Le président de la BCE a de
nouveau baissé les taux d’intérêt.
Oui oui,
ils étaient déjà négatifs avant qu’il n’intervienne. Maintenant, ils sont encore
plus négatifs… Parce que dans le monde des banques centrales, si quelque
chose ne fonctionne pas une première fois, il faut simplement doubler la
dose. Peu importe ce qui est mis en place, l’essentiel est pour elles de ne
jamais douter de leur modèle économique.
Nous avons vu la même chose se
produire aux Etats-Unis avec le QE. Selon les propos de la Fed elle-même, ses
programmes de QE n’ont permis qu’à faire diminuer le taux de chômage de 0,13%
(une baisse que la Fed n’a pu enregistrer qu’en utilisant les données
sur-gonflées du BLS – la réalité est donc certainement plus médiocre encore).
Et puis n’oublions pas le
Japon, qui a lancé son programme de QE il y a plus de 20 ans et n’a jamais
fait l’expérience d’une reprise de la croissance de son PIB ou d’une baisse
du taux de chômage. L’idée était que si des dépenses s’élevant à 20% du PIB
échouaient à générer de la croissance, il suffisait d’annoncer un autre
programme de QE lui-aussi égal ou supérieur à 20% du PIB.
Le monde croule sous la dette.
La raison en est que les banques centrales ont promu un crédit facile et des
taux d’intérêt proches de zéro pendant des décennies, et que tout le monde a
dû emprunter pour pouvoir dépenser, construire des usines, investir sur la
technologie, etc…
Cette attitude a une utilité
marginale décroissante. Dans les années 1960, chaque dollar de dette générait
près d’un dollar de croissance du PIB. Dans les années 1970, la dette a
commencé à augmenter. A l’approche des années 1980 et 90, chaque nouveau
dollar de dette générait 0,30 voire 0,50 de croissance du PIB. Aujourd’hui,
chaque dollar de dette n’apporte plus, au mieux, que 0,10 dollar au PIB.
A l'échelle globale, la dette
présente désormais une entrave à la croissance. Lorsque vous êtes surendetté,
emprunter plus à taux moins élevé ne peut pas vous aider.
Observez les banques
européennes. Dans l’ensemble, elles ont un effet de levier de 26 pour 1. En
termes simples, cela signifie qu’elles ne disposent que d’un euro de capital
pour chaque 26 euros d’actifs. Rappelez-vous que, pour une banque, un prêt
est un actif. Cela signifie que les banques génèrent 26 euros de prêt pour
chaque euro de capital dont elles disposent sur leurs bilans.
Lorsque vous disposez d’un tel
effet de levier, il suffit que vos actifs perdent 4% pour que vous perdiez
tout votre capital (€26 * 0,04 = €1,04). Vous êtes alors insolvable.
Pour remédier à cette
situation, vous ne pouvez faire rien de plus que :
1) lever du capital
2) rembourser vos dettes
3) faire défaut
Emprunter plus d’argent à
moindre taux peut vous apporter une liquidité de court terme, mais ne vous
permet pas de réduire votre effet de levier. C’est pourquoi les efforts de
Mario Draghi de diminuer encore les taux d’intérêts
finiront par échouer. C’est pourquoi les politiques des banques centrales ne
parviennent pas à générer la croissance : les banques centrales ne
peuvent rien faire pour remédier à la situation !
En revanche, jusqu'à ce que le
monde le réalise, nous continuerons de voir des banques centrales s’engager
dans des politiques absurdes de stimulation de la croissance. Elles finiront
par se rendre. La question est de savoir quand.
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