Lorsque Jens Weidmann, le peu charismatique président de la Bundesbank
émasculée et membre du Conseil de Gouvernance de la BCE, ouvre la bouche, les
banquiers centraux et imprimeurs de monnaie du monde entier se mettent de la
cire dans les oreilles.
‘Attention – la crise
de la zone euro est loin d’être terminée’
C'est ce qu'il a osé dire à WirtschaftsWoche, malgré le fait que les banquiers
centraux, politiciens et Eurocrates aient déclaré la crise terminée il y a
plus d’un an. Tout autour du monde, nous avons pu les entendre se boucher les
oreilles. Apparemment, Weidmann n’avait pas encore
réalisé que la croissance économique et la prospérité avaient envahi la zone
euro, même si personne dans l’économie réelle ne pouvait déjà s’en rendre
compte. Il n’en est pas moins que les marchés ont depuis été en plein essor.
La crise ‘est actuellement
moins visible sur les marchés financiers qu’elle ne l’était il y a un an’,
a-t-il dit en les regardant dans les yeux. C’est ce qui compte, même pour
lui. Et du progrès a été fait. Il a donné du crédit aux réformes économiques
des pays en crise, aux mécanismes de plans de sauvetage fiscaux et aussi
‘probablement’ à l’annonce faite l’année dernière par le président de la BCE
Mario Draghi qui lançait la BCE dans un programme
d’achats illimités d’obligations souveraines ‘de pays en crise si
nécessaire’.
Une admission osée. La
tristement célèbre volonté de Draghi de faire 'ce
qu'il faudra' est la seule chose qui a pu empêcher la crise de faire exploser
la zone euro. La simple menace d’une impression monétaire visant à monétiser
l’intégralité de la dette et les déficits a suffi. L’impression monétaire
pourra toujours résoudre une crise monétaire en sauvant les détenteurs
d’obligations, peu importe le coût que tous les autres auront à payer.
‘Mais’, a-t-il dit, ‘il faudra peut-être attendre plusieurs années pour que
les causes de la crise soient contrées’.
Et
puis il a commis une hérésie aux yeux du système bancaire central.
Il a mis en garde contre les
taux d’intérêt proches de zéro ! Ils menacent le gouvernement et le
secteur privé de s’habituer à une monnaie peu chère. Il a expliqué ‘qu’ils
maintiennent en vie des banques et des sociétés qui ne sont plus viables’. Il
devrait être excommunié du cartel bancaire central pour cette transgression.
Il y a un danger que les taux
d'intérêts actuellement très bas soient liés aux ‘risques et aux effets
secondaires qui augmentent avec la durée de mise en application de politiques
monétaires laxistes’. Ces taux très faibles ont également privé les banques
centrales de leurs outils habituels. Voilà qui a mis la BCE dans l’embarras.
‘Notre message est que la BCE se tient prête à agir si nécessaire’, a-t-il
dit. ‘Et pourtant, les instruments traditionnels sont moins efficaces à taux
très faible’.
Et qu’en est-il de l’arme de
destruction ultime des épargnants – ceux qui n’ont pas encore été détruits –
que sont les taux de dépôts positifs ? Ils ont été brandis comme la
solution miracle aux déboires économiques. Les banques paieraient la BCE pour
y déposer leur argent, ce qui écraserait les intérêts que les banques paient
aux déposants. Détruire les épargnants au bénéfice de quelqu’un d’autre est
toujours une bonne chose... Hélas, plutôt que de stimuler l’économie, des
taux de dépôt négatifs pourraient avoir l’effet inverse. Les banques pourraient
transmettre les coûts associés aux taux de dépôt négatifs aux emprunteurs en
rehaussant les taux d’intérêts applicables aux prêts. Plutôt que d’utiliser
de l’argent peu cher provenant de la banque centrale pour émettre des prêts
aux entreprises et aux ménages, les banques rendraient les prêts plus chers.
Et puis il s’en est pris aux
voix qui appellent la BCE à livrer aux banques de nouveaux prêts gratuits sur
le modèle des Opérations de Refinancement à Plus Long Terme, qui n’ont rien
apporté du tout à l’économie de la zone Euro. Les banques ont simplement
accepté cette monnaie gratuite et l’ont injectée sur des obligations
souveraines à fort rendement de pays en crise. Et elles se sont enrichies
sans bouger le petit doigt. En cours de route, elles ont rempli leurs bilans
de dette gouvernementale Italienne et Espagnole – alors que les deux pays
continuaient de s’enfoncer dans leur marécage économique respectif.
Cette fois-ci, les prêts
devraient être pensés de manière à être accordés en priorité aux entreprises
de certains secteurs de certains pays en crise. C’est là la dernière solution
Eurocrate. Certains banquiers centraux devraient décider où la monnaie
nouvellement imprimer devrait aller. Ils pourraient ainsi ‘contrôler les
prêts bancaires régionaux et sectoriels’, a-t-il dit, mais…
‘Cela se termine
rapidement en une approche d’économie planifiée’.
Un avertissement brutal. ‘Les
banques centrales ne devraient pas interférer avec les décisions des banques
de favoriser les prêts à certaines régions et certains emprunteurs’, a
expliqué Weidmann. Et puis il s’en est retourné à
son rôle de banquier central dont le travail consiste à donner de l’argent
gratuit à des banques qui font partie du cartel que lui et ses collègues
tiennent ensemble. Plutôt que de s’opposer à ce que plus d’argent soit
distribué, il a suggéré de simplement décourager les banques d’acheter des
obligations souveraines au travers de ‘prix qui rendent ce type de carry trade peu intéressants’.
Pour ce qui est de la zone
Euro dans son ensemble, il n’a pas soulevé de risque de déflation,
contrairement à ceux qui se sont plaints que trop peu de monnaie était
imprimée. Il prévoit une inflation entre 1 et 1,5%, ‘lente, mais positive’.
Ses attentes d’inflation sur le long terme sont de l’ordre de 2%. Même si les
prix chutaient en Europe du sud, cela ferait partie de l’ajustement
‘nécessaire à rendre ces pays à nouveau compétitifs’. Il n’a pas vu de
‘déflation susceptible d’exacerber la crise’.
Mais même lui, comme les
autres banquiers centraux, ne gaspille pas sa salive pour un entretien à
moins que ce soit pour pousser des politiciens et autres joueurs à faire ce
qu’il voudrait qu’ils fassent, encourager les consommateurs à dépenser plus
et manipuler les marchés financiers. La manipulation est ce que font les
banques centrales, que ce soit en remuant la langue ou en distribuant de
l’argent.
Il existe soudainement une
solution à la crise économique en France. Contrairement au vent de clameurs
provenant de l’extrême droite qui demande un abandon de l’euro, celle-ci a
été présentée proprement par des graphiques dans des termes que même un
politicien Français pourrait comprendre. Et elle n’est pas contaminée par
l’esprit de parti. A lire (en anglais) : .... French Megabank: “Germany Should
Leave The Eurozone”