L'année dernière, The Real Asset Company a porté à votre
attention une multitude de documents relatifs au marché global de l’or,
depuis la découverte des prix jusqu’aux participants au marché.
Ceux qui ne sont pas familiers
avec le marché de l’or ou les marchés en général sont souvent surpris de voir
qu’il n’existe pas un seul marché de l’or, et que son prix est affecté par
différents produits, que ce soit l’or physique, les contrats à terme ou les
ETF.
La question que se posent la
plupart des gens est « Qui fixe le prix de l’or ? ». J’ai déjà
expliqué, en me basant sur une recherche menée par Lucy et al en 2012, qu’il
est fixé par intermittences par le marché de Londres et le Comex. Le marché
de Londres est toutefois bien plus vaste que le Comex, et les deux marchés ne
proposent pas les mêmes produits.
Pour comprendre le
fonctionnement de la découverte du prix de l’or, il faut d’abord observer la
manière dont les marchés de Londres, New York, Tokyo et Shanghai
s’influencent les uns les autres. L’article que nous étudierons aujourd’hui,
écrit par Lucy et al en 2014, se penche sur « le degré auquel ces
marchés sont entrelacés, et lesquels sont receveurs ou émetteurs nets
d’informations ».
Quel est le marché dominant ?
Il ne devrait surprendre
personne que « les marchés les plus puissants et les plus intégrés
soient le marché de Londres et le Comex ». Comme je l’ai dit plus haut,
le centre de la découverte de prix se déplace entre le Comex et Londres.
Selon les auteurs de l’article, « le marché de Londres dispose de plus
de liquidités, et le prix de l’or qui y est fixé chaque jour le matin et
l’après-midi sert de point de référence international ».
Pour vous donner une idée de
la taille du marché de Londres, Murray (2011) suggère que « 87% des
volumes globaux sont échangés à Londres, et moins de 10% sur le Comex de New
York, alors que le SHFE et TOCOM représentent environ 1% des volumes d’échange
chacun ».
On pourrait se demander
pourquoi prendre en compte deux marchés dont les contributions ne
représentent que 10% du deuxième marché dominant. Selon les auteurs,
« malgré la bien plus petite taille des marchés orientaux, beaucoup de
spéculation a vu le jour quant au futur de ces marchés ».
Le SHFE (Shanghai Futures Exchange) a-t-il de
l’importance ?
L’un des marchés de l’or les
plus intéressants que j’ai pu observer par le passé est le marché à terme de
Shanghai. Plus intéressante encore est la proposition d’en faire l’un des marchés
dominants en termes de découverte de prix plutôt qu’un suiveur. Les auteurs
de l’article pensent que « Shanghai demeure isolé en termes de
volatilité ».
Mais le SHFE est-il le petit
marché que laissent suggérer les volumes ? Non. En s’appuyant sur mes travaux, les auteurs
ont souligné le fait qu’il est désormais « le deuxième centre mondial
pour le négoce de contrats à terme après le Comex de New York ».
Qui influence le prix de l’or ?
Afin qu’un prix puisse être
établi, les informations doivent pouvoir circuler entre les marchés.
« Compte tenu de sa taille et de sa dominance, on pourrait penser que le
Comex domine le flux d’informations ».
Mais comme nous l’avons déjà
vu, « il est raisonnable de penser que cela n’en fait pas le marché
dominant. Nous savons que la transparence et la capacité d’exécution des
marchés de produits dérivés peuvent permettre à des marchés relativement peu
étendus d’influencer les plus larges ».
Les recherches démontrent
qu’en termes d’impact sur les autres marchés, New York et Londres dominent.
En termes d’influence, New
York a « contribué 26,7% de la variante d’erreur des prévisions de
retours de Tokyo ». La faveur ne lui a pas été rendue, parce que Tokyo
n’est responsable que de 3 à 4% de la variante d’erreur des prévisions de New
York.
Il n'est pas surprenant que
New York et Londres contribuent en des proportions identiques aux variances
de l’autre, puisque nous avons déjà établi des similitudes entre les deux
marchés en matière d’influence sur les prix.
Les auteurs pensent que Tokyo
et Shanghai ont tous deux très peu d’influence sur New York et Londres.
Shanghai est toutefois très déconnecté des trois autres marchés et gère 98,7%
de ses propres variantes d’erreur de prévision.
Effets de retombées
La première fois que le prix
de l’or franchissait les 1.000 dollars (une barrière psychologique), New York
et Londres influençaient tous deux d’autres marchés.
Il est intéressant de noter
que c’est encore ce qu’il se passe aujourd’hui. Londres n’est jamais vraiment
un receveur net de retombées, « ce qui suggère que les volumes dominent
et influencent plutôt que sont influencés ».
Et qu’en est-il de la
Chine ? Entre mars et mai 2009, New York a été un marché receveur à
plusieurs reprises, dans le même temps que Shanghai enregistrait son unique
période d’influence sur d’autres marchés.
Les auteurs concluent que
« les retombées de l’or, que ce soit en termes de retours ou de
volatilité, sont concentrés à Londres et à New York ».
La taille compte-t-elle ?
Pour le cas des marchés de
l'or, oui. Les auteurs expliquent qu'il n'existe "aucune preuve de
l’impact du SHFE sur les marchés du monde, que ce soit en matière de retours
comme de volatilité ».
Il est important de se
souvenir que malgré l’impact du marché papier de New York et du marché de
Londres sur le prix de l’or, tout laisse penser que le SHFE élargira un jour
l’influence de tous les marchés de l’or.