Le 30 novembre prochain, les
Suisses se rendront aux urnes pour décider de la question de l’or. Se
joueront alors une interdiction pour la Banque nationale suisse de vendre
davantage d’or, le rapatriement de l’or suisse, et une part de l’or dans les
réserves d’actifs de la Banque nationale suisse d’au moins 20%. Inspiré de
mouvements similaires observés aux Etats-Unis, en Allemagne et aux Pays-Bas,
ce référendum est une tentative d’imposer plus de contrôle à la Banque
nationale suisse.
Ce référendum est né du
mécontentement populaire face non seulement aux politiques monétaires de la
Suisse, mais aussi à ses politiques bancaires. La Suisse est peut-être un
petit pays, elle est fière de son indépendance et de son opposition
traditionnelle à la tyrannie. La fameuse légende de Guillaume Tell
personnifie l’essence du caractère national suisse. Aucun régime tyrannique
de l’Histoire n’a autant persécuté la Suisse que l’a fait le gouvernement des
Etats-Unis ces dernières années.
La tradition suisse de secret
bancaire est légendaire. La réalité est, en revanche, que ce secret bancaire
n’est plus. Des pays, comme les Etats-Unis, ont refusé de contrôler les
dépenses de leur gouvernement, et ne sont plus aujourd’hui en mesure de
financer ces dépenses. Imposer davantage de taxes à leurs citoyens devient de
plus en plus difficile d’un point de vue politique, et l’émission continue de
dette gouvernementale a saturé les marchés des obligations. Les cibles évidentes
sont donc les petits pays tels que la Suisse qui ont acquis la réputation d’être
des « paradis fiscaux ». Souvenez-vous que ce terme signifie qu’un
pays autorise les gens à conserver une plus grande partie de leur argent que
ne le leur permettent les Etats-Unis ou l’Union européenne, et ne cherche pas
à piller ses citoyens ou les étrangers qui ont ouvert un compte sur son sol.
Au cours de ces dernières années, les Etats-Unis et l’Union européenne ont
joint leurs efforts afin de faire pression sur ces pays, et ont utilisé leur
puissance financière pour les forcer à leur fournir des informations
bancaires afin qu’ils puissent en tirer davantage de revenus.
Les Etats-Unis ont usé de leur
système judiciaire pour extorquer de l’argent à la Suisse, et imposer des
amendes aux succursales américaines de banques suisses pour avoir offert un
refuge à des contribuables américains et leur avoir permis de ne pas dévoiler
leurs revenus aux autorités fiscales américaines. Des pays de l’Union
européenne, comme l’Allemagne, sont allés jusqu’à racheter des informations
bancaires volées à des banques suisses par des employés peu scrupuleux. Avec
le tout récent Foreign Account
Tax Compliance Act (FATCA), les banques suisses seront désormais forcées
de divulguer à l’IRS toute information relative à toute personne susceptible
de payer des taxes aux Etats-Unis.
Sur le plan des politiques
monétaires, la Banque nationale suisse a vendu près de 60% de l’or de son
pays dans les années 2000. Elle a également ancré sa monnaie à l’euro à
hauteur d’1,2 franc suisse pour un euro, une décision dont les effets se sont
déjà manifestés sous la forme d’une bulle sur l’immobilier, puisque les prix
des propriétés ont énormément augmenté. Puisque la Banque centrale européenne
s’est engagée à prolonger sa politique de quantitative easing,
ce lien établi par la Banque nationale suisse pourrait signifier l’importation
de toujours plus d’inflation vers la Suisse.
De la même manière que les
Etats-Unis et l’Union européenne, la Suisse est dirigée à l’échelle fédérale
par un groupe d’élites qui se soucient bien plus de leur propre statut et de
leur réputation internationale que du bien de leur nation. Le référendum sur
la question de l’or, s’il parvenait à ses fins, représenterait une gifle au
visage de ces élites. Les Suisses apprécient le travail accompli par leurs
descendants dans l’établissement de réserves d’or, d’une devise respectée et
d’un système bancaire indépendant. Ils ne veulent pas être témoins de la
destruction de siècles de dur labeur par leur banque nationale. Les résultats
du référendum de novembre seront un indicateur du pouvoir des mouvements
populaires sur les banques centrales et de leur rôle dans le retour de l’or dans
la sphère monétaire.