Aujourd’hui, toutes les
devises du monde sont dérivées du dollar. C’est le cas du rouble russe et du
yuan chinois, et même des misérables devises de l’Argentine et du Venezuela.
Tant qu’elles peuvent être utilisées pour acheter des dollars, officiellement
ou par le biais du marché noir, elles continueront de circuler.
Le peso mexicain circule et a de
la valeur parce que les Mexicains ont toujours été capables d’acheter des
dollars avec leurs pesos (à l’exception des quelques jours qu’a duré la crise
Mexdollar survenue au début des années 1980). Le
prix du dollar en pesos a varié, mais il a (presque) toujours été possible
d’obtenir des dollars contre des pesos.
Si l’EIIL désirait avoir sa
propre devise, il faudrait qu’elle puisse acheter des dollars, soit
directement, soit par le biais d’autres devises. (Au passage, une pièce
d’argent d’1/10E d’once pourrait être considérée équivalente au dirham,
qui est la monnaie de l’Islam, auquel cas sa valeur ne dépendrait pas du
dollar ou de ses dérivés. Peut-être quelqu’un en informera l’EIIL, mais je ne
veux pas personnellement être mêlé avec ce genre de gens).
Même dans le cas des devises
qui ne circulent pas hors des frontières des pays qui les émettent, et qui
n’ont pas de rôle commercial hors de cette zone, une valeur externe serait
nécessaire pour qu’elles puissent être évaluées par rapport au dollar ou une
devise lui étant dérivée, ce qui est en soi la même chose. Une devise
fiduciaire ne peut pas naître de rien. Elle doit avoir un
« parent », et à l’heure d’aujourd’hui, ce parent doit être le
dollar fiduciaire.
Le même principe
prévaut pour le dollar.
L'existence des devises
fiduciaires dépend de leur capacité à acheter des dollars. Dans le cas du
dollar fiduciaire, le dollar continuera de circuler tant qu’il pourra être
utilisé pour acheter de l’or.
La condition sous laquelle il
est impossible pour une somme donnée de dollars d’acheter de l’or est appelée
« backwardation permanente ». (Il
existera toujours quelque part des individus capables et désireux de se
séparer d’une petite quantité d’or contre des dollars ou d’autres devises.
Mais l’achat d’or en de grandes quantités d’or ne peut que se faire sur les
marchés globaux, et uniquement lorsque la backwardation
est temporaire. Cette possibilité disparaît lorsque la backwardation
devient permanente.)
En période de backwardation - qui s’est ces derniers temps présentée à
plusieurs occasions – l’or se retranche (ceux qui en ont ne veulent pas s’en
séparer), et plus personne, sur les marchés, n’accepte d’acheter de l’or à
livraison différée, même si le prix de ses contrats à terme est inférieur au
prix de l’or à livraison immédiate. Jusqu’à présent, cette condition a
toujours été temporaire.
Une fois que la backwardation deviendra permanente, la partie sera finie
pour le dollar.
Le processus se déroulera
comme suit : dans le futur, l’or à livraison différée coûtera moins que
l’or à livraison immédiate, c’est-à-dire que nous entrerons une nouvelle
phase de backwardation. En revanche, les conditions
normales, que l’on appelle contango et qui sont
l’opposé d’une backwardation, ne seront pas
rétablies. Le prix de l’or à livraison différée stagnera à un prix très bas –
apparemment très intéressant – mais le prix de l’or à livraison immédiate (ou
au comptant) commencera à grimper. La backwardation
ne pourra pas disparaître, parce que tout le monde voudra mettre la main sur
de l’or physique et le recevoir au moment du paiement.
Lorsque le prix de l’or à
livraison immédiate sera supérieur au prix de l’or à livraison future, et que
ce phénomène deviendra permanent, le dollar ne pourra plus être
accepté : le prix des contrats à terme pourra bien être très peu élevé,
le marché ne sera plus intéressé par ce qu’il propose. Le marché voudra de
l’or, et il le voudra tout de suite.
Le prix de l’or à livraison
immédiate – or au comptant – atteindra plusieurs milliers de dollars, et la backwardation deviendra permanente. Finalement, le prix
de l’or en dollar sera si élevé qu’il ne sera plus déterminé en dollars – ou
en aucun de ses dérivés.
Le dollar sera mort.
Quand la crise économique et
financière du monde explosera – et elle le fera – la réaction des Etats sera
d’imprimer d’énormes quantités de monnaie fiduciaire, parce que c’est tout ce
qu’ils savent faire.
En découlera une ruée vers
l’or depuis le dollar et tous ses dérivés.
La backwardation
de l’or deviendra permanente, et mettra fin à l’empire du dollar fiduciaire.
Il ne sera alors plus possible
d’obtenir de l’or à moins de l’échanger contre des services ou des biens. En
d’autres termes, l’or sera redevenu la monnaie du monde.
Il n’est pas possible de
prédire quand cela se produira. Tout ce que nous pouvons dire est que la
dette totale du monde en dollars fiduciaires est aujourd’hui astronomique.
Depuis la crise de 2007-2008, la dette n’a pas été remboursée, bien au
contraire. Elle a été démultipliée et est devenue impayable. La situation
actuelle est plus critique encore que celle d’il y a six ans, et un
effondrement économique et financier deviendra, tôt ou tard, inévitable.