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Au
début du mois de mai, un légionnaire, possiblement en
état de légitime défense, a tué
un homme de son âge qui lui proposait de la drogue de façon
insistante. Face à son refus, celui-ci a brandi un couteau pour
l’agresser. Mais le légionnaire, fin combattant, a su retourner
l’arme contre l’agresseur. Hélas,
l’irréparable se produisit puisque ce dernier
décéda de ses blessures à l’hôpital.
Cette affaire
ne fait que renforcer un triste climat d’insécurité
régnant en France. Concernant ce décès-ci, bien
sûr, chaque personne sera tentée de donner son avis et de
critiquer la décision du juge des libertés et de la
détention de mettre le légionnaire en détention pendant
le temps de l’enquête du juge d’instruction. Une belle page
de soutien au légionnaire a d’ores et déjà
été créée
et rassemble plusieurs milliers de personnes.
De tels avis
sont souvent présomptueux. En effet, le juge dispose des
éléments de l’enquête et, surtout, des
compétences juridiques pour analyser sereinement la situation, ce que
ne peut pas faire le lecteur « lambda » qui ne sait
rien de plus que ce que la presse veut bien lui servir de façon
généralement superficielle.
On peut
néanmoins regretter qu’une personne, en état de
légitime défense et sans casier judiciaire, se retrouve en
prison pour des gestes violents qu’elle a plus subis
qu’initiés et que l’infraction retenue soit
« homicide volontaire », le légionnaire pouvant
donc être potentiellement jugé par une cour d’assises avec
ce que cela risque de représenter en termes de sanction pénale.
Mais une vie a été ôtée et, quelles que soient les
circonstances, il convient de faire la lumière sur cette affaire. De
plus, il semblerait que sept coups de couteau aient été
portés à l’agresseur, ce qui pourrait écarter la
légitime défense, surtout émanant d’un
légionnaire qui dispose de la formation adéquate pour opposer
à un agresseur une riposte limitée.
La seule
tendance que nous pouvons réellement critiquer est le fait
qu’aujourd’hui, la détention provisoire, qui devait
demeurer « exceptionnelle », est devenue le principe
tandis que l’assignation à résidence sous surveillance
électronique, le contrôle judiciaire et la liberté
pendant l’enquête sont désormais l’exception. Et
force est aussi de reconnaître que les prisons sont peuplées de
personnes n’y ayant rien à faire.
La
raison : la pénalisation croissante d’actes qui ne
devraient pourtant être ni correctionnalisés, ni
criminalisés. Cette tendance est renforcée par le récent
texte adopté par les députés visant à punir
d’une amende les clients des prostitués, texte qui suscite bien
heureusement une vague salutaire d’oppositions émanant de
tous bords politiques. Bien entendu, il ne s’agit pour l’instant
que d’une amende et non de prison ferme. Mais le ver étant dans
le fruit, rien ne dit que ce texte ne constituera pas un premier pas vers de
futures sanctions plus larges.
Dans
l’affaire de la Gare du Nord, un point n’a malheureusement pas
été suffisamment souligné par les médias : la décès a pour origine la drogue. Si cette
dernière avait été libéralisée, il y a peu
de chances que ce drame se serait produit. Voit-on aujourd’hui des
dealers proposer, de façon insistante, de l’alcool aux
passants ?
La guerre
contre la drogue, outre le fait qu’elle est perdue d’avance,
entraîne des effets indirects, nombreux et non quantifiables. Ce
n’est pas pour rien si la dépénalisation gagne
du terrain dans les débats et n’est peut-être
aujourd’hui plus qu’une affaire de décennies.
Espérons-le du moins. Car sur le plan pénal, les débats
ne sont pas pertinents et ne doivent finalement pas porter sur la
sévérité des peines mais plus sur les actes pouvant
réellement faire l’objet de sanctions.
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