Voici la question du jour :
y-a-t’il une bulle sur le climat ?
Dans cette lettre ouverte
publiée par le New York Times, l’ancien Secrétaire du trésor, Hank Paulson, explique que oui.
Il surnomme cette bulle le choc climatique à venir.
Nous avons pendant de trop nombreuses années échoué à mettre un frein aux excès sur les marchés
financiers de notre nation. Lorsque la bulle sur le crédit a éclaté en 2008,
ses conséquences ont été dévastatrices. Des millions de personnes ont
souffert. Et beaucoup souffrent encore.
Nous commettons à nouveau la même erreur aujourd’hui avec
le changement climatique. Nous faisons face à une bulle sur le climat qui
représente une grande menace pour notre environnement et pour notre économie.
Les signes avant-coureurs sont clairs et se font de plus en plus urgents à
mesure que les risques demeurent ignorés.
C’est une crise que nous ne pouvons
nous permettre d’ignorer. J’ai l’impression d’observer notre vol au
ralenti vers une collision certaine avec une montagne. Nous pouvons percevoir
le choc à venir, mais nous préférons rester assis sur nos mains plutôt que changer
de cap.
Nous devons agir maintenant, malgré les désaccords, qui
règnent jusqu’au cœur de mon propre parti Républicain, quant à la réponse à
apporter au problème tout en demeurant économiquement compétitifs. Il est
nécessaire de prendre en compte les implications économiques. Mais nous ne
devons pas perdre de vue les risques économiques liés à notre inaction.
La solution peut être conservative et laisser le marché
chercher la réponse la plus efficace à la question climatique. Nous pourrions
par exemple attacher un prix aux émissions de dioxyde de carbone – établir une
taxe sur l’empreinte carbonique.
Il y a moins de dix ans, les analyses les plus optimistes
suggéraient que la fonte des glaces de l’océan Arctique pourraient laisser
place à des étés sans glaciers d’ici la fin du XXIe siècle. La calotte
glacière fond aujourd’hui si rapidement que nous pourrions voir des étés sans
glaciers d’ici dix à vingt ans. Le manque de glace réfléchissante pourrait
causer une absorption de la chaleur du soleil par les océans, et donc une
accélération du réchauffement des océans et de l’atmosphère, et ultimement la
hausse du niveau de la mer.
Pire encore, en mai, deux études ont découvert que l’un
des paliers clés a déjà été franchi. La calotte glacière de l’ouest de l’Antarctique
a déjà commencé à fondre, un phénomène qui selon les scientifiques pourrait s’étendre
sur des centaines d’années, mais qui pourrait éventuellement augmenter le
niveau de la mer de 4,5 mètres. Maintenant que ce processus de fonte a
commencé, il n’y a rien que nous puissions faire pour y mettre fin.
Selon certains membres de mon parti, attacher un prix à l’empreinte
carbonique est une « grosse intervention ». Elle permettrait en réalité
de réduire le rôle du gouvernement, qui si nous continuons ainsi sera
incessamment appelé à l’aide par les communautés et les régions affectées par
les désastres liés au climat, tels que les inondations, les sécheresses, les
tornades ou encore les ouragans.
Des ironies nombreuses
A en croire Paulson, pour réduire
le gouvernement, il nous en faudrait plus. C’est un peu comme dire que nous
avons dû, pendant la guerre du Vietnam, détruire des villages pour pouvoir
les sauver, ou que George Bush a abandonné les principes du marché libre pour
sauver le système de marché libre.
Curieusement, Paulson pense que
nous ne puissions pas faire machine arrière.
Si le réchauffement climatique est déjà engagé, pourquoi
donc dépenser des milliards de dollars pour tenter d’empêcher l’inévitable ?
Ne serait-il pas plus simple de dépenser ces milliards de dollars pour autre
chose ?
Apparemment pas.
Répondons-donc à ma question : existe-t-il une bulle
sur le climat ?
Bien sûr que oui.
Quand les gens pensent qu’ils seront capables de mettre fin à des changements
climatiques qui se développent sur plusieurs millions d’années, qu’ils
estiment qu’une carte des changements climatiques de ces 100 ou 1000
dernières années est capable de prédire le futur, et lorsque les Républicains
demandent au gouvernement de faire quelque chose quand il est déjà trop tard.