Les
prévisions sur le cours du baril du pétrole sont toujours
hasardeuses. Bien malin est celui dont les prédictions en la
matière seront exactes. Même le grand Marion King Hubbert s’est lourdement trompé
lorsqu’il indiquait que le pic pétrolier mondial prendrait place
vers la fin des années 1960 ou, tout au plus, au début des
années 1970.
Il faut dire
qu’on est en présence d’un principe cardinal du
libéralisme : l’incertitude. La « Nouvelle Économie »
a bien tenté d’amoindrir ledit principe
en se servant des progrès de l’informatique, rien n’y
fit : l’économie n’est pas
modélisable et nous réserve constamment des surprises. Tout
au plus peut-on analyser certaines données et en tirer quelques
conclusions (modestes) pour le futur.
Il est
intéressant, à ce sujet, de relire
d’« anciennes » prédictions et illustrer
ainsi le caractère présomptueux de ceux qui s’y sont
adonnés.
Un bon exemple
en la matière est celui de Joseph
Petrowski, l’ancien président de
la compagnie pétrolière Gulf Oil. En
juillet 2013 (soit il n’y a pas si longtemps), Petrowski
avait prédit que les prix du baril pourraient plonger d’ici la
fin de l’année 2013 à 50 $. Nous sommes en février
2014 et force est de reconnaître que ces prévisions furent
erronées. Fin janvier 2014, le cours du baril du pétrole
était supérieur à
95 $.
La très
intéressante intervention télévisuelle de Joseph Petrowski garde toutefois une partie de sa pertinence.
Dès l’été 2013, il avait presque anticipé
un fait qui a attiré l’attention des médias en novembre
2013 : aux États-Unis, la production nationale de pétrole
a dépassé,
en octobre 2013, les importations. L’hyperpuissance mondiale s’en
félicite puisque, déjà, sous la présidence de
Richard Nixon, avait fleuri le très protectionniste concept
d’« indépendance
énergétique » qui a de plus en plus séduit la
France, surtout dans les années
2000. Cette hausse brutale de la production aux États-Unis est due
aux pyroschistes. Autre avantage permis par cette
« mutation » : le fait que les États-Unis
seront peut-être moins dépendants à l’avenir du
régime saoudien.
De son
côté, l’OPEP voit aussi sa production augmenter fortement.
Il convient justement de noter que l’Arabie saoudite, contrairement
à d’autres membres de l’organisation, a traversé
une année 2013 difficile.
Heureusement,
dans le même temps, d’autres pays ont vu leur production
augmenter : c’est le cas, par exemple, pour le Canada.
Par ailleurs, de nouveaux gisements sont régulièrement découverts,
notamment au Brésil,
preuve que les mythes
propagés sur la fin imminente du pétrole sont de pures
foutaises.
La hausse de
la production est un des facteurs exerçant une pression
à la baisse sur les prix.
Ceci dit, Petrowski, dans une approche assez binaire, occulte un
point fondamental qui explique que, conformément
aux prévisions – pour le coup, avérées – de
l’Institut français du pétrole et des énergies
renouvelables, le prix du baril est demeuré élevé en
2013 : le fait que la demande américaine en pétrole a augmenté
en 2013 et continuera à le faire en 2014.
Il est
également erroné d’indiquer que la demande de la Chine a
baissé en 2013, les chiffres montrant le contraire.
Enfin, un
autre élément doit être scruté avec attention, ce
qui rend les prévisions si incertaines : l’impact non
négligeable des relations entre ou avec les pays du Moyen-Orient.
La situation iranienne, notamment, ne cesse d’évoluer,
entraînant une instabilité des prix du baril.
Ces données
ne peuvent être modélisées, illustrant
l’échec de cette méthode en la matière.
|