L’ancien gouverneur de
la Banque du Canada, Mark Carney, aujourd’hui
directeur de la Banque d’Angleterre, tient entre ses mains une pièce d’or à
l’atelier de frappe monétaire canadienne, pour promouvoir la vente publique
de pièces d’or canadiennes très rares entreposées dans les coffres de la
Banque du Canada depuis 1935. Canadian Press/Adrian
Wyld
- Le vote suisse pour le
rapatriement de l’or national pourrait engendrer un rapatriement d’or depuis
la Banque du Canada.
- La Banque du Canada joue
le rôle de dépositaire pour quatre banques centrales étrangères.
- La Suisse, la Hollande
et la Suisse disent posséder de l’or à Ottawa.
- La Banque du Canada
n’est plus un dépositaire majeur, et n’a virtuellement pas d’or.
Dans seulement trois mois, le 30
novembre, les Suisses voteront pour déterminer le futur des réserves d’or de
leur pays.
Le référendum a été organisé
suite à une initiative populaire appelée « Sauvons notre or
suisse ». En Suisse, les citoyens peuvent proposer des réformes
constitutionnelles grâce à un mécanisme appelé initiative populaire, et ce
même si le Parlement s’oppose à leur proposition.
L’initiative « Sauvons
notre or suisse » devrait mettre en lumière la question des réserves
souveraines et de leur contrôle, et pourrait donner naissance à un débat
quant au patrimoine national et aux réserves d’or de chaque pays.
Voici ce que propose
l’initiative :
-des lois pour empêcher à la
Banque nationale suisse de vendre les réserves d’or de son pays,
- des réserves d’or équivalentes à un minimum de 20% des réserves de la
Banque nationale suisse, et
- le maintien des réserves d’or suisses dans le pays.
Voilà qui demanderait le
rapatriement de l’or suisse, puisqu’une partie des réserves d’or du pays a
été déposée à l’étranger.
La Banque nationale suisse
s’oppose à la proposition mais s’est trouvée forcée l’an dernier, face à la
campagne populaire, de révéler les lieux de dépôt de l’or suisse.
Barres d’or et drapeau
suisse
En avril 2013, Thomas Jordan,
directeur de la Banque nationale suisse, a confirmé que 70% de l’or suisse se
trouvait en Suisse, 20% auprès de la Banque d’Angleterre, et 10% auprès de la
Banque du Canada, et ce depuis plus de dix ans.
Puisque la Suisse possède un
total de 1.040 tonnes d’or, cela signifie qu’elle a déposé 104 tonnes d’or
auprès de la Banque du Canada, et 208 tonnes auprès de la Banque
d’Angleterre. Selon Jordan, une partie de l’or suisse a été déposée à
l’étranger afin de permettre une « diversification régionale adéquate et
un meilleur accès aux marchés ».
Puisque la Banque d’Angleterre
joue le rôle de dépositaire pour l’or de nombreuses banques centrales, il
n’est pas surprenant que la Banque nationale suisse lui ait confié une partie
de son or.
Ce qui est surprenant en revanche,
c’est que la Banque nationale suisse possède de l’or déposé auprès de la
Banque du Canada, qui semble avoir cessé d’accepter le dépôt d’or étranger au
cours de ces dernières années.
Plus tôt cette année, alors
que la Banque du Canada se trouvait interrogée quant au nombre de banques
centrales étrangères pour lesquelles elle joue encore le rôle de dépositaire,
elle a répondu ne conserver de l’or que pour quatre autres banques centrales,
mais que pour des raisons de confidentialité, elle ne pouvait dévoiler
l’identité de ces banques.
Nous savons d’autres sources
que la Hollande et la Suède possèdent aussi de l’or auprès de la Banque du
Canada.
La Banque de réserve
fédérale de New York détient 1.536 tonnes d’or allemand, près de la moitié
des réserves d’or de Berlin. Cet or serait situé au cinquième sous-sol de la
banque de Liberty Street, 25 mètres sous terre, et 15 mètres sous le niveau
de la mer. Mais l’est-il vraiment ? Les Allemands veulent le savoir, et
ils veulent récupérer leur or. Tout comme les Suisses, et d’autres.
La Banque centrale de
Hollande, De Nederlandsche Bank, a déjà décrété
qu’une majeure partie de ses réserves d’or se trouvent dans les coffres de la
Réserve fédérale de New York, de la Banque d’Angleterre et de la Banque du
Canada, avec moins de 10% de ses réserves conservées à Amsterdam.
La Riksbank
suédoise a également annoncé avoir placé son or à l’étranger, auprès de la
Réserve fédérale, de la Banque d’Angleterre, mais aussi de la Banque du
Canada.
L’identité de la quatrième banque
dont une partie des réserves d’or se trouve dans les coffres de la Banque du
Canada est inconnue, mais il pourrait s’agir de la Réserve fédérale ou de la
Banque d’Angleterre, qui possèdent toutes deux historiquement un compte
auprès de la banque du Canada.
Puisque le Canada a vendu près
de l’ensemble de ses réserves d’or il y a quelques années, il semble anormal
que la Banque du Canada possède encore à Ottawa une partie des réserves d’or
d’autres pays. Une majorité des pays qui ont déposé de l’or auprès de la
Banque du Canada ont demandé son rapatriement il y a longtemps.
Les citoyens de Suisse, de
Hollande et de Suède devraient s’inquiéter du fait qu’une partie des réserves
d’or de leurs pays se trouve encore dans les coffres d’une banque qui n’est désormais
plus spécialiste de l’or, et qui n’a pas souhaité conserver ses propres
réserves. Ils devraient également s’inquiéter du manque de transparence
concernant leur or national.
Le référendum suisse devrait
s’avérer intéressant, et devrait lever le voile sur la raison pour laquelle
la Banque nationale suisse défend le besoin de conserver de l’or dans un
coffre depuis longtemps oublié.