C’est un véritable festivalls auquel les déhanchements ayraultiques du premier ministre ne changeront rien : tout le gouvernement semble à nouveau mouillé dans un énième scandale dont la proportion, largement enflée par les agitations de la droite et d’une presse frétillante, prend celle d’une affaire d’État.
Pour résumer, on a appris récemment – quelle abomination – que l’ex-président Sarkozy, non content d’avoir été trahi par un Buisson ardent de l’enregistrer avec son petit dictaphone, avait aussi été mis sur écoute sur tous ses téléphones portables, et que, par voie de conséquence, il avait été écouté aussi lorsqu’il papotait avec son avocat, Me Herzog. Au passage, c’est amusant de s’apercevoir qu’il n’y a jamais eu autant de micros à proximité de Carla, mais que c’était pour enregistrer son mari et pas elle. Comme quoi …
L’histoire aurait pu s’arrêter là si on n’avait pas découvert, cacophonie du gouvernement aidant, que l’enquête en cours était connue des plus hautes personnalités de l’État, dont Taubira, qui aura eu la présence d’esprit de nier, et Ayrault, qui aura eu la présence d’esprit de confirmer. Pataquès et collisions, on s’amuse, on rigole, mais tout ça ne fait guère organisé et contrôlé.
Bref. On découvre donc que le gouvernement raconte des salades.
Une partie de la presse en fait ses gros titres, l’autre verse dans l’analyse enfiévrée. Tout le monde se bouscule pour dire en quoi tout ceci doit être analysé (surtout la presse), en quoi cette affaire est énorme (surtout la droite), en quoi la surprise s’y dispute avec la consternation voire l’effarement (un peu tout le monde).
Diable.
En quoi tout ceci est-il si étonnant ?
Valls aurait menti. Taubira aurait menti. Ayrault aurait menti. Ah. Mais est-ce la première fois ?
Non, c’est même d’un banal achevé. Ce sont des habitués de la pirouette linguistique, de l’atténuation pratique, de la métaphore camouflante ou du pipeautage de grand chemin. Et, du reste, comment imaginer une seule seconde qu’un type à la place de Valls pouvait ne pas être au courant que des écoutes étaient pratiquées ? Comment une personne à la place de Taubira aurait pu ne pas savoir que le système judiciaire enquêtait depuis des mois et des mois sur certains de leur principaux opposants politiques ? Comment imaginer que Ayrault ait été tenu hors de la confidence ? Comment Hollande pouvait-il ignorer tout cela ?
Admettre, même du bout des lèvres, qu’une de ces personnes n’était pas au courant, c’est admettre en creux que ces gens ne sont, tout simplement, pas à la hauteur de leur tâche ! Ce serait admettre que l’appareil d’État leur échappe quasi-totalement, ce qui serait gravissime pour le coup par la démonstration d’une administration sans contrôle… Et si l’on admet qu’ils auraient dû être au courant mais qu’ils ont expliqué, de bonne foi, n’en rien savoir parce qu’ils auraient été débordés dans leurs nombreux dossiers, ou n’auraient pas attaché d’importance à des petits détails techniques d’une procédure parmi tant d’autre, bref, si l’on admet qu’ils disposaient de l’information mais n’en ont rien fait, c’est admettre implicitement qu’ils sont parfaitement incompétents.
Et bien évidemment, imaginer qu’ils puissent admettre tout savoir et même qu’ils pilotaient l’ensemble des écoutes, c’est croire que, tout d’un coup, le cynisme et l’honnêteté sans fard l’emporteraient sur l’hypocrisie et l’habitude du calcul politicien de long terme que leur ambition personnelle leur impose évidemment. Ils préfèreront, de loin, passer pour des menteurs et des hypocrites que pour des cyniques (qu’ils sont pourtant) ; jouer cartes sur table, pour ces individus, revient à finir comme Cahuzac.
De la même façon, on découvre que l’appareil judiciaire écoute un peu tous ceux qui sont mêlés de près ou de loin au pouvoir politique en France. Après avoir feint la surprise de découvrir que la magistrature pencherait un peu pas mal à gauche avec un « Mur des cons » assez gratiné, on feint maintenant d’apprendre que des magistrats, commandités par le gouvernement duquel ils n’ont normalement aucun ordre à recevoir, ont placé sur écoute un paquet de personnes politiques, directement ou indirectement. Et ce serait surprenant ? Mais c’est, là encore, d’un banal parfaitement complet ! Cela se pratique pour ainsi dire depuis que le pouvoir intéresse les hommes, et la gauche, toute drapée de sa morale en carton systématiquement portée en étendard, n’échappe en rien à la règle : ces gens espionnent tous ceux qu’ils peuvent, tout comme la droite l’a toujours fait aussi.
L’opposition trouve à présent scandaleux que les uns aient menti, que les autres aient espionné. Comme ces parangons de vertu et de probité sont mignons à s’égosiller ainsi. Ainsi, Michèle Alliot-Marie, celle-là même qui proposa d’assister Ben Ali lors de la révolution tunisienne, réclame la démission de Taubira pour des raisons éthiques. Quelle blague. L’éthique pour MAM ou Taubira, c’est ce que la vaisselle de mariage est au vieux couples : encombrante, ébréchée et sortie seulement aux grandes occasions.
Tout ceci est, bien évidemment, du parfait théâtre sans le moindre intérêt ! On voit mal Sarkozy et sa clique prendre ça avec détachement alors que des élections approchent et que ceci leur sert d’argumentaire électoral en platine : la gauche vous ment (nan, sans blague !), l’Etat vous espionne (oh, vraiment ?), et tout ceci mérite des actions fermes et déterminées à base de menton en avant et de lippe tremblante de rage.
En réalité, ces affaires lamentables devraient surtout servir de contre-argumentaire général à toute élection puisqu’elles ne permettent, en définitive, que de choisir quel guignol, systématiquement de l’un ou l’autre parti, va décrocher la queue du Mickey dans le manège démocratique tintinnabulant. Ces guignols de gauche et de droite ou d’ailleurs se valent bien tous : entre les moyens massifs d’espionnage de la population mis en place par la précédente équipe de Géo-Trouvetous délétères, moyens qui n’ont pas du tout été mis au placard depuis, loin s’en faut, et ces affaires récentes qui démontrent de façon absolument limpide que les bonnes petites bidouilles n’ont jamais cessé en République Populaire du Bisounoursland, je vois mal exactement ce qui pourrait motiver à voter pour l’une ou l’autre formation dont les objectifs restent évidents : la mise en coupe réglée du pays, le musèlement des vrais opposants et le contrôle étroit de la population.
De surcroît, on ne peut s’empêcher de voir que ces manœuvres qui déstabilisent Valls, Taubira et Ayrault n’auraient sans aucun doute pas autant de retentissement sans une presse aux aguets et dont le comportement montre surtout qu’elle adore ce genre de spectacle, au mépris évident et cynique des problèmes de fond (et de fonds) du pays. On s’en doute, un remaniement ministériel tomberait à point pour faire vendre des copies des zombies journalistiques qui, comme tout zombie, recherchent désespérément des cerveaux.
À quelques jours des scrutins, tout ceci donne un goût délicieux à cette démocratie dont plus personne ne se réclame, n’ayant plus que le mot « République » dans la bouche, l’autre ayant probablement déjà fondu comme un caramel sirupeux mais déjà oublié. De façon évidente, ces gens, tous, se moquent ouvertement du peuple, de l’avenir qu’il leur propose, des problèmes qui s’accumulent.
La démocratie, en France, est devenue une farce ridicule. Ce pays est foutu.
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