Les
« affaires » à l’UMP nous en apprennent beaucoup. Elles nous
permettent notamment de dégager les quatre commandements de l’homme politique
français :
1.
De
transparence et moralisation toujours tu parleras, mais jamais tu
n’appliqueras :
Le
financement public des partis politiques a été mis en place par Jacques
Chirac, alors premier ministre de François Mitterrand, par la loi du 11 mars
1988, à la suite de l’affaire Luchaire. Cette loi sera complétée et modifiée
à plusieurs reprises, en particulier en 1990 après l’affaire Urba, ou en 1995
après les affaires Carignon, Roussin et Longuet.
Une
nouvelle loi pourrait voir bientôt le jour. Jean-François Copé ne vient-il
pas de déposer deux propositions de lois sur la transparence financière des
partis politiques ?
Sans
doute cette initiative de Jean-François Copé n’a-t-elle pour objectif que de
détourner l’attention. Pourquoi les choses changeraient-elles
subitement ? Peut-on faire confiance aux politiques pour adopter
d’autres comportements ? Les pratiques louches, délictueuses, voire
mafieuses, qui étaient en vigueur avant la loi de 1988 sont manifestement
toujours présentes. C’est à se demander si le contournement de la loi n’est
pas dans l’ADN d’un certain nombre de ceux qui sont chargés de l’élaborer, de
la voter et de la faire appliquer.
2.
Non
responsable toujours tu te déclareras :
Les
plus hauts responsables de l’UMP se déclarent non responsables dans l’affaire
Bygmalion. Ils avaient délégué l’intendance et ne sont pas préoccupés du
financement. Certains évoquent 17 millions d’euros de dépassement pour
la campagne de Nicolas Sarkozy, alors que le budget initial plafonné était de
22,5 millions.
Comment
des personnes qui sont dans la vie politique depuis leur plus jeune âge, qui
ont participé à des dizaines de campagnes électorales, qui ont organisé des
centaines de meetings, qui ont été ou sont à la tête d’un parti politique
aussi important que l’UMP, ne voient-elles pas que le budget est en train de
déraper de plus de 75 % du montant initial ?
Comment
des individus qui ont été ministre du budget, qui ont été président de la
République ou aspirent à l’être peuvent-ils se déclarer non responsables et
ne pas s’intéresser aux comptes d’un événement aussi capital pour eux ?
Imagine-t-on
un chef d’entreprise ne pas s’intéresser à sa trésorerie, à son fonds de
roulement, à sa marge, à son bilan ?
Il
ne s’agit plus de non responsabilité, mais bel et bien d’irresponsabilité.
3.
Sans
importance la dépense tu affirmeras :
La
dépense n’a vraiment aucune importance pour le politicien. Il lance des
idées, ordonne que l’on applique ses décisions, mais surtout ne regarde pas
la mise en œuvre pratique. Ce n’est pas de son niveau. C’est celui de
l’intendance, nous l’avons vu.
C’est
par exemple, pour parler aussi de la gauche, l’arrêt de la centrale de
Fessenheim décidé par François Hollande sans qu’une évaluation financière
préalable ait été faite. EDF estime le coût du démantèlement à 634 millions
d’euros. Selon L’Express, « la Cour des comptes s’est
montrée sceptique quant à cette estimation, qui serait très en deçà des devis
réalisés dans les autres pays. En Grande Bretagne par exemple, le
démantèlement des onze premières centrales est évalué à 60 milliards
d'euros… » Soit une moyenne de 5,5 milliards par centrale.
C’est
aussi, pour revenir à l’UMP, la départementalisation de Mayotte promise par
Nicolas Sarkozy en 2007 et effective depuis 2011, après le référendum de mars
2009. Son coût est estimé à un milliard d’euros par an.
C’est
ainsi que le déficit public et la dette dérapent chaque année davantage.
4.
L’avenir
jamais tu ne prépareras
Quand
on est politicien, on n’a qu’un objectif : gagner les élections. Mais
quand on a un peu d’expérience et un peu de jugeote, l’on sait aussi qu’on ne
va pas toutes les gagner. Inévitablement, on va en perdre, surtout quand on a
été au pouvoir pendant un certain temps. Cela s’appelle l’alternance.
À
l’UMP, ils ne savent pas ce que c’est. Après les élections de Chirac en 1995
et en 2002, et la victoire de Sarkozy en 2007, il n’était pas déraisonnable
de penser que le jour où les élections allaient être perdues approchait. Les
sondages – qui se trompent parfois, c’est vrai – annonçaient que cela pouvait
être le cas en 2012. La défaite aux législatives, suite aux présidentielles,
était prévisible.
Mais
jamais on a pensé à ce scénario à l’UMP. En effet, qui dit défaite, dit
moindre financement public. La sagesse voudrait donc que l’on mette de
l’argent de côté, que l’on constitue une petite cagnotte pour les moments de
disette. Point de ça à l’UMP. Pas de gestion de père de famille. Non. Au
contraire, on dépense à tout va et l’on s’endette à qui mieux-mieux.
En résumé,
nous avons des dirigeants de partis politiques qui ne respectent pas la loi
qu’ils ont eux-mêmes votée, qui ne se préoccupent pas des conséquences de
leurs décisions, qui ne mettent jamais le nez dans les comptes et qui ne se
préparent pas aux mauvais jours pourtant annoncés.
Pouvons-nous
raisonnablement faire confiance à ces gens-là pour diriger le pays ?
PS : Pour
en savoir plus sur « L’argent des partis politiques », on lira Les
enquêtes du contribuable, n°5 de juin-juillet 2014.
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