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Pour
appréhender la question du chômage, il faut au préalable poser une définition
précise du chômeur. La classification d’un individu comme chômeur varie selon
les définitions utilisées. La définition la plus usuelle est la suivante : un
chômeur est généralement un individu qui appartient à la population active,
qui n’a pas d’emploi, et qui en cherche un activement. Cette définition fut
proposée par l’Organisation internationale du travail (OIT, ex-BIT).
Cependant,
elle est assez floue et sujette à des variations dans son interprétation. En
novembre 2007, l’Insee a fait évoluer sa méthodologie pour coller à
l’interprétation d’Eurostat. La définition s’est alors affinée : est «
chômeur » une personne en âge de travailler (16 ans ou plus) qui est : - sans
emploi (ne pas avoir travaillé, même une heure, pendant une semaine de
référence) ; - à la recherche active d'un emploi ; - disponible dans les
quinze jours. Une seconde définition du chômage existe, celle de Pôle emploi,
selon laquelle est un « demandeur d'emploi », un chômeur qui, en France, est
inscrit à Pôle emploi.
Le
gouvernement, lorsqu'il communique les chiffres du chômage, parle uniquement
des inscrits de la catégorie A de Pôle emploi. Armée d’une définition, on
peut alors passer à l’estimation du nombre de chômeurs. En France, le taux de
chômage (nombre de chômeurs/population active) se monte à 9.7 %. A la fin
juin 2014, cela porte le nombre de demandeurs d’emplois de catégorie A à 3
398 300. Au total, le nombre de demandeurs d’emplois de catégories A, B, C
s’établit à 5 043 200. Le niveau et la persistance d’un tel chômage défit non
seulement une grande partie des experts mais aussi l’ensemble de la classe
politique de telle sorte qu’aucun gouvernement n’a réussi à endiguer
durablement ce fléau.
Il
convient donc de revenir sur la dimension théorique pour redonner à l’action
toute son efficacité. En la matière, il existe un foisonnement de théories
qui se sont attaquées à l’explication du chômage avec plus ou moins de
succès. Notamment à partir des années 80, on a pu assister à une renaissance
des modèles partiels explicatifs de telle ou telle situation de sous-emploi
(chômage keynésien, chômage classique, chômage lié aux différentes rigidités
du marché du travail, chômage lié aux conditions d’information imparfaite).
Malgré
cette richesse théorique, la recherche a rarement débouché sur des politiques
et des actions concrètes efficaces en matière de lutte contre le chômage. Il
y deux raisons principales à cet état de fait : soit que les théories en
question étaient trop abstraites, soit que les décideurs politiques sont
restés sourds aux enseignements de la théorie quand ils n'allaient pas dans
leur sens. De plus, et notamment en France, l’analyse du chômage a
généralement emprunté un cheminement keynésien qui débouche sur le
raisonnement suivant : à cause d’une consommation des ménages faible, la
croissance économique est ralentie ; en conséquence, le chômage augmente ou
ne peut pas baisser.
Il
s’en suit qu’il faudrait relancer la consommation des ménages, seule moteur
de la croissance selon cette perspective. Si une telle perspective analytique
est de nature à expliquer le chômage à court-terme (encore appelé « chômage
conjoncturel »), elle s’avère dépassée pour rendre compte du chômage de
long-terme (lui-même appelé « chômage structurel »). Or, notre pays souffre
de la persistance, depuis des décennies, d’un chômage structurel. Dans cette
optique, il convient de renverser l’ordre des causalités : c’est la
faiblesse de la croissance qui mine à la fois la consommation et
l’investissement, entraînant du même coup une explosion et une persistance du
chômage.
Tant
que l’on raisonnera à l’envers, confondant la cause avec les effets, on ne
parviendra jamais à réduire de manière significative et durable le niveau et
le taux de chômage dans notre pays. Pour diminuer le chômage, il faut libérer
la croissance. Les ménages consomment moins car ils sont devenus plus pauvres
à cause de la chute structurelle du taux de croissance économique depuis
trois décennies. La consommation des ménages ne se décrète pas. Mais nous
récoltons aujourd’hui les fruits d’un immobilisme suicidaire à force d’avoir
retardé, depuis les années 80, les réformes nécessaires, au retour d’une
croissance économique viable et pérenne.
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