L’Amérique
latine va mal : certains des pays qui la composent sont au bord de la faillite,
à commencer par le Venezuela dont la population semble commencer
à comprendre la réalité du modèle
« chaviste ».
Mais le
déclin économique n’est pas une fatalité pour la
région : si le Venezuela s’effondre, en revanche, le Chili
se porte plutôt bien et est un modèle pour la région. Il
ne l’a pas toujours été : les années Allende
– n’en déplaise à ses partisans – ont
été catastrophiques pour le pays, que ce soit sur les plans
politique ou économique. L’inflation avait atteint des niveaux
record (600% !) et une véritable guerre civile était en
germe.
Toutefois, durant
les années 1990, la croissance fut particulièrement
élevée. La cause ? L’adoption de la voie
économique libérale sous le général Pinochet qui
conduisit à une forte croissance du PIB. À l’heure
où tout le monde parle – à
tort – de disparition prochaine du secteur agricole, ce pays a su le
relancer à l’intérieur de ses frontières en
revenant sur les expropriations effectuées par les socialistes et en
distribuant les « terres volées » aux fermiers, réparant
ainsi l’injustice commise précédemment.
Ceci dit, la
reprise économique ne doit pas être attribuée uniquement
aux fruits des réformes de Pinochet. Celui-ci n’était pas
parfaitement libéral sur le plan économique, loin s’en
faut (et ne l’était évidemment pas du tout sur les plans
politique et social). Il croyait aussi aux « vertus »
du protectionnisme, interdisant
ainsi l’exportation du vin chilien, ce qui priva ce dernier de
débouchés exceptionnels pendant un long laps de temps. Il
fallut attendre son départ du pouvoir pour revenir sur cette autre
injustice.
De plus,
Pinochet commit l’erreur de renflouer le secteur bancaire au
début des années 1980,
« thérapie » inefficace et chère.
C’est d’ailleurs au début des années 1990 que la
dette du pays commença à baisser sérieusement.
Quant au
chômage, le Chili fait partie des rares économies dans le monde
qui ont vu leur taux baisser par rapport au niveau de 2005, soit avant la
crise. En 2005, ce taux s’élevait à près de 9%, ce
qui demeurait assez élevé. En avril 2014 (derniers chiffres
disponibles), il n’était plus que de 6,1%.
Preuve que la crise économique – qui a tout de même
touché aussi le Chili – n’est pas une fatalité et
qu’attribuer ses causes au contexte international n’est
qu’une excuse sur laquelle « surfent »
abondamment les politiciens en quête de réélection.
Le Chili fait
ainsi partie des bons
élèves de l’Amérique latine et, en 2013,
jouissait d’une croissance de l’ordre de 4%.
De la
même manière – et c’est suffisamment rare pour
mériter d’être noté – le Chili maîtrise
bien ses dépenses publiques, constamment en léger
excédent, malgré quelques années plus difficiles.
Le
libéralisme économique chilien a évidemment eu des
conséquences sur la société civile, surtout lorsque la
dictature de Pinochet a pris fin et que la liberté d’expression
a été rétablie. Des think
tanks libéraux ont ainsi vu le jour dans ce pays, au nombre de 36 en
2009.
Quelle est
l’influence de ces laboratoires d’idées sur la politique
chilienne ? Difficile à déterminer, mais ils ont visiblement
une certaine influence : en 2004, Cristián
Larroulet – qui n’était, certes,
pas encore le puissant ministre qu’il devint par la suite – donna
un discours
à l’Institut Libertad y Desarrollo, créé au moment du
départ de Pinochet. Il y a expliqué le rôle
décisif des idées qui ont permis à une grande
majorité de Chiliens de sortir de la pauvreté dans laquelle ils
vivaient auparavant, citant un certain Ludwig von
Mises au passage.
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