Mes chères contrariées, mes chers contrariens
!
Eh oui mes amis, voici encore sous vos yeux une aberration
intellectuelle majeure de la part de nos « zinvestisseurs
» financiers qui sont censés, selon la doxa libérale,
être omniscients et capables d’assurer la juste formation des
prix…
Face à l’afflux de bonnes nouvelles de ces derniers
jours, c’est vrai qu’il y a de quoi être réjoui et
de propulser les cours des actions vers des sommets, et celui de
l’or… vers les sous-sols ! Avant de parler de tout ça,
revenons quand même sur ce « shutdown
» américain qui annonce une bataille politique féroce
entre républicains et démocrates sur le budget
évidemment mais également, dans les 15 jours qui viennent, sur
le relèvement du plafond de la dette et là… c’est
sacrément plus grave en tout cas potentiellement.
États-Unis:
premier jour de paralysie pour l'État fédéral
Comme nous l’apprend l’AFP, « des centaines de
milliers de fonctionnaires américains ont été
forcés mardi d'entamer des congés sans solde pour une
période indéterminée, faute d'accord budgétaire
au Congrès, une mesure draconienne qui épargne toutefois les
fonctions essentielles dont la sécurité. »
« La fermeture de l'État fédéral ne devrait
toutefois avoir qu'un impact limité sur la première
économie mondiale, contrairement à celui qu'aurait une impasse
persistante sur le relèvement du plafond de la dette. Celui-ci doit
faire l'objet d'un accord d'ici au 17 octobre, faute de quoi les
États-Unis ne pourront plus faire face à toutes leurs
obligations financières. »
J’apporterais tout de même un gros bémol car si le
blocage devait durer, cela pourrait coûter jusqu’à un
point de croissance du PIB, ce qui n’est pas rien… même
pour l’économie mondiale très fragile.
« Du département de la Défense à l'agence
de protection de l'environnement, tous les services fédéraux
sont sommés de réduire immédiatement leurs effectifs au
minimum vital, parfois à seulement 5 % de leur personnel. La Maison
Blanche va fonctionner avec 25 % de son équipe… »
Eh oui, certains services vont devoir tourner avec seulement 5 % de
leurs agents, ce qui fait très peu. En gros, il ne restera plus que
les grands chefs.
Justement, à propos de services fédéraux
réduits, il y en a qui vont être drôlement contents. Je
suis tombé sur cet article fort pertinent de BusinessWeek
expliquant que cela était un moment rêvé pour…
frauder car les contrôleurs ne sont plus là pour
contrôler.
« Madofferie » générale et fraude
globale
Voici mon résumé et ma traduction de cet article dont
vous avez le lien source ci-dessous.
Les milliers de personnes qui surveillent les marchés
financiers américains sont désormais en congé sans solde
Il y a quelques jours, Bart Chilton, le
directeur de la Commodity Futures Trading Commission US (CFTC), a indiqué que
l'arrêt pourrait avoir des «conséquences
désastreuses» pour les consommateurs et que certains « se
lèchent les babines » à l’idée d’absence
totale de contrôle puisqu’il ne restera plus que 30 personnes sur
650 en temps normal.
Du côté de la SEC, la « Securities and Exchange
Commission », sur près de 4 000 employés seuls 252
personnes resteront pour « superviser » les activités de
marché.
Cela impactera également directement les IPO,
c’est-à-dire les introductions en Bourse, dans la mesure
où il n’y aura plus personne pour instruire les dossiers…
donc plus d’agrément, donc plus d’introduction !
Il est donc envisageable de se demander si l’arrêt de
l’État fédéral n’est pas pour réjouir
certains, notamment dans le monde de la finance. Or on connaît bien en
particulier la proximité et les liens consanguins entre pouvoir
politique et pouvoir bancaire.
Pourquoi
cette fois-ci il pourrait ne pas y avoir d’accord !
Venons-en maintenant à ce qui me semble la véritable
question essentielle de toute cette histoire, à savoir peut-on avoir
la même situation dans 15 jours lors du débat sur le
relèvement du plafond de la dette qui aboutirait dans ce cas à
une cessation de paiement partielle des États-Unis ?
Je pense que la réponse est oui. Oui c’est possible et je
vais tenter ici de vous dire pourquoi même si à l’heure
où j’écris ces lignes les marchés sont en hausse,
n’imaginant absolument pas que le pire puisse se produire.
Tout d’abord, les Américains sont des pragmatiques
et… des tricheurs ! Et ces deux éléments de «
caractère » sont importants pour la suite.
Quelle est la situation financière des USA ? En gros :
dramatique. Surendettement à tous les niveaux, absence de croissance
économique, désindustrialisation, et création
monétaire importante de la part de la FED… avec peu de
résultats.
Il y a deux façons de voir les choses. Soit on tente par tous
les moyens de faire durer aussi longtemps que possible ce système
complètement moisi ou alors, en bon pragmatique, on prend ses pertes
et on se coupe un bras avant de mourir de gangrène. En clair, on
préfère un défaut partiel et ordonné à une
faillite retentissante et subie.
Ensuite politiquement, quoi que l’on en dise, ce sont les
démocrates qui sont aux affaires actuellement. Quel serait
l’intérêt politique des républicains
d’attendre éventuellement de retrouver le pouvoir… pour
devoir eux gérer la faillite et les conséquences de huit
années de gestion démocrates ? Je ne dis pas que les
républicains auraient fait une autre politique s’ils avaient
été au pouvoir, et la crise a commencé en fin de mandat
de G. Bush. Simplement, aujourd’hui, le contexte politique
américain a considérablement évolué et de
nombreux autres éléments peuvent être favorables à
une faillite.
