Le pétrole donne, et le
pétrole prend (que ce soit au Koweït, en Arabie Saoudite, en Irak, au Venezuela,
en Russie, ou encore dans les champs de pétrole des Etats-Unis).
Un prix du pétrole en
baisse a très certainement un côté positif pour l’économie, notamment pour
les pays qui importent presque tout le pétrole et le gaz qu’ils consomment. L’Allemagne
et le Japon en font partie, mais il y en a beaucoup d’autres. Pour eux, un
pétrole moins cher est synonyme de réduction d’impôt nationale, non seulement
pour les consommateurs, mais aussi pour les entreprises. Et il impacte le gaz
naturel.
Sur les marchés
internationaux, le gaz naturel est souvent évalué par rapport au prix du
pétrole, chose que les importateurs de gaz naturel – que ce soit l’Union
européenne, le Japon, la Corée ou la Chine – ont combattu des années durant
lorsque le prix du pétrole était en hausse. Bien que le coût du gaz naturel
ait pour eux augmenté en parallèle au prix du pétrole, aux Etats-Unis, son prix
a diminué, offrant aux entreprises basées dans le pays un important avantage
de coût. Mais mystérieusement, les voix qui jusqu’il y a récemment s’élevaient
pour mettre fin au lien du prix du gaz naturel avec celui du pétrole ne se
font désormais plus entendre nulle part.
Dans ces pays, les
producteurs industriels qui dépendent de l’énergie poussent un soupir de
soulagement. Les raffineurs et les responsables de réseaux de distributions
enregistrent de plus grosses marges, et ont un sourire jusqu’aux oreilles sur
le chemin de la banque. Et les consommateurs sourient aussi. Dans ces pays,
tout le monde est satisfait de la baisse du prix du pétrole.
Pour les pays qui
produisent aussi du pétrole et du gaz, comme les Etats-Unis, la situation est
un peu plus mitigée. Il y a toujours de nombreux bénéficiaires. Mais la
baisse du prix du pétrole menace de décimer la croissance cruciale et
quasi-miraculeuse de l’industrie aux Etats-Unis, qui a généré des emplois
bien payés, pour laquelle les dépenses sont énormes, et qui a donné naissance
à des industries secondaires : producteurs de tuyaux en acier, de camions-citernes,
de chemins de fer ou encore de sable de fracturation… Et le sang a déjà
commencé à couler.
Et puis il y a les pays
pour lesquels le pétrole représente une industrie dominante. Parmi eux, il n’y
a aucun gagnant.
Le graphique ci-dessous
présente certains gagnants et perdants présumés – en partant du principe que la faiblesse du
prix du pétrole se prolonge jusqu’en 2015. Ces calculs et projections demandent
un certain nombre de mises en garde, mais ils n’en sont pas moins
intéressants. Notez la manière dont les économies gagnantes ne s’en tirent qu’un
tout petit peu mieux, alors que les économies perdantes se retrouvent éviscérées.
Je me demande où se
trouverait la Norvège, dont l’économie dépend du pétrole, sur ce graphique.
Est-elle trop en-dessous de tous les autres pour être représentée ? Les nouveaux
projets pétroliers ferment les uns après les autres en période de baisse de
production et de réduction des prix (La
Norvège pourrait bientôt avoir besoin de développer une économie
post-pétrolière).
Et nous devrions
peut-être faire de la place dans cette liste aux états pétroliers des
Etats-Unis, comme le Nord Dakota.
J’ai vécu un
effondrement du prix du pétrole alors que j’étais installé au Texas et en
Oklahoma. J’avais à l’époque ma propre entreprise. J’ai vu des banques faire
faillite, le marché de l’immobilier résidentiel et commercial s’effondrer, des
restaurants se vider et mettre la clé sous la porte, des sociétés pétrolières
se déplacer de Tulsa à Houston. J’ai vu les chantiers de constructions entrer
en suspens, j’ai vu un futur gratte-ciel se transformer en un immeuble de
huit étages, j’ai vu Tulsa perdre 15% de ses emplois en un an, et de jeunes
adultes s’enfuir parce que la ville n’avait plus rien à leur offrir. Les
temps n’ont pas été faciles.
Un scénario similaire s’est
présenté à Oklahoma City. A Dallas, le marché immobilier s’est effondré et les
banques en ont fait de même. Mais l’économie du Texas était bien plus large
et bien plus diversifiée, et les sociétés pétrolières qui ont quitté Tulsa se
sont installées à Houston. Les conséquences n’en étaient donc pas aussi
dramatiques, et l’économie texane a pu s’en remettre assez vite. Une baisse
du prix du pétrole, pour une économie locale non-diversifiée, peut s’avérer désastreuse
même aux Etats-Unis.
Sur le secteur pétrolier
américain, les revenus sont déjà en chute libre. Les chiffres d’affaire sont
touchés. La liquidité s’assèche. Et les actions sont en eaux troubles. Lisez
ceci : Oil
and Gas Bloodbath Spreads to Junk Bonds, Leveraged Loans. Defaults Next
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