L’Ukraine est sur le point de
commettre son suicide économique. Suite à l’imposition d’une taxe de 55% aux
producteurs privés d’énergie qui handicape fortement l’économie, le Parlement
se prépare actuellement à voter le budget de l’année prochaine, qui ne devrait
être qu’une continuation du plan budgétaire de 2014.
Le vote budgétaire du 14
octobre – qui a déjà un mois de retard – est une condition requise par la
prochaine tranche de crédit offerte par l’Union européenne. Mais si le plan
budgétaire attendu était adopté, les producteurs indépendants de gaz de tout
le pays s’en trouveraient étouffés, l’indépendance énergétique tant attendue
de l’Ukraine dissipée, et l’économie du pays en plus grande difficulté
encore.
« La tentative de Kiev d’imposer
une discipline financière pour financer la guerre à l’est et combattre la
crise économique ne fonctionne pas. La conséquence en sera le suicide
économique du pays », a dit Robert Bensch, qui
détient une majorité des parts de Cub Energy, le quatrième producteur énergétique indépendant
du pays.
Le président ukrainien Petro Poroshenko a signé le nouveau
code des impôts le premier août, doublant ainsi les taxes imposées aux
producteurs indépendants d’énergie du pays, et remettant en question tout
nouveau projet ou investissement des producteurs qui opèrent déjà dans le
pays.
Pour l’heure, le nouveau
code restera en application jusqu’à la fin de cette année. Jusqu’en 2015,
les sociétés indépendantes productrices de gaz devront payer 55% de taxes sur
leurs revenus tirés d’extractions à moins de cinq kilomètres de profondeur. La
taxe s’élevait auparavant à 28%. Pour toute extraction au-delà de cinq
kilomètres, la taxe est passée à 28%, contre 15% auparavant.
Malgré les tentatives
de lobbying, le gouvernement intérimaire prévoit de poursuivre son code
des impôts l’année prochaine, si le nouveau projet budgétaire était accepté.
La situation économique, à l’aube
des élections du 26 octobre, est accompagnée par un sens croissant de
pessimisme à l’international.
« Le cabinet du Premier
ministre ukrainien, Arseniy Yatsenyuk,
a fait grimper les taxes et demandé un renforcement de la discipline fiscale.
Ces mesures n’ont cependant pas permis à Kiev de briser le cercle vicieux
dans lequel elle se trouve », a décrété Vladimir
Fedorin, éditeur pour Forbes Ukraine.
Fedorin a également ajouté que « la liste
de candidats aux élections inclue de véritables sociopathes, des activistes
civiques, des chefs d’entreprise de second rang, des politiciens de carrière,
des escrocs de toutes sortes et des détourneurs de fonds ».
« Le seul groupe qui n’est
pas représenté est celui des réformistes – celui des hommes qui comprennent
que nous ne devrions pas favoriser des mesures de soulagement de court terme
mais plutôt le développement économique durable ».
Selon Bensch,
les perspectives d’avenir sont lamentables. « La taxe sur le gaz ne
permettra pas à l’Etat de générer plus de recettes fiscales. Les Ukrainiens
se rendent comptent qu’il ne s’agit pas d’un problème de génération de
revenus mais d’un problème de sécurité énergétique. Kiev décourage les investissement
sur le secteur indépendant et détruit toutes les chances qu’a l’Ukraine d’obtenir
une indépendance énergétique face à la Russie ».
JKX Oil
& Gas Plc, un autre producteur privé, a
expliqué un peu plus tôt ce mois-ci la réduction de ses dépenses de capital,
afin de faire face à l’impact de la hausse de la taxe sur la production.
Selon JKX, cette hausse de
taxe lui coûtera environ 10
millions de dollars, un coût qui sera couvert par une réduction de 25% de
ses dépenses dans le pays.
Cette taxe est une victoire
pour la Russie. « C’est l’économie, et non l’armée russe, qui rapproche
l’Ukraine de sa fin », a noté Walter
Kurtz, de chez Business Insider.
Les conséquences se feront
sentir sur tous les secteurs, puisque cette taxe sur le gaz chasse l’investissement
étranger dans son ensemble.
Et ce ne sont pas que les
investisseurs internationaux qui perdent confiance en les politiques économiques
de Kiev – les déposants domestiques se pressent aussi d’échanger leur capital
en dollars. La Banque nationale a été forcée d’imprimer plus d’argent et d’exacerber
davantage la dévaluation de sa devise. Le gouvernement pourrait se retrouver
à refinancer des banques grâce à de l’argent dont il ne dispose pas, bien
plus tôt que nous aurions pu le croire.
A l’approche des élections, le
scepticisme
de l'Occident quant à la question ukrainienne se fait de plus en plus
ressentir. Plus personne ne croit que le pays mettra en place de vraies
réformes, ou sera capable d’accepter une quelconque aide extérieure sans que
cette dernière soit absorbée par la corruption.
Les objectifs de Poroshenko de reconstruire l’économie de son pays et de
le rendre attractif aux yeux des investisseurs étrangers ne sont plus que des
projets au mieux trop ambitieux, au pire impossibles – notamment si la
possibilité d’une indépendance énergétique était reléguée au passé par le
vote budgétaire du mois d’octobre.
Comme l’a dit Bensch, « obtenir 40 milliards de dollars d’investissements
étrangers et joindre l’Union européenne d’ici à 2020 n’est désormais plus qu’un
rêve lointain pour ce pays qui fait de ses investisseurs des otages et
décourage les nouveaux investissements ».
Source: http://oilprice.com/Energy/Natural-Gas/Will-U...ic-Suicide.html
Par James Stafford, target="_blank" Oilprice.com