ont intérêt à conclure
des accords de conversion pour faciliter leur circulation mutuelle. En outre,
dans le cadre de ces accords et pour faciliter les compensations
journalières, elles ont tout intérêt à
créer des chambres de compensation. Ces chambres de compensation
jouent un rôle similaire aux banques centrales dans la gestion de la
liquidité et peuvent même aller jusqu’à jouer le
rôle de prêteur en dernier ressort en cas de besoin. De la
même façon chaque chambre de compensation peut également
édicter ses règles en matière de ratio de
liquidité, de ratio de fonds propres…
Ce
n’est pas parce que le système est décentralisé
qu’il est sans règle. Par ailleurs, la critique la plus
récurrente adressée à un système de banques
libres est qu’il aboutirait inéluctablement à une
surémission monétaire en raison de l’intérêt
des banques privées à dominer le marché compte tenu des
économies de réseaux qui caractérisent la production
monétaire. Compte tenu de la situation actuelle, il est peu probable
que les banques libres arrivent au même niveau de surémission
que celui atteint aujourd’hui par notre système de banques
centrales. Néanmoins, essayons de voir dans quelles conditions une
telle situation pourrait se produire. Dans un système de banques
libres, une surémission générale serait le fruit
d’un accord entre banques privées émettrices de monnaie.
Tout d’abord, la théorie économique nous apprend à
relativiser le risque de surémission dans le temps puisque un cartel
est par essence une forme instable de coopération. Par ailleurs, les
consommateurs ont tout intérêt à trouver des alternatives
stables. Dans ces conditions il est fort probable qu’une des banques,
membre de l’accord, ait intérêt à faire cavalier
seul pour remporter le marché. Contrairement au système actuel,
il y aurait des limites à une surémission
généralisée.
Compte
tenu des avantages que présente un tel système pourquoi
n’est-il jamais prôné ? … Parce que ni les
banquiers protégés par le « too
big to fail »,
ni les États qui ont
besoin de financer leur déficit n’y ont intérêt.
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