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Rares sont
ceux, aujourd’hui, à n’avoir jamais entendu parler de Bitcoin. Mais de nombreuses personnes ne savent
peut-être pas ce dont il s’agit concrètement.
Bitcoin, comme le rappelle
l’encyclopédie en ligne, Wikiberal,
est une monnaie virtuelle décentralisée, créée
par des libertariens partisans de la concurrence
monétaire.
De nombreux libertariens expliquent la crise économique, que
nous continuons de subir, par l’abandon de l’étalon-or.
L’étalon-or était une source de discipline, pour les
États mais également pour les institutions bancaires, comme le
rappelait Nathan
Lewis, l’été dernier. En effet, aux temps de
l’étalon-or, les réserves bancaires étaient plus
importantes, en pourcentage, qu’aujourd’hui, et, de ce fait,
l’intervention des banques centrales n’aurait même pas fait
l’objet d’une discussion. Lénine avait ainsi tout compris
en indiquant que la meilleure manière de
s’attaquer au système capitaliste (système
« bourgeois » pour reprendre ses termes) était
de s’en prendre à sa monnaie.
Et, justement,
les libertariens n’ont aucune confiance en
les banques centrales et on peut difficilement les contredire, tant ces
dernières n’ont pas vraiment réussi
à faire sortir l’économie internationale de la crise. De
la même manière, au cours du XXème
siècle et du début du XXIème siècle,
les monnaies nationales n’ont cessé de perdre de la valeur,
à commencer par le dollar.
De ce fait, de
nombreux agents économiques ont voulu créer un système
monétaire échappant au contrôle desdites banques
centrales. Bitcoin en est la tentative la plus
aboutie. Elle a été mise en place en 2009 (soit
l’année où la France plongea dans la récession
économique) par Satoshi Nakamoto, un homme
tenté par le libertarianisme, si on en croit
ses interviews.
Les principes
sont les suivants : tout
le monde peut créer de la monnaie (ce qui implique l’absence
d’émetteur central) mais l’inflation n’est pas
possible car le nombre de Bitcoins est
limité à 21 millions, preuve que ses inventeurs ont retenu les
leçons des récentes crises économiques. Ce
« seuil maximal » n’a pas encore
été atteint puisqu’en mai 2013, on estime à 11
millions environ, le nombre de Bitcoins
créés. Son système décentralisé le fait
échapper à tout contrôle, y compris celui, potentiel,
d’une entreprise privée. Il sera extrêmement difficile,
pour les États et les banques centrales, de le faire interdire.
Ensuite, le Bitcoin a une profonde source informatique mais le fait
que son logiciel soit « open-source » le rend peu
sensible à d’éventuels piratages. De très nombreux
utilisateurs travaillent à l’amélioration dudit logiciel
pour le rendre quasiment sans failles.
Par ailleurs,
la (saine) ambition du fondateur n’était certainement pas de
créer une monnaie se substituant, à elle seule, à toutes
les monnaies « étatiques » actuelles. Au
contraire, Bitcoin devait simplement donner une
sorte d’impulsion à un système beaucoup plus
concurrentiel.
Autre point,
sujet à critique cette fois : le Bitcoin
n’est pas une monnaie marchandise, ce qui signifie qu’elle
n’est adossée à aucun bien, tel que l’or, par
exemple. En cela, nous pourrions dire qu’elle n’est pas une
monnaie au sens traditionnel du terme puisqu’elle ne remplit pas la
fonction de réserve de valeur. La Banque centrale européenne,
dans une étude d’octobre 2012, a donc commis une erreur en
indiquant que le Bitcoin ressemblait à
l’étalon-or, même si ces deux systèmes ont un but
ultime commun : affaiblir le pouvoir des banques centrales.
De nombreux
économistes de l’École autrichienne demeurent toutefois
sceptiques sur le Bitcoin comme le rappelle Gérard Dréan (qui, lui, est plutôt favorable
à cette innovation) car nous pourrions, en effet, considérer
qu’on ne fait qu’introduire, dans le secteur privé, les
mêmes mécanismes pervers que ceux qui ont actuellement trait
dans le système central d’émission de la monnaie. Mais
sans doute pas avec la même portée puisque, comme nous
l’avons vu, le nombre de Bitcoins pouvant
être créé ne peut pas dépasser 21 millions, ce qui
limite les risques d’inflation auxquels les banques centrales
n’ont pas su résister.
Outre les
économistes « autrichiens », Bitcoin
fait également l’objet de critiques émanant de certains
sénateurs américains, selon lesquels le Bitcoin
pourrait être un outil de blanchiment d’argent.
Quoi
qu’il en soit, et quelle que soit l’appréciation que nous
pouvons avoir sur ce système, force est de reconnaître
qu’il continue de se développer à vive allure, les plateformes,
comme ICBIT, se démultipliant.
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