Combattre le leadership chinois devient une idée fixe
américaine. Mieux qu’une guerre… l’arme
économique. Imaginez que les USA soient en défaut de paiement
partiel sur leur dette. Ce sont les Chinois qui sont les principaux
détenteurs de bons du Trésor US. Donc c’est eux qui
perdront des sommes considérables. Les USA sont également leurs
principaux clients et la Chine reste avant tout une économie
basée sur les exportations. Une faillite contrôlée US
ferait inévitablement dérailler la Chine qui aurait beaucoup
à perdre tout en sachant que les USA ne seront sans doute plus jamais
capables de retrouver dans l’économie actuelle des taux de
croissance suffisants pour financer leur endettement.
Tout cela Ben Bernanke devait le savoir
parfaitement dans la mesure où il a surpris tout le monde (sauf nous,
les contrariens) en annonçant que finalement
il allait poursuivre ses QE… C’était il y a 10 jours. Une
éternité et pourtant… c’était aussi un
indice fort de ce qui se passe actuellement et pourrait préfigurer ce
qui va se passer dans 15 jours. Vous remarquerez d’ailleurs que plus
personne ne parle du successeur de Ben Bernanke…
comme si ce problème-là n’existait plus…
effectivement. Peut-être que dans 15 jours ce ne sera plus une question
du tout tant la situation sera devenue catastrophique.
De plus, il se pose le sujet idéologique d’un parti
républicain pris en otage par sa frange la plus droitière
incarnée par le Tea Party dont une bonne
partie ne rêve que de casser l’État fédéral,
de supprimer tout impôt ou presque et d’en arriver à
l’État le plus minimal possible.
Enfin, il ne faudra, pour aucun des deux protagonistes, perdre la face
publiquement. En ayant choisi le blocage pour le budget 2014, les
républicains se sont mis dans une situation où il leur sera
extrêmement difficile de revenir en arrière et dans 15 jours
voter un relèvement du plafond de la dette sans sourciller, et
c’est une différence majeure avec ce qu’il s’est
passé les fois précédentes et pourtant particulièrement
peu relevée les « zobservateurs
».
Le mois d’octobre pourrait donc s’annoncer
particulièrement difficile à passer et l’on doit
envisager désormais le fait que l’on pourrait ne pas passer le
mois d’octobre.
Le cours de
l'or plonge, la demande de l'Inde en berne
En attendant, l’or et les métaux précieux
subissent une nouvelle attaque de grande ampleur aujourd’hui avec une
baisse de plus de 3 %.
Selon un article de Capital, la raison c’est que les achats d'or
en provenance de l'Inde pourraient se contracter de 5,3 % cette année,
en raison des restrictions mises en œuvre par le gouvernement qui
cherche à contenir un déficit des comptes courants record. Le
secrétaire aux affaires économiques du sous-continent Arvind Mayaram a indiqué
à la presse que les cargaisons étaient passées en un an
de 845 tonnes à 800 tonnes à fin mars.
Pourtant, ce type de nouvelle ne devrait en aucun cas entraîner
une telle baisse du métal jaune, surtout dans un contexte
d’incertitude comme celui dans lequel nous nous trouvons
aujourd’hui.
Encore une fois, pour comprendre les mouvements sur l’or il faut
du temps, le temps que l’information arrive jusqu’à nous.
La
dernière chute de l’or ? Des rumeurs de ventes de la Banque
centrale italienne et française
C’est un article de Reuters parfaitement officiel nous
expliquant que la dernière chute de l’or a été
provoquée par des rumeurs aussitôt démenties de ventes
massives de la part de la Banque de France et d’Italie afin de financer
un nouveau plan de relance.
Ce qui est passionnant dans tout ça ce sont les propos tenus
par Salvatore Rossi, le directeur général de la Banque centrale
italienne, qui a déclaré que l'or joue un rôle
spécial dans les réserves officielles des banques centrales.
« Non seulement il a la caractéristique essentielle de
permettre la diversification, en particulier lorsque les marchés
financiers sont fortement intégrés, en plus il est unique parmi
les actifs en ce sens qu'il n'est pas émis par un gouvernement ou une
banque centrale, de sorte que sa valeur ne peut pas être
influencée par des considérations politiques ou par la
solvabilité d'une institution.
Ces caractéristiques, associées à des raisons
historiques... et psychologiques, militent en faveur de l'importance de l'or
en tant que composante des réserves des banques centrales.
L’or soutient l'indépendance des banques centrales dans
leur capacité comme l'apporteur final de stabilité
financière intérieure. »
Je crois que l’on ne peut pas être plus clair sur
l’intérêt et l’importance de l’or…
Pourtant, les cours n’ont pas évolué de façon
fameuse cette année… Mais l’année n’est pas
finie et il se pourrait bien que le mois d’octobre nous réserve
quelques très désagréables surprises.
Je vous rappelle donc très logiquement que l’on ne
s’assure pas une fois que sa maison a brûlé mais avant !
L’or est une assurance, pas un placement, et c’est exactement ce
que vient de nous expliquer officiellement le patron de la Banque centrale
italienne qui pourrait avoir à recréer une monnaie dans les
prochains mois, ceci expliquant sans doute cela.
À demain… si vous le voulez-bien !!
Charles SANNAT
Editorialiste et rédacteur du Contrarien
Matin
Directeur des Études Économiques Aucoffre.com
http://www.lecontrarien.com/
http://www.capital.fr/bourse/actualites/le-co...en-berne-875962
http://www.reuters.com/article/2013/09/30/...N0HQ16A20130930
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