Le président Obama a admis la
semaine dernière que son administration n’avait pas encore déterminé de
stratégie face à l’émergence de l’Etat Islamique en Irak et au Levant (EIIL)
en tant que force dominance au Proche-Orient. En revanche, alors que l’EIIL
continue de gagner du terrain en Syrie et en Irak, pour beaucoup de membres
de l’administration, comme l’a exprimé le Secrétaire de la Défense, Chuck Hazel, il représente une « menace encore jamais
vue auparavant ».
Comme nous aurions pu nous y
attendre, les néoconservateurs ont critiqué le discours du président. Ils
pensent que les bombes sont la solution à tous leurs problèmes, et ne peuvent
comprendre l’hésitation du gouvernement.
Le directeur du Comité pour
les forces armées, Buck McKeon, a expliqué qu’attaquer l’EIIL reviendrait
très cher et nécessiterait l’envoi, pour la troisième fois, de troupes
américaines en Irak. La paix post-Irak et post-Afghanistan se désintègrerait.
Voici ce qu’il a dit la
semaine dernière :
L’EIIL représente une menace
urgente, et une approche minimaliste qui ne dépende que de FY15 ou d’attaques
ciblées et laisse les troupes sur le terrain s’occuper du plus gros du
travail, n’est pas suffisante pour protéger nos intérêts et garantir notre
sécurité sur le long terme.
Que cela signifie-t-il dans la
pratique ? Si les néoconservateurs obtenaient ce qu’ils veulent, la
Réserve fédérale imprimerait plus de dollars pour financer une autre
intervention des Etats-Unis au Proche-Orient. En réalité, cela
signifierait une dévaluation du
dollar, qui représente une taxe imposée à tous les Américains et
principalement aux plus pauvres.
Une nouvelle incursion
militaire américaine ne pourra pas stopper l'EIIL, mais ne fera que lui
fournir l’outil de recrutement dont il a tant besoin, tout en épuisant les
coffres du Trésor. C’est exactement ce qu’Oussama ben Laden aurait
voulu !
McKeon est les autres agissent
comme s’ils n’avaient que récemment réalisé l’existence de l’EIIL. Ils prétendent
du moins que les politiques des Etats-Unis n’ont rien eu à voir avec sa
montée en puissance.
McKeon a également annoncé la
semaine dernière que « la menace représentée par l’EIIL a pu grandir au
fil du temps ».
A dire vrai, le changement de
régime en Syrie est la cause directe de la montée en puissance de l’EIIL au
cours de ces trois dernières années. Comme l’a récemment observé le
journaliste Eric Margolis, l’émergence de l’EIIL
est à l’origine de tous les refoulements. Les néoconservateurs qui veulent
attaquer l’EIIL et la Syrie sont aussi ceux qui il y a peu demandaient à ce
que nous apportions notre soutien à des groupes comme l’EIIL pour renverser
le gouvernement d’Assad en Syrie. Les « modérés » de l’Armée
syrienne libre, entraînés et financés par l’armée des Etats-Unis, se sont
alliés aux militants de l’EIIL, et leur ont apporté des armes et des tactiques
américaines.
Les trois années de soutien
apporté à des forces capables de renverser le gouvernement du président Assad
ont donné vie à un nouveau monstre au Proche-Orient, monstre que les
néoconservateurs voudraient voir les Etats-Unis anéantir.
Pourquoi ne peuvent-ils pas
admettre qu’ils ont eu tort ? Pourquoi les interventionnistes ne
peuvent-ils pas admettre qu’apporter leur soutien à un changement de régime en
Syrie était une grossière erreur ?
Si l’EIIL représente une telle
menace, pourquoi ne peuvent-ils pas demander l’aide d’Assad ? Assad n’a
jamais menacé les Etats-Unis, contrairement à l’EIIL. Assad combat l’EIIL et
d’autres groupes islamistes depuis trois ans.
Pourquoi le gouvernement des
Etats-Unis insiste-t-il sur un alignement des théocraties au
Proche-Orient ? Si une chose contredit la Constitution des Etats-Unis et
leurs valeurs, c’est bien un gouvernement théocratique. Je ne pense pas
qu’une majorité de gens voudraient vivre sous un tel système au
Proche-Orient. Pourquoi continuons-nous de le leur forcer ? Est-ce ce
qu’ils appellent promouvoir la démocratie ?
Un manque de stratégie est une
marque d’espoir. Peut-être le président décidera-t-il enfin de cesser
d’écouter les néoconservateurs et les interventionnistes dont les
recommandations nous ont mis dans une situation si délicate. Voici ma
stratégie : rentrons chez nous